Les chiffres de la contamination par le coronavirus (Covid-19) qui s'envolent en Irak (47 151 pour 1839 décès), font craindre le pire dans ce pays de 40 millions d'habitants ravagé par les guerres et aux services publics déliquescents et comme si un malheur ne suffisait pas il se retrouve au bord de la faillite. Le ministre de la santé, Hassan Al Tamimi en reconnaissant « une augmentation sans précédent du nombre d'infections », a annoncé y voir la preuve « que la situation épidémiologique approche du pic de la pandémie », tandis que le premier ministre Moustafa al-Kazimi vient de reconnaître que « les caisses sont vides » mais aussi que « Nous n'avons pas de système de santé ». « Nous n'avons même pas le minimum car depuis des années, les responsables n'ont pas été nommés en fonction de leurs compétences mais du clientélisme roi en Irak », a-t-il déploré promettant tout de même la mise en place d'« hôpitaux de fortune » dans plusieurs provinces de l'Irak. Des photos de l'un d'eux, installé dans une immense salle de la foire de Bagdad, ont circulé, on y voit notamment des rangées de lits métalliques sans respirateurs ni aucun matériel médical. En Irak, malgré les couvre-feux qui n'en finissent plus de se prolonger la colère gronde. Dans plusieurs villes chiites du Sud, le soulèvement populaire entamé le 1er octobre reprend ces jours-ci avec plus de vigueur encore. Relativement épargné au début de l'épidémie mondiale du coronavirus Covid-19, l'Irak multiplie désormais les records, plus de 47 000 contaminations et près de 2.000 morts et surtout à chaque jour que Dieu fait ce sont 2.000 nouveaux malades qui viennent s'ajouter au bilan global. L'Irak est certes, beaucoup moins touché que son voisin et protecteur iranien mais, ses chiffres inquiètent néanmoins, au regard d'un système de santé, déjà à genoux et qui menace de s'écrouler totalement sous l'accumulation des cas. L'augmentation continue du nombre de cas a poussé certaines provinces, comme Bassora et Maysan, dans le Sud, à réimposer un couvre-feu complet. Le Kurdistan, premier à décider un confinement total dès la mi-mars, vient lui aussi de prolonger une énième fois son couvre-feu nocturne, au grand dam de la population. Pour Yesar Al Maleki, directeur de l'Institut irakien du pétrole, les raisons de cette situations d'échec de l'Irak dans la lutte contre le Covid-19 sont diverses, « Une célébration prématurée de la victoire après un couvre-feu réussi dès les premières semaines, l'incapacité à appliquer le couvre-feu complet dans tout le pays en particulier pendant le Ramadan et la période de l'Aïd et l'absence de suivi des clusters. » Et si l'on ajoutait à cette situation l'incivilité populaire, il y a là, tous les ingrédients pour une explosion sociale. En effet et malgré les appels à la prudence relayés par le grand ayatollah Ali Al Sistani, les gestes barrières sont tout sauf, une évidence en Irak