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Drogues dures histoires de consommateurs
Publié dans La Gazette du Maroc le 30 - 05 - 2008

Les affaires de cocaïne se suivent et ne se ressemblent pas. du réseau mafieux local, aux lieux de consommation chics en passant par la coke du petit peuple, désormais, la cocaïne n'est plus du tout une affaire de gosses de riches.
La consommation de la cocaïne connaît une montée en flèche à Casablanca, Tanger, Tétouan et Nador. Les statistiques des centres médico psychologiques de désintoxication de Tanger et Tétouan le prouvent. La proximité des deux enclaves occupées de Sebta et Melillia y est certainement pour quelque chose, deux villes, devenues la plaque tournante de ce genre de trafic depuis une belle lurette. Ce qui est nouveau, c'est que la consommation de cocaïne ne se limite plus à présent à une partie de plaisir de quelques gosses de riches comme c'était le cas, il y a quelques années.
Chute des prix
La consommation de la cocaïne se « démocratise » petit à petit et touche de plus en plus de jeunes issus des classes populaires, sinon de condition modeste. Un autre facteur vient compliquer la donne, la consommation de l'héroïne, moins coûteuse que la cocaïne, gagne du terrain, notamment à Tétouan, Tanger et Nador. La dose d'héroïne varie entre 30 et 50 dh, tandis qu'un gramme de cocaïne se vend entre 300 et 1000 DH selon la qualité du produit. Des informations concordantes, font état d'un redéploiement des dealers de cocaïne des boites de nuit huppées, vers des établissements d'enseignements privé et public. La consommation de la cocaïne n'est plus l'apanage de gosses de riches. La semaine dernière, l'arrestation d'un dealer de cocaïne au quartier Sbata avec 88 grammes, a permis d'arrêter un gros poisson, F N, avec 150 capsules de cocaïne. Ces arrestations ont permis la découverte d'un vaste réseau qui alimente le monde de la nuit et le circuit de la prostitution de luxe à Casablanca.
Selon un responsable du centre médico-psychologique de Rabat chargé de l'accueil de jeunes toxicomanes : « il y a toutes sortes de personnes qui viennent nous consulter, issues de toutes les catégories sociales. Pour la cocaïne, la tendance touche essentiellement des jeunes issus de milieux aisés et de plus en plus de la classe moyenne ». Selon la même source « depuis quelques années la demande en désintoxication explose dans ce centre, qui fait office de centre de référence au Maroc.
Toxicomanes
Plus de 3 400 cas ont été enregistrés en 2007, chaque mois ce sont entre 40 et 50 demandeurs d'aide qui sont enregistrés ». Le vendredi dernier, au moment de notre visite au centre qui se trouve dans une grande artère du quartier de l'Agdal à Rabat, une jeune fille âgée de 19 ans est venue remplir le formulaire pour un entretien d'accueil et fixer un rendez-vous avec un médecin psychiatre du centre. La jeune fille est issue de la classe moyenne, vivant avec sa mère divorcée et enseignante et d'un père haut fonctionnaire. Elle prend 2 comprimés de rivotril par jour, fume 5 joints par jour et prend de la cocaïne 2 à 3 fois par semaine. Selon le degré de dépendance à la cocaïne, le traitement varie en genre et en nombre. Selon le responsable du centre « si le sujet s'adonne à la cocaïne depuis une longue période, il est nécessaire qu'il soit hospitalisé, sinon, une prise en charge psychothérapeutique fera l'affaire selon le degré de bonne volonté du sujet ».
Mon enfant est accro
La principale caractéristique qui distingue les jeunes toxicomanes, c'est d'être des enfants de parents divorcés ou qui ont des problèmes affectifs au sein de la famille. « C'est tout un malaise social qui se cache derrière ce phénomène», affirme un spécialiste de la question.La dépendance à la cocaïne est un vrai problème social pour de nombreuses familles, qui souffrent le martyre avec un fils ou une fille accro à la cocaïne. Ces familles souffrent dans le silence et l'anonymat. La cocaïne est un vrai tabou dans la société marocaine et personne n'ose vraiment soulever la question en public. Quand un cas de jeune décédé par overdose ou par l'usage de camelote (mauvaise cocaïne mélangée à d'autres substances chimiques), il est bien entendu signalé auprès des autorités, mais les proches de la victime insistent pour ne pas divulguer la cause du décès à l'issue d'une autopsie.
A Casablanca, c'est la tragique histoire qui a défrayé la chronique mondaine des beaux quartiers : la cocaïne est derrière un vrai drame familial. A.B est un jeune homme de19 ans issu d'un milieu aisé. Il est accro à la cocaïne depuis quelques années, et contrairement à d'autres, c'est son frère aîné qui l'a initié, lui-même rattrapé par la coke au cours de son séjour au Canada où il a fait des études en finances. Après un bref passage dans une grande école de la place, le jeune prof de finance est licencié pour faute professionnelle. Sa dépendance à la cocaïne ne le laisse pas travailler normalement. Entre-temps, son jeune frère le rejoint au club des toxicos. Tous les deux, ont coulé l'affaire familiale, qu'ils avaient intégrée. Le grand frère va décéder d'une overdose. Selon le rapport de l'autopsie, le jeune homme est mort à la suite d'un arrêt cardiaque, alors que l'autopsie a révélé qu'il s'agissait bien d'une overdose.
L'été dernier, l'arrestation d'un dealer de cocaïne au quartier Souissi à Rabat, avait défrayé la chronique locale. La fille d'un ancien ministre de la Justice était arrêtée en flagrant délit de consommation de cocaïne. A la suite de cette affaire, deux trafiquants de cocaïne, Ahmed Benchaîb et Mohamed Bousdifoune, ont été condamnés à 4 ans de prison ferme, assortis d'une amende de 10.000 DH chacun. Benchaîb devait payer aussi une forte pénalité d'un montant de 18.650.000 DH à l'administration des Douanes, partie civile dans cette affaire. Bousdifoune a été, quant à lui, condamné à une amende de 800.000 DH au profit de la même administration. Les trois autres accusés de consommation, dont Meriem Benjelloun, Hicham Dnadni et Mohamed Azeddine Mamouni, ont écopé de 25 jours d'emprisonnement qu'ils avaient déjà purgés à la prison de Salé, peine assortie d'une amende de 1000 DH chacun. Selon une source proche du dossier à l'époque, une personne arrêtée pour consommation de cocaïne dans cette affaire, continuait de recevoir sa dose en prison. Un proche parent du détenu lui portait un gramme de cocaïne qu'il cachait dans sa bouche et le lui remettait au cours d'un baiser de bienvenue lors de la visite !
Le circuit fermé des
dealers de cocaïne
A chaque fois qu'un gros poisson de la cocaïne tombe à Rabat ou Casablanca, c'est grâce à une affaire de meurtre ou un coup bas d'un concurrent, qui au lieu d'exécuter son rival, le dénonce à la police lors d'une grosse opération de réception de marchandise. Les dealers de cocaïne ne fréquentent que les endroits les plus huppés. Ils changent de téléphones et de domiciles plusieurs fois. Si vous appelez un dealer dans un numéro de portable, il le change automatiquement après la fin de l'appel. Ils ne change pas de puce mais de téléphone, car, utiliser le même téléphone avec une autre puce peut être facilement détecté, car chaque téléphone a une trace IP. Ils savent bien que le réseau est sous surveillance. Certains utilisent des téléphones satellitaires, introduits illégalement au Maroc de l'Espagne ou de la Mauritanie. Ces derniers sont utilisés pour entrer en contact avec leurs fournisseurs à l'étranger ou avec les hommes mulets, ceux qui transportent la cocaïne d'un endroit à un autre. Dans ce milieu, la sémantique a un autre sens, on ne prononce jamais le mot ghabra (cocaine). Il suffit de dire « la chemise blanche » ou la recharge.
Plus grave encore, les dealers de cocaïne mélangent la drogue à d'autres substances pour rentabiliser leurs doses. Parmi les produits mélangés à la cocaïne les plus courants, on retrouve la lidocaïne, la phénacétine, le paracétamol, la procaïne ou encore la caféine.
Il y a juste deux semaines, un réseau de trafic de drogues dures a été démantelé à Agadir.
Parmi les personnes impliquées dans cette affaire, figure l'assistant du directeur d'une école privée. Sur la base des renseignements d'un indicateur, les limiers de la brigade des stupéfiants d'Agadir, ont monté un piège au dealer de cocaïne, qui était habitué à ne livrer la marchandise que s'il est appelé par des clients à une heure tardive de la nuit. Après l'interpellation du dealer, on a trouvé plus de 60 g de cocaïne en sa possession. Le chef de la bande, I.D, 39 ans, né aux environs d'Agadir, marié et père de famille assurait la fonction d'assistant de directeur dans une école privée du centre d'Agadir. Son complice, B.B.L., 38 ans, né à Tan Tan, marié à 2 femmes et père de famille. L'enquête a permis de remonter et d'arrêter le fournisseur en cocaïne du marché d'Agadir, Lahcen.B, né en 1978, fils d'un notable à Tan Tan. Trois autres membres appartenant au même réseau sont toujours recherchés.
Réseaux
Sur le terrain de la lutte, les services de police comme la PJ, les RG ou les brigades des stupéfiants sont incapables à eux seuls de démanteler les réseaux de trafic de cocaïne. Pour les combattre, il faut traquer le bon renseignement. Les lieux où se pratique ce genre de trafic sont généralement des lieux branchés ou des villas où se pratique également la prostitution de luxe. Selon une source policière, la DST et les RG travaillent généralement le jour, le manque d'effectif obligeant ces services à travailler le jour et lors des permanences, sauf dans les cas de terrorisme ou lors d'une grande opération. En plus les RG ont d'autres chats à fouetter et d'autres attributions administratives à faire. 4 ou 5 personnes ne peuvent pas tout faire. Il est difficile de contrôler tous les lieux publics : discothèques, piano bars… tous les propriétaires des lieux publics n'ont pas intérêt à voir la police débarquer chez eux. La lutte contre la cocaïne est normalement du ressort des brigades des stupéfiants. Il y a aussi le bureau de lutte contre la drogue de la BNPJ (Brigade National de la Police Judicaire) à Casablanca et qui a des attributions au niveau national. Mais la BNPJ ne se déplace que sur la base d'une plainte du parquet. Après le 16 mai, cette brigade a été dotée d'un nouvel organigramme qui s'adapte à la nouvelle menace, puisque le terrorisme a des connections avec la drogue et le trafic d'armes.
trafics
Selon Mohamed Akdid, commissaire de police principal qui a assumé plusieurs responsabilité à Tanger, Rabat et à l'étranger : « faire passer un kilo de cocaïne est plus lucratif pour les trafiquants que faire passer 100 Kg de résine de cannabis. Les dealers transportent 200 grammes de cocaïne facilement dans leurs poches sans être remarqués. Par contre, pour faire passer 30 kg de chira, il faut passer par plusieurs barrages de gendarmerie et de police ». Selon cet ancien commissaire de police, la baisse du prix de la cocaïne va faire propager cette drogue dure chez les jeunes des classes défavorisées, ce qui nécessite une vrai stratégie de lutte contre la cocaïne au Maroc.
Une chose est sûre, les dealers et leurs parrains ont des lois bien particulières. La vendetta est une pratique courante dans le milieu, on ne dénonce pas un baron de cocaïne aussi facilement que cela. Le 15 avril dernier, la brigade des stupéfiants de Tétouan avait reçu un message faisant état de la présence à Fnideq d'un individu recherché au niveau national pour trafic de cocaïne. Après de longues filatures, l'individu a été pris en flagrant délit avec ses complices. Mais plutôt que de se faire prendre avec la marchandise, il va avaler le petit sac en plastique de quelques dizaines de grammes de cocaïne. L'homme décède quelques heures après dans un hôpital, sans donner aucune information !


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