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Les dessous d'une succession
Publié dans La Gazette du Maroc le 25 - 07 - 2005


Arabie saoudite
La manière avec laquelle s'est passée la mise en place de la succession de Feu le roi Fahd ben Abdelaziz et, par là, l'octroi au nouveau souverain, Abdallah le titre de “serviteur des lieux saints”, ainsi que la nomination du prince Sultan au poste de Prince héritier, a mis fin, au moins pour quelques années, aux rumeurs et aux spéculations qui avaient dominé assez longtemps la scène. Récit de la longévité d'Al-Saoud… et perspectives.
“ces spéculateurs nous confortent car ils montrent de plus en plus qu'ils ignorent tout de notre pays ; moins encore les caractéristiques unissant notre famille”, disait un jour le prince Sultan ben Abdelaziz, gouverneur de la capitale Riyad, à un journaliste libanais, ami de longue date. Le “sage” prince, comme le qualifie la majorité des Saoudiens du fait d'avoir la confiance de ses frères – les six Sudaïris, et de ses demi- frères dont, entre autres, le nouveau roi Abdallah, a toujours réussi à arrondir les angles de divergence. Ce, en se basant sur la fameuse “wassiya” du père fondateur de la monarchie, le roi Abdelaziz Al-Saoud : “restez toujours unis quoi qu'il advienne, sinon, vous perdrez tout”. Consigne suivie à la lettre depuis sa disparition.
Depuis, quatre de ses fils, Saoud, Fayçal, Khaled, Fahd, et maintenant Abdallah ont assuré la continuité du règne de la famille. Cela, malgré les sérieuses épreuves auxquelles a été confronté le régime, notamment durant les années 80, 90 et les débuts de ce siècle. A savoir l'occupation par Al-Juhaïmane des lieux saints à la Mecque, les tentatives d'exportation de la révolution islamique par Khomeïni, la 2ème guerre du Golfe avec l'invasion du Koweït, et les pressions exercées par les Etats-Unis suite aux attentats du 11 septembre 2001.
Equilibres réussis
La succession du roi Fahd malgré les analyses politiques, surtout des médias et des centres de recherche anglo-saxons, a été quasi-parfaite. La Baïaâ au nouveau souverain Abdallah qui, sans tarder, a désigné son demi-frère Sultan comme prince héritier, le prouve. Mais le plus significatif c'était le maintien de ce dernier dans ses fonctions de ministre de la Défense. Un poste qu'il occupait depuis environ quatre décennies ; d'autant que celui-ci a fait, selon les observateurs, un sujet de tiraillement au sein de la famille royale. Certains membres de celle-ci refusaient, dit-on, un cumul des pouvoirs. Mais, à l'étonnement de tous, le prince héritier Abdallah a bénéficié du soutien de son demi-frère en rappelant aux contestataires que lui-même avait cumulé le même titre avec sa présidence de la garde nationale. Une position qui avait fait pencher la balance en faveur de l'actuel numéro 2 de l'establishment saoudien.
En tout état de cause, force est de souligner que la succession a été bel et bien préparée minutieusement, sans heurts, plus particulièrement ces quatre dernières années. Durant cette étape, le prince héritier Abdallah, après avoir acquis l'expérience nécessaire en matière de politique extérieure, visitant les principales capitales, Washington à trois reprises, Londres, Moscou, Pékin et Paris, a fini par mettre en place son propre système et choisi les hommes adéquats, capables de gérer les dossiers les plus complexes. Le prince héritier Abdallah a également appris à jouer sur le clavier du marché pétrolier, et par là, avoir la confiance des Américains. En même temps, il a tenu sur le plan interne à éviter de bousculer les choses, de brûler les étapes. Ce qui explique l'attente jusqu'à la dernière minute de son demi-frère avant de prendre officiellement le pouvoir. Pourtant, il avait tout ou presque en main.
A cet égard, rappelons que le prince héritier Abdallah tenait à consulter le roi Fahd dans tous les détails, malgré la maladie qui le rongeait. Et, pour mieux préparer la famille à la majorité de ses demi-frères dont certains étaient considérés par les analystes comme étant les obstacles qui vont lui barrer la route au sommet. Mais le coup de maître qu'avait effectué Abdallah était celui du mariage du plus jeune fils du roi Fahd, son chouchou et confident, le prince Abdelaziz, à une de ses filles. De plus, il l'a nommé ministre d'Etat dans l'actuel gouvernement. Ainsi, le nouveau roi a fini par arrondir les angles de divergence et baliser le terrain pour une transition en douceur à laquelle le monde vient d'assister.
Même si le numéro 3, c'est-à-dire le prince héritier du numéro 2, Sultan, n'a pas été jusqu'ici désigné, cela ne posera pas, contrairement aux rumeurs qui viennent de circuler, un problème majeur. Un compromis sera rapidement trouvé. Un des quatre prétendants : Salman, Nayef, Talal ou Metheb - tous les fils du roi Abdelaziz – sera choisi. Car, le roi Abdallah a déjà réussi à ranger toute la famille derrière lui. Dans ce même ordre de loyauté envers sa personne, il ne trouvera pas trop de difficultés pour absorber la deuxième génération des princes qui sont à la recherche de rôles. Sur ce point, le nouveau souverain insistait pour être entouré lors de la réception des chefs d'Etat étrangers par les symboles de cette deuxième génération. Ainsi toute l'assistance remarquait la présence des princes, Bandar ben Sultan, Saoud al-Fayçal, Mohamed ben Fahd (gouverneur de la région. Est), Al-walid Ben Talal, Khaled ben Sultan, Turki al-Fayçal ou le fils aîné du roi, Metheb ben Abdallah. Une manière de répondre directement à tous ceux qui misaient sur un quelconque conflit de générations, soutenu par les faucons de l'administration Bush.
Dans cette foulée, les diplomates en poste dans la capitale saoudienne ne prévoient aucun changement au niveau de la gestion de la politique étrangère ni sur le plan de la politique énergétique adoptée, plus particulièrement après l'ouverture du secteur gazier à l'investissement étranger. Car le nouveau roi gérait ces dossiers depuis la maladie de son demi-frère en 1995. Concernant l'application des réformes, les observateurs estiment qu'Abdallah poursuivra ce chemin par étapes, rappelant qu'il a déjà précisé les choix dans ce domaine. Etant donné que les réformes prendront un certain temps tout comme la lutte contre le terrorisme, dit-il, l'Etat ne peut qu'aller doucement, progressivement, en calculant ses pas. Cela dit, l'Arabie Saoudite négligera l'appel à la fois des conservateurs qui s'opposent aux réformes, et celui des libéraux qui tentent de brûler les étapes et sauter dans le vide.
Dans tous les cas de figure, l'ère du roi Abdallah ben Abdelaziz sera différente de celle de Fahd. Malgré les recettes exceptionnelles attendues cette année des prix du pétrole assez élevés, le nouveau souverain a fait savoir que les dépenses seront concentrées sur les priorités ; la lutte contre la pauvreté et le chômage, développer le secteur des hydrocarbures, l'Education et la santé. Quant aux projets faramineux, il faut attendre des jours meilleurs.
Les défis en vue
Si la succession a été assurée dans les meilleures conditions, l'Arabie Saoudite devra en revanche faire face aussi bien dans le court et le moyen terme à une série de défis internes comme externes. Si tous les membres de la famille royale affirment que tout est rentré dans l'ordre avec la “Baïaâ” et l'octroi du titre de “serviteur des lieux saints” au nouveau roi Abdallah, des analystes envisagent les choses autrement. Ces derniers estiment que les tiraillements entre les différentes ailes au sein de la famille ont simplement été gelés et non résolus. Et que les conflits avec le prince héritier ne tarderont pas à surgir. La preuve, selon eux, les anticipations du prince Sultan lors de sa visite à la base aérienne de Kmiss – “Mchaït“ quelques jours avant le décès du roi Fahd, selon lesquelles il déclara qu'il remplacera les anciens avions de combat. Une deuxième déclaration, jeudi dernier, après sa nomination comme prince héritier dans laquelle il annonça un plan quinquennal pour la restructuration de l'armée. Des positions, selon les observateurs, visant à marquer à nouveau son territoire. Ce qui ne plaira aucunement au nouveau roi.
Autre défi, toujours selon ces analystes, l'octroi au prince Bandar ben Sultan, ancien ambassadeur aux Etats-Unis, d'un haut poste de responsabilité auprès des services de renseignements. Ce que le ministre de l'Interieur, Nayef ben Abdelaziz, conteste tant qu'il ne sera pas nommé numéro 3. Dans ce contexte, on apprend que Washington a fait savoir aux Saoudiens qu'elle “souhaitait” voir son ami fidèle, Bandar, à la tête des “Moukhabarates”. Ce que favorise d'ailleurs le roi Abdallah.
Le troisième défi qui se profile d'ores et déjà à l'horizon, ce sont les réformes à appliquer en matière d'ouverture politique. Cette fois, il semble que le nouveau roi n'a pas l'intention de reculer. C'est ce qu'a laissé entendre son conseiller auprès des Américains, Adel al-Joubaïr. Ce dernier a déclaré dans des dîners privés avec des responsables américains que le prince héritier, une fois roi, ne se pliera guère aux exigences des purs et durs qui entravent le processus d'ouverture et de réformes politique, et, n'acceptera plus jamais d'êtremis devant le fait accompli.
Parmi les autres défis, les relations avec un voisinage devenant de plus en plus complexe. Dans ce cadre, l'ère Abdallah devra trouver des solutions aux conflits politiques l'opposant au Qatar dont les retombées prennent désormais l'allure de campagnes médiatiques réciproques. Egalement au conflit territorial avec les Emirats Arabes Unis, notamment concernant le champ pétrolier d'Al-Chiba et celui de Khor al-Aïdid dans les eaux territoriales. A cela vient s'ajouter le pont qui reliera le Qatar aux Emirats. Dans ce cadre, on apprend que le roi Abdallah est déterminé à clore le dossier de tension avec les Emirats. A cet égard, les observateurs n'excluent pas sa visite très prochainement à Abou Dhabi. D'autre part, les relations avec le Bahreïn, jadis l'allié le plus proche au sein du CCG (Conseil de Coopération du Golfe) ne sont pas au beau fixe depuis que ce “petit royaume” a décidé sans consulter de construire un pont liant Manama à Doha, l'ancien “ennemi”.
Ce qui a poussé Riyad à réduire son aide à Bahreïn. Dans ce même ordre de tensions, les relations de l'Arabie Saoudite avec le Koweït souffrent d'anomalies en raison du conflit frontalier autour de la zone “neutre”. Riyad refuse toujours au Koweït le passage d'un oléoduc gazier en provenance du Qatar.
Aussi dans le cadre des défis, l'ère Abdallah sera confrontée dès demain aux pressions américaines et occidentales pour jouer un rôle plus efficace dans le processus de paix entre les Arabes et Israël, notamment après le retrait de Gaza. Cela dit, il sera exigé de Riyad à prendre des initiatives plus “courageuses” sur le plan de la normalisation avec l'Etat hébreu. Egalement, participer au financement de la reconstruction de la ville de Gaza. D'ores et déjà, l'ambassadeur d'Arabie Saoudite à Washington, Turki al-Fayçal, a anticipé la semaine dernière sur ce volet. Il déclara que son pays est prêt à jouer un rôle visant à relancer le processus de paix dans la région. En dépit de ces configurations, les observateurs saoudiens voient qu'il est prématuré de concevoir les initiatives qui seront prises par le nouveau roi Abdallah à l'égard de ces dossiers. Ce dernier ne semble guère être prêt à prendre des positions là-dessus sans le consentement des ailes de la famille royale, au moins dans le court terme.


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