Rapport sur le terrorisme au Maroc Parmi toutes les interventions des conférenciers représentées à la rencontre internationale de lutte contre le terrorisme, tenue à Riyad du 5 au 8 février, celle de la délégation marocaine a été l'une des plus brillantes et complètes. Un document très fourni, de plus de 120 pages, illustrant l'expérience marocaine dans sa lutte antiterroriste a été présenté, puis débattu, par la délégation marocaine, conduite par le patron de la DGST, Ahmed Harrari. Ce n'est pas une nouveauté, mais les Marocains d'Al Qaïda, il en existe encore chez nous. Et ils sont toujours prêts à passer à l'acte. Loin de verser dans la psychose terroriste, l'information émane pourtantd'un rapport confidentiel, présenté par la délégation marocaine lors de la rencontre internationale antiterroriste tenue la semaine dernière à Riyad, le Maroc continue à vivre sous le spectre d'Al Qaïda d'Oussama Ben Laden. Dans cet immense tourbillon terroriste aux ramifications internationales, le Maroc traque quelques éléments des cellules dormantes, toujours libres dans la nature, et qui ont échappé à la longue série d'arrestations après les attentats perpétrés le 16 mai 2003 à Casablanca. Les services de sécurité marocains n'ont pas réussi, jusqu'ici, à les repérer. Certains d'entre eux seraient cachés dans le pays, d'autres à l'étranger. Même s'il n'y a aucune raison de paniquer, les sécuritaires Marocains ont pourtant ratissé très large pour éradiquer l'intégrisme dans le pays, le rapport de la DGST ( Direction générale de la surveillance du territoire ) met sur la table la menace terroriste et dévoile les menaces qui pèsent toujours sur le pays. Le danger court constamment, les investigations judiciaires, tant au niveau national qu'international, et les interpellations continuent sans relâche. Les Marocains afghans Sur fond d'une chasse à l'homme planétaire, le Maroc, présent en force lors de la rencontre de Riyad (la délégation marocaine était présidée par Ahmed Harrari patron de la DGST), a réaffirmé son engagement formel et inconditionnel de participer davantage dans cette guerre permanente contre le terrorisme international. Forts de son expérience, les sécuritaires marocains ont présenté un document très fourni ( plus de 120 pages ), et dont LGM détient une copie, qui retrace dans ses grandes lignes ce qui a été entrepris au Maroc, tant sur le plan institutionnel, législatif, judiciaire que sur le plan de la lutte antiterroriste. Dans sa première partie, le document expose la manière avec laquelle le phénomène de l'intégrisme a pris forme au Maroc, avant même les attentats du 16 mai de Casablanca, grâce notamment au courant dit de la “Salafia Al Jihadia” ainsi que le “Groupement islamique des combattants marocains”. Financement du terrorisme Un grand nombre d'entre eux, indique le rapport de la délégation marocaine, a pris part, dans les années 80, à la “guerre sainte” contre les forces soviétiques déployées en Afghanistan pour protéger l'ancien régime communiste de Kaboul, inféodé à Moscou. Le front afghan n'était pas, loin de là, l'unique terrain de guerre de ces combattants marocains. Plusieurs d'entre eux vont, quelques années plus tard, traverser la Méditerranée pour venir en renfort à leurs coreligionnaires bosniaques menacés d'épuration ethnique par les Serbes. D'autres feront un détour par la Tchétchénie pour soutenir la lutte de la guérilla locale contre le pouvoir local de Grozny, maintenu par la présence massive des troupes de Moscou dans cette république musulmane affiliée à la Fédération de Russie. Cette riche expérience aurait fait des jihadistes marocains en cavale de redoutables terroristes potentiels. Le maniement des armes et des explosifs n'a point de secret pour eux. Ils savent également falsifier n'importe quel document administratif et brillent par leur capacité à tromper la vigilance des forces de l'ordre. Ce qui explique que les hauts responsables marocains n'avaient jamais caché leurs inquiétudes de la menace réelle que représentent ces jihadistes pour le pays et ses partenaires, notamment européens, dans la lutte antiterroriste. Les services marocains répertorient les “Marocains afghans” sur la base d'informations obtenues des détenus interpellés dans le cadre des arrestations opérées juste après les attentats qu'a connus Casablanca en mai 2003. La plupart des terroristes qui sont tombés dans les filets des autorités marocaines ont raconté comment ils ont été approchés, recrutés, embarqués pour leur voyage pour être talibanisés. Dans tous ces cas d'enrôlement pour l'activisme islamiste armé, l'étranger apparaît comme la plaque tournante, le carrefour, le passage obligé. D'où l'appel des autorités marocaines, lors de cette rencontre, d'éradiquer les mouvements implantés à l'étranger qui continuent toujours à financer l'activisme des groupes terroristes. “La lutte contre le terrorisme au Maroc ne pourrait porter ses fruits que si au niveau mondial le combat est mené avec détermination, efficacité et cohérence pour mettre un terme à ceux qui financent, de l'étranger, l'activisme des réseaux intégristes”, souligne le rapport. Dans ce sens, ajoute le document, le Maroc a échappé à plus de 300 braquages et pas moins de 13 cambriolages d'agences bancaires, sans compter les arrondissements de police, la gendarmerie et les casernes de l'armée. Le tout grâce à la vigilance des forces de l'ordre. Il était prévu, également, dans les plans des terroristes de s'attaquer à 21 personnalités officielles, dirigeants de partis politiques, juges et membres des corps diplomatiques étrangers accrédités au Maroc. Dans sa deuxième partie, le document s'intéresse au financement des réseaux terroristes avec les trafics d'armes, la drogue et le blanchiment d'argent. Là aussi le cas du Maroc est illustratif. Dans une déclaration à La Gazette du Maroc, Abdelhaq Khayam, chef de la Brigade nationale de la police judiciaire ( BNPJ ), également présent parmi la délégation marocaine dépêchée à Riyad, a démontré le lien existant entre les réseaux terroristes et la criminalité organisée. Et pour preuve, la dernière cellule dormante, mise hors d'état de nuire à Berrechid, avait un lien financier direct avec le réseau d'Oussama Ben Laden. Traçabilité de l'argent L'argent a été et est donc le nerf du terrorisme, pour cause de terrorisme, aussi bien marocain qu'international, le financement des organisations islamistes est à l'ordre du jour tant à l'Occident qu'au niveau des pays arabes. Le document distribué par les services marocains dévoile une stratégie de lutte contre le financement du terrorisme inédite qui consiste à pister, puis geler tout financement qui paraît douteux. La loi antiterroriste adoptée en en 2003 est claire à ce sujet et ne prête à aucune confusion. Il est de science exacte que la grande finance permet aujourd'hui aux terroristes de virer instantanément des millions de dollars par voie électronique. L'argent est ainsi blanchi par l'intermédiaire de bureaux de change, de courtiers ou agents de change, de négociants en or, de sociétés d'assurance et d'import-export. Les établissements bancaires privés, les banques extraterritoriales, les sociétés écrans, les zones de libre-échange, la transmission par fil et le financement du commerce offrent également des opportunités de choix. C'est pour cette raison que le Maroc s'est armé depuis les attentats du 16 mai d'un arsenal juridique moderne sur le blanchiment des capitaux pour traquer les organismes accusés de financer le terrorisme. Une lutte qui impose une stratégie qui reposerait essentiellement sur la reconstitution de l'historique des mouvements de capitaux et la traçabilité des opérations et des donneurs d'ordre. Dans ce sens, le Maroc rappelle la communauté internationale qu'il s'est engagé formellement dans cette action en signant plusieurs conventions avec des Etats ou d'autres organisation internationales de lutte contre le financement du terrorisme. En définitive, sans basculer dans l'horreur généralisée, le Maroc a mis en place un système de prévention et de lutte contre le terrorisme qui a montré son efficience. Aujourd'hui, et selon plusieurs conférenciers présents à la rencontre, l'expérience marocaine est à prendre comme un exemple.