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Berraj fait éclater un scandale en espagne : Des agents secrets marocains au sein des services de renseignements espagnols
Publié dans La Gazette du Maroc le 22 - 01 - 2007

Un air de grand scandale souffle sur les services secrets espagnols. De nouvelles révélations dans le dossier des attentats du 11 mars 2004 à Madrid montrent par les faits que Saïd Berraj, en fuite depuis mars 2004, a travaillé pour les services des renseignements espagnols. Une manœuvre d'infiltration qui a tourné court, puisque le Marocain était en fait un agent double. Analyse.
L'information a fait l'effet d'une bombe en Espagne. Autant parler d'un tremblement de terre au sein de la police nationale espagnole, des services de renseignements et de la Guardia civile. «Mohamed Afalah et Saïd Berraj, deux des principaux membres de la cellule islamiste terroriste qui a organisé les attentats de Madrid, le 11 mars 2004 ont travaillé pour les forces de sécurité de l'Etat». C'est en substance ce qu'on lit dans un rapport qui a atterri à l'audience nationale avant de faire le tour de tous les services de sécurités en Espagne.
«Afalah et Berraj étaient aussi connus dans les milieux policiers et les services secrets comme «le Chauffeur» et le «Messager». C'étaient des hommes de confiance de Allekema Lamari, le chef militaire du commando terroriste et de Serhane Abdelmajid Fakhet, le Tunisien, l'idéologue du groupe islamiste».
La question qui s'impose est la suivante: comment peut-on allier deux fonctions, celle d'agent des services secrets espagnols et en même temps être l'un des hommes de mains du chef militaire et de l'idéologue des groupes terroristes mis sous surveillance par la police espagnole? Mais avant de répondre à cette question, il faut aussi souligner que «Berraj a fui l'Espagne le 9 mars 2004, (deux jours avant les attentats de Madrid NDLR) et Mohamed Afalah a fui dans la nuit du 3 avril 2004 après les explosion de Léganès». Deux agents connus des services qui se volatilisent l'un avant les attaques, l'autre après. «Mohamed Afalah était un expert conducteur. (D'où le nom de chauffeur). Il s'est converti dans l'escorte et le transport de Lamari et était la personne qui savait, avec exactitude avec qui et où se déplaçait le chef militaire du groupe terroriste du 11 mars. Berraj, de son côté était connu comme le Messager parce qu'il sillonnait la ville de Madrid à moto et assurait des liaisons entre plusieurs membres des cellules islamistes. Il a aussi travaillé comme vigil pour une compagnie de sécurité chez un ancien policier.»
Selon nos sources, l'information sur le travail des deux Marocains avec les services des renseignements espagnols émane d'une note détaillée reçue par l'audience nationale de Madrid qui fait état des années de services des deux présumés terroristes. Et c'est un autre Marocain qui répond au nom d'Abdelkader El Farsaoui qui est à la source qui lui aussi travaillait comme un agent de l'unité centrale de l'information extérieure (UCIE) de la police.
Kahlid Zeimi Pardo relance l'affaire
Les dossiers révèlent que les deux Marocains, Berraj et Afalah ont eu de nombreuses rencontres avec des agents secrets à qui ils rendaient compte de leurs enquêtes. C'est l'arrestation d'un Marocain qui répond au nom de Khalid Zeimi Pardo, né à Tanger en février 1977, qui a relancé l'affaire Saïd Berraj. Le profil de ce Marocain est intéressant dans la mesure où il a été en contact avec plusieurs groupes islamistes à Madrid. Ensuite, parce qu'il était à la fin des années 90 très proche de Amer El Azizi, l'actuel numéro 1 d'Al Qaïda en Europe, selon l'observatoire international du terrorisme. Il était aussi ami avec Serhan Abdelmajid Fakhet, dit le Tunisien, Basel Ghalyoun, Fouad Al Morabit, tous accusés de terrorisme. Le Marocain a avoué avoir eu des rapports avec tous les autres Marocains qu'il a connus dans la mosquée M-30 et celle du quartier Estrecho. Et c'est là que ses aveux deviennent capitaux quand il parle de Saïd Berraj qui aurait selon lui fait passer des sommes importantes d'argent entre plusieurs pays en Europe. Le sens du surnom du «messager» prend ici toute son ampleur surtout que lors d'autres enquêtes en Hollande, Belgique et à Milan en Italie, le nom de Berraj est apparu comme celui qui acheminait des fonds d'un groupe à l'autre.
Un autre point refait surface aujourd'hui après la grande sortie d'Interpol et toutes les polices antiterroristes européennes, la confusion des noms entre deux Marocains, tous les deux se prénommant Saïd. Entre Saïd Cheddadi et Saïd Berraj, le flou a été total et c'est ce qui a, selon une source policière, brouillé les pistes lors des investigations sur les membres de la cellule de Madrid. L'un est un habitué de Lavapiès où il a pignon sur rue avec deux magasins de vêtements dans la rue Caravaca. L'autre, plus instruit, moins connu à Lavapiès, ignoré jusqu'en 2004, après le 11 mars madrilène. Quel noeud assemble les deux Saïd ? Un autre point capital qui émane des services secrets espagnols est le fait que l'un des deux (Un Saïd en tout cas !) a fait quelques déplacements à Londres. L'enquête a mené à l'arrestation de Cheddadi avant de découvrir que c'est peut-être Berraj qui avait fait ce périple londonien en 99.
Comment démêler alors l'écheveau d'un tel mic-mac ? Il faut alors poser la question aux Hollandais qui affirment que Berraj aurait eu des liens avec quelques individus du groupe de Hofstadt. Mais là encore, on n'a pas accès aux preuves. En ce qui concerne les données du procès du GICM à Bruxelles, on apprend par la voix de plusieurs responsables de la sécurité que les inculpés ont dit avoir eu affaire à Berraj. Mais dans quelles circonstances et pour quelles raisons ? Etait-il alors à la solde des services secrets espagnols pour infiltrer les groupes essaimés en Europe. Ou jouait-il jeu double. Quoi qu'il en soit, si Berraj a fui, c'est qu'il était un agent double qui a bouleversé toutes les données de la police et des services des renseignements espagnols. Tel est pris qui voulait prendre. Curieux revirement de situation que celui vécu par les services secrets espagnols qui voulaient infiltrer les mouvances islamistes radicales en Espagne pour mieux les contrôler. Le plan initial était de mettre «des taupes» au sein des groupes islamistes qui fréquentaient, entre autres, la mosquée de M30 à Madrid. Le plan était pourtant simple : on chosit des individus en rupture de ban avec leur société pour les encadrer, leur assurer le minimum vital en Espagne, et en contrepartie, ils doivent rendre compte des faits et gestes de leurs compères affiliés à des groupuscules radicaux. Selon un responsable de la sécurité à Madrid, contacté par La Gazette du Maroc, «c'est un procédé qui a été utilisé avec les trafiquants de stupéfiants. Le cas Rafa Zouheir est éloquent à cet égard. Pour mieux cerner le trafic et ses ramifications, on débauche un trafiquant à qui l'on assure la protection et qui vend les siens. Depuis le 11 mars, on sait que ce sont là des pratiques qui se sont révélées inefficaces». En effet, Rafa Zouheir était à la fois le confident de la Guardia civil mais en même temps celui de Jamal Ahmidan. Tout comme Berraj qui alliait ces deux fonctions d'agent secret et d'activiste radical. «Berraj n'a pas disparu par hasard. Le timing choisi est révélateur. Dans les milieux sécuritaires, nous avons fait le lien entre plusieurs coups de fil passés quelques jours avant les attaques et sa fuite qui date de deux jours des attentats. Cela veut dire qu'il savait». Selon cette même source, Berraj aurait aussi bénéficié des informations qu'il avait recueillies lors de son travail. Il pouvait disparaître au moment voulu. C'est ce qui s'est passé. D'ailleurs, il est le seul dont on a aucune trace depuis le 29 mars 2004.
Qui est Saïd Berraj ?
Saïd Berraj a été considéré par la police espagnole comme le coordinateur d'Al Qaïda en Europe. Il était aussi présenté comme un proche des présumés terroristes qui se sont fait exploser dans un appartement à Leganés lors d'un affrontement avec les forces de sécurité à Madrid, quelques jours après le 11 mars madrilène. Après une analyse d'ADN de son père et de son frère aîné (que LGM a interviewé à plusieurs reprises), à Tanger, la police a pu affirmer qu'il ne faisait pas partie des cadavres de Leganés. Aujourd'hui, Saïd Berraj est toujours recherché et un mandat d'arrêt international est lancé pour sa capture. Sa famille, à Tanger, se dit choquée par la nature des accusations qui planent sur sa tête. Ses deux frères, Taoufik et Mohamed, ne comprennent pas sur quoi reposent de telles “allégations”, d'autant plus qu'ils sont sûrs que certains détails qui font le plus gros du dossier espagnol reposent sur de fausses informations.
Ils donnent pour preuve des traces de Saïd en Turquie alors qu'il n'a jamais “voyagé dans ce pays”. Pour le frère aîné, toute cette affaire repose sur des ouï-dire et de simples connaissances entre Marocains qui se trouvent “embarqués dans des histoires qui les dépassent de loin”. Il réfute tout ce qu'il y a dans le dossier sur son frère et accuse les Espagnols de s'acharner sur «des innocents parce qu'ils n'ont pas pu mettre la main sur les véritables criminels. Mon frère était facteur privé, explique Taoufik. Il s'occupait du courrier et autres commissions pour une compagnie privée à Madrid. Il roulait en moto et trouvait cela dur durant les hivers. Il faisait froid et les risques d'accident lui faisaient peur. Il devait transporter aussi de grosses sommes d'argent, parfois même des millions d'euros. On lui faisait confiance et ses patrons ne lui auraient jamais donné ce boulot s'ils n'étaient pas sûrs de son intégrité. D'ailleurs même au Maroc, Saïd avait très vite trouvé sa voie dans le football puisqu'il a même été cadet de l'équipe de l'Itihad de Tanger. Ici, tout le monde sait qu'il aurait pu devenir un grand joueur mais mon père a préféré qu'il parte finir ses études en Espagne, surtout qu'on avait déjà un frère là-bas qui lui avait facilité les choses au début.» Cela fait plus de dix ans que Saïd Berraj vivait à Madrid. Quand on fait un tour à la préfecture de police de Lavapiès, on se rend compte que ce bonhomme a été un nomade dans la capitale.
Il a eu au moins, selon les données divulguées par la police espagnole, six adresses différentes en l'espace des cinq dernières années.


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