Le protocole de prise en charge d'un patient Covid-19, depuis le jour de son infection jusqu'au jour de la prescription du médicament, soulève plusieurs questions et inquiétudes. Dernièrement, les réseaux sociaux regorgent de témoignages de citoyens infectés par le virus fantôme qui racontent leur calvaire entre la souffrance physique et psychique de la maladie et les procédures à faire pour être pris en charge. Selon eux, c'est un véritable parcours du combattant ! Au lieu d'être confinés chez eux une fois la contamination confirmée, avec un traitement adéquat et une limitation maximale des déplacements pour éviter la propagation du virus, plusieurs « covidiens » confient être livrés à eux-mêmes entre la réalisation du test PCR, le déplacement entre les différentes structures pour réaliser les autres tests nécessaires ou encore la procuration du traitement. Tout cela se fait dans l'absence totale d'une quelconque cellule d'accompagnement ou de suivi de leur situation, comme ne cesse de le répéter le ministère de la Santé. Le pire est que plusieurs patients n'ayant pas le privilège de disposer d'un véhicule, empruntent les transports en commun, le noyau de la transmission du virus. Et dans tout cela, le citoyen est désigné comme le seul coupable et responsable de la situation épidémiologique très inquiétante que traverse le pays ces dernières semaines. Face à cette situation, un membre du parti authenticité et modernité (PAM), Khalid Achibane, lui-même infecté par le virus, a adressé sur sa page Facebook une lettre ouverte au Roi Mohamed VI, où il raconte sa triste histoire avec la maladie et exprime sa colère quant aux nombreuses difficultés qu'il a rencontrées pour pouvoir être pris en charge. Voici le texte intégral de la lettre. « Votre Majesté, Aucun résultat différent ne peut être attendu de la même équipe défaillante, même si elle continue encore deux ans au pouvoir. Les cas continueront d'augmenter en raison de la négligence et de l'indifférence. Ces personnes ne se préoccupent que de leurs intérêts, privilèges et élections, et dorment l'esprit tranquille chaque nuit, alors que des dizaines de personnes meurent chaque jour en silence. J'écris ces mots au moment où le virus ravage mon corps et ceux des membres de ma famille. Depuis que notre infection a été confirmée, personne ne nous a contactés, ni les autorités ni les services de la santé. Et si les responsables sont surpris par l'augmentation quotidienne des cas, permettez-moi de vous donner une idée, d'après mon expérience personnelle, de la raison de l'augmentation des cas et des décès. Quand j'ai commencé à montrer des symptômes de la maladie vendredi dernier, je me suis isolé chez moi, puis j'ai appelé le médecin privé le plus proche pour procéder à un examen pour ne pas rentrer contact avec les gens. Par la suite, le médecin m'a demandé de faire le test pour être sûr. Ce que j'ai fait au laboratoire International de Harhoura pour le prix de 700 dirhams. Vous pouvez imaginer la situation si je ne possédais pas de voiture et que je devais prendre le bus ou un taxi pour me déplacer. 48 heures après le test, le laboratoire a refusé de me donner le résultat par téléphone me demandant de venir le chercher en personne, alors qu'ils savent préalablement que je suis contaminé par le virus. Vous pouvez à nouveau imaginer la situation si je ne possédais pas de voiture et que je devais prendre le bus ou un taxi pour me déplacer. Après être sorti du laboratoire, je suis allée dans un hôpital de Témara. L'agent de sécurité m'a refusé l'accès et m'a demandé de revenir le lendemain. J'ai dû contacter la déléguée de la santé à Témara pour savoir ce que je devais faire. Elle m'a demandé de rejoindre l'un des centres le lendemain pour un ECG. Après une série de cris et de mauvais traitements…, j'ai eu un paquet de vitamine C, et je n'ai aucune idée, jusqu'à présent, du résultat de l'ECG ni de la prescription à suivre. Tout ce que je prend en ce moment, c'est ce dont les gens parlent ici et là, et je n'ai, pour l'instant, aucune ordonnance signée par un médecin. Je ne sais pas explicitement pourquoi le montant de la couverture maladie est déduit de mon salaire à la fin de chaque mois, et je ne sais pas pourquoi je paie une assurance privée à la fin de chaque mois, si je ne trouve pas de soins médicaux dans une telle situation. Votre Majesté, Ils mentent dans leurs rapports, il n'y a pas de stratégie, personne ne se soucie des cas, et « Bak Sa7bi »(ton père est mon pote) est maintenant le maître de la situation. Je n'écris pas ces mots pour obtenir un quelconque privilège, mais c'est une parole de vérité pour remédier à ce qui peut l'être. Les gens meurent chez eux sans aucun suivi, et les gens propagent la maladie parce qu'ils doivent aller se faire tester, récupérer les résultats et se rendre dans les centres de soins. La question est simple, des résultats différents ne peuvent être attendus de responsables indifférents qui ne se soucient que des postes. Et si les choses continuent de cette façon, nous tomberons dans le pire, que Dieu nous en préserve ».
