Devant le Conseil des droits de l'Homme (CDH), des acteurs de la société civile et témoins de racisme et de tribalisme ont dénoncé et exposé l'étendue du racisme systématique et l'esclavage dans les camps de Tindouf en Algérie, gérés par la milice du polisario. Ils ont appelé à une enquête internationale indépendante pour documenter les nombreuses violations des droits de l'Homme. Le débat était consacré à la lutte contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l'intolérance, et plusieurs intervenants ont saisi l'occasion pour rappeler l'horreur vécue et subie par les populations sahraouies dans les camps de Tindouf en Algérie depuis bientôt 50 ans. Le représentant de l'association « Africa Culture Internationale », Abdelouahab Gain Brahim, s'est exprimé lors du débat général du Point 9 de la 57ème session du Conseil des droits de l'Homme ce vendredi. Il a condamné les violations flagrantes des droits de l'Homme dans ces camps en dénonçant un « racisme systématique et l'esclavage » qui frappent les Sahraouis noirs, notamment les Haratines. Selon Gain, ces populations, qui représentent environ 10% de la population des camps, sont victimes d'une exclusion sévère des postes de responsabilité, aussi bien dans l'administration que dans l'armée, où seules les tribus proches des dirigeants du polisario sont favorisées. Les Sahraouis noirs sont marginalisés même dans l'accès à l'aide humanitaire, dénonce-t-on. Cette discrimination institutionnalisée les enferme dans une pauvreté extrême, aggravant leur exclusion sociale et économique, en plus d'être traités comme des « moins que rien », ils sont obligés d'effectuer es tâches les plus pénibles à cause de leur couleur de peau. Abdelouahab Gain Brahim a mentionné la répression subie par l'Association pour la Liberté et le Progrès, qui avait organisé une manifestation pacifique en décembre 2022 dans les camps de Rabouni en Algérie, le chef lieu du polisario. L'association avait organisé cette manifestation de soutien pour un artiste sahraoui noir qui a subi des insultes racistes d'un cadre du polisario. La manifestation a été violemment réprimée, les organisateurs continuent d'endurer à ce jour, tous types de harcèlement et de menaces. Les réfugiés sahraouis ne bénéficient pas non plus de protection internationale alors qu'ils ont des droits que leur donne la Convention relative au statut des réfugiés, et cela à cause du refus des autorités algériennes d'autoriser le recensement officiel des populations des camps. De son côté, Said Achemir, représentant du Comité International pour le Respect et l'Application de la Charte Africaine des Droits de l'Homme et des Peuples (CIRAC), a également parlé des Haratines, l'oppression qu'ils subissent à cause du racisme, du tribalisme et de l'esclavage dans les camps de Tindouf. Le représentant du CIRAC a évoqué l'exemple de Mouloud Labeid, un jeune Sahraoui noir encore réduit en servitude par une famille influente. Il a également expliqué les règles de tribalisme qui permet à l'élite dominante de monopoliser les ressources et de maintenir les Sahraouis noirs dans une précarité sans pareille. Said Achemir a appelé à une enquête internationale et demandé au Conseil des droits de l'Homme d'agir en urgence pour mettre fin à cette impunité et pour garantir la protection des populations vulnérables dans les camps de Tindouf.