La commission du 11 mars L'intérêt du silence de Rafa Zouheir est grand. Si la justice espagnole met à jour les noms des impliqués espagnols dans les attentats du 11 mars à Madrid, du coup la piste marocaine, de Jamal Zougam se révèle nulle et non avenue. Il s'agit d'un désaveu politique et judiciaire que l'Espagne n'est pas prête de faire sans oublier que le crime devient de facto une collaboration entre policiers espagnols et terroristes d'origine marocaine autour de Jamal Ahmidan et le Tunisien, Serhan Fakhet Abdelmajid. Avant sa tentative de suicide qui est passée inaperçue comme s'il s'agissait d'un futile fait divers, Rafa Zouheir avait sollicité que la commission l'écoute. Chose faite, ce qui a donné de nouvelles directions aux enquêtes. Mais le hic dans ce dossier c'est que la liste des accusés espagnols s'élargit, devient plus compromettante pour la police et la justice espagnoles. L'équation est pourtant simple dans ce cas de figure: si Zouheir dit la vérité, c'est la police espagnole qui doit passer devant le juge Del Olmo. Et aujourd'hui, malgré les camouflets de la justice en Espagne, personne n'écarte la possibilité d'une réelle erreur de la police qui a mal jugé le coup des Ahmidan et consorts. Zouheir peut innocenter les Marocains Car, du coup, il faudra expliquer à l'opinion publique espagnole pourquoi on a laissé Ahmidan courir jusqu'à le pousser au suicide à Leganès alors qu'on a fait un tollé de l'arrestation de Jamal Zougam et ses amis Bekkali, Zbakh et son demi-frère Chaoui. C'est l'histoire de cette poudre aux yeux qu'il faudra relire devant la commission bien avant le passage de Zapatero et d'Aznar prévu pour novembre prochain. Mario, Pedro, Paco, Victor... Ils sont nombreux les agents avec lesquels Rafa Zouheir avait des relations d'indicateur à policier. Celui qui a attiré l'attention est un certain Mario qui, au téléphone avait ouvertement menacé Zouheir s'il disait tout ce qu'il savait. Il lui a clairement dit que “sa tête valait beaucoup” et que peut-être il fallait faire gaffe. Zouheir à qui on fait porter le chapeau pour masquer les dérives policières, ne l'entend pas de cette oreille et estime, pour sa part, qu'il faudra mettre cette tête à prix pour voir jusqu'où peut aller tout ce scandale. Quand il arrive, après sa demande, devant la commission, il fait éclater le pot-aux-roses et c'est là que le ballet politico-politicien prend forme. La guerre s'installe entre populistes et socialistes, entre services secrets et police nationale, entre Guardia civil et justice. Il souligne devant la commission que “c'est un autre service qu'il rend à l'Espagne pour éviter de nouveaux attentats et des erreurs aussi graves que celles commises par la police avant le 11 mars”. Paulino Rivero, la présidente de la commission avait bien noté que le Marocain en avait beaucoup à dire et que les voix des politiciens se faisaient très discordantes ce qui a failli mettre un terme au travail de cette commission qui marchait d'un pas certain vers le scandale politique le plus dangereux de l'Espagne d'après Franco. La grande révélation est que Rafa Zouheir n'a pas seulement été l'indic et l'informateur d'un seul service de police, la Guardia civil mais aussi de la police nationale. Et ni l'une ni l'autre ne le savait. A suivre