Au moment où le monde fait face àune course à la vaccination et plusieurs pays ont déjà atteint leurs objectifs, l'Afrique quant à elle reste à la traine en ayant administré seulement 2% de toutes les doses administrées dans le monde, selon l'Organisation mondiale de la Santé. « L'Afrique a seulement administré 2% des doses de vaccins administrés dans le monde », a déclaré Dr Matshidiso Rebecca Natalie Moeti, la directrice régionale du Bureau régional de l'OMS pour l'Afrique lors d'une conférence de presse. En Afrique, le pays le plus avancé en termes de vaccination est le Maroc (plus de 4 millions de personnes vaccinées sur une populations de plus de 36 millions d'habitants, ndlr) qui vient de souscrire aux facilités Covax mais n'a pas encore reçu de doses. De leur côté, le Rwanda et l'Angola ont de « bons chiffres », selon les experts de l'OMS qui notent toutefois une épidémie à la hausse dans 14 pays dont la Tunisie, Rwanda, Ethiopie… Sur presque 900 millions de doses de vaccins distribuées dans le monde, seulement 38 millions de doses ont été distribuées via le mécanisme Covax et pour 100 pays dont certains ne sont pas des pays pauvres ou ayant des revenus limités. Cet alarmant constat démontre encore une fois la profondeur de la crise de l'inégalité vaccinale entre les pays riches et les pays pauvres, alors que la pandémie du coronavirus tous les territoires du monde et devrait consacrer le principe de solidarité pour permettre au monde entier à sortir de cette situation de crise. En outre, selon l'Organisation mondiale de la Santé, sur le continent africain 17 pays ont déjà épuisé les deux tiers de leurs stocks en vaccins. Au même moment, le premier producteur mondial de vaccins, (notamment celui d'AstraZeneca) le Serum Institute of India (SSI), a été réquisitionné par l'Inde qui fait face à une deuxième vague, afin de servir les demandes nationales pour plus d'un milliard d'habitants. Et c'est le vaccin d'AstraZeneca, qui provoque dans certains cas des thromboses (chez les personnes âgées de moins de 65 ans et ayant un taux de plaquettes bas), le principal vaccin distribué en Afrique via le système Covax. Selon Mohamed Moustapha Malick Fall, le directeur régional pour l'Afrique de l'Est et du Sud, le vaccin de Pfizer/BioNTech, utilisé en majeure partie par les pays Occidentaux, n'a lui été envoyé qu'à 4 pays africains, ajoutant que certains pays n'ont pas les capacités de le conserver, à cause de problèmes au niveau du respect de la chaine de froid. Le vaccin d' »Astrazeneca est mieux adapté » aux pays africains, a-t-il ajouté, affirmant qu'il est largement disponible et le plus distribué et « est un vaccin très sûr », alors que le vaccin Johnson & Johnson par exemple, est « produit en quantité très limitée ». Alors que les mois de mars et d'avril ont connu une baisse drastique en termes d'exportations de vaccins dans le monde, notamment à cause de l'interdiction par l'Inde des exportations temporairement jusqu'à vacciner sa population, Mohamed Moustapha Malick Fall a assuré que Covax est sur le point de conclure de nouveaux contrats avec d'autres fabricants pour diversifier son portefeuille de vaccins. « Les livraisons de vaccin contre la COVID-19 produit par le Serum Institute of India (SII) pour les économies à faible revenu participant à la Facilité COVAX connaîtront des retards en mars et avril », indiqué l'OMS sur son site internet. Et de confirmer que « le mécanisme COVAX prévoit de livrer au moins deux milliards de doses en 2021. Afin d'atteindre cet objectif, il continuera de diversifier son portefeuille et annoncera la conclusion de nouveaux accords avec des fabricants de vaccins en temps voulu ». Jeudi, Covax a lancé une campagne pour collecter deux milliards de dollars supplémentaires afin de pouvoir réserver des doses de vaccins anti-coronavirus, et le Japon va organiser en juin un sommet sur le financement du système Covax. « L'offre de vaccins et de financements est encore insuffisante, et il est urgent de renforcer le programme Covax afin d'assurer un accès équitable à des vaccins sûrs, efficaces et de qualité pour les pays en développement », a déclaré le ministre japonais des Affaires étrangères Toshimitsu Motegi.