Au moment où le Liban est toujours en crise politique n'arrivant pas à former un gouvernement de technocrates comme voulu par le Premier ministre Saad Hariri, la France a demandé à l'Union européenne de faire « pression » auprès des autorités libanaises pour qu'elles s'engagent dans un processus de réformes. « L'Europe ne peut pas se désintéresser de cette crise. Quand un pays s'effondre, l'Europe doit être au rendez-vous », a déclaré le chef de la diplomatie française, Jean-Yves le Drian devant ses homologues européens, arguant que le pays est « dans la dérive » et qu'il est « en train de dévisser ». Et le problème au Liban est d'abord politique avec des gouvernements successifs incapables de répondre aux doléances du peuple qui manifeste à cause de l'érosion de son pouvoir d'achat, de la dépréciation de la livre, dans un pays qui jusqu'ici ne parlait qu'en dollars. La démission du gouvernement de Saad Hariri puis du Premier ministre Hassan Diab, qui a jeté l'éponge face à une situation politique bloquée car minée par des tensions ethniques et religieuses, aura aggravé la situation. Aujourd'hui, Saad Hariri qui a été désigné en octobre pour former un nouveau gouvernement, et fort de trois mandats en tant que chef du gouvernement dans le pays, apparait comme le seul homme capable de rétablir la situation. Mais, il fait face à des pressions grandissantes de la part de la classe politique libanaise, notamment du président Michel Aoun lui-même, qui affiche désormais publiquement ses divergences avec son Premier ministre (qu'il n'a pas désigné, ndlr) en tentant de minimiser son rôle dans la crise et de faire assumer la responsabilité à Saad Hariri. Devant les ministres des Affaires Etrangères européens, Jean-Yves le Drian a affirmé que des solutions pour sortir le pays de la crise existent. « Il faut un gouvernement qui soit un gouvernement inclusif, opérationnel, un gouvernement d'action et il faut des réformes. On sait que les réformes sont tout à fait partagées par l'ensemble de la communauté internationale », a-t-il estimé. « Tout le monde sait ce qu'il faut faire, mais c'est bloqué pour des intérêts particuliers, parce que les responsables politiques n'arrivent pas à engager le processus », a-t-il ajouté. En effet, Saad Hariri veut pousser pour la formation d'un gouvernement de technocrates composé uniquement de compétences nationales, mais il se heurte au blocage des partis qui veulent à tout prix faire partie du prochain exécutif et se battent pour des portefeuilles importants. « Je veux que l'on puisse échanger ensemble sur les leviers qui nous permettraient de faire pression auprès des autorités libanaises, pour qu'elles bougent, parce que la population libanaise est aujourd'hui dans l'angoisse et le désarroi », a encore déclaré le chef de la diplomatie française. Lundi, le Premier ministre Saad Hariri devait rencontrer le président libanais Michel Aoun pour lui soumettre une nouvelle « ébauche de gouvernement », une énième rencontre qui s'annonce déjà infructueuse. Le président libanais avait mis en garde son Premier ministre par voie télévisée en le sommant de former en urgence un nouvel exécutif ou de céder sa place à quelqu'un d'autre.