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A. Akhchichine : Il faut alléger les programmes du primaire de 20%
Publié dans La Vie éco le 21 - 09 - 2009

Réhabilitation des infrastructures, lutte contre la déperdition, maîtrise du temps et du rythme scolaire : un programme en trois axes a été lancé. Il atteindra sa vitesse de croisière cette année.
Moyens financiers, transport, cantinesÂ... une armada de solutions imaginées pour maintenir les enfants à l'école.
Les enseignants seront désormais formés dans les universités, des heures supplémentaires prévues pour aider les élèves en difficulté.
Chaque année, à l'occasion de la rentrée scolaire, le débat autour de la réforme du système éducatif refait surface… Qu'est-ce qui caractérise cette rentrée en particulier ?
Cette rentrée est marquée par beaucoup d'aspects exceptionnels. Il s'agit de la première rentrée dont les conditions sont déterminées par la mise en œuvre du programme d'urgence. Nous avons travaillé sur des axes qui sont complémentaires. Le premier axe a trait à la réhabilitation des infrastructures scolaires. C'est un chantier entamé depuis un an déjà. Concrètement, tous les établissements scolaires qui n'ont pas bénéficié de travaux d'entretien et de maintenance depuis des années, et qui n'ont pas vu leurs équipements pédagogiques se renouveler, sont concernés. En tout 2,5 milliards de DH seront dépensés à cet effet en deux ans (2009 et 2010). Cet axe de travail est d'une extrême importance car on ne peut pas engager le débat sur la qualité et sur la performance alors que l'espace abritant l'acte pédagogique est complètement délabré. Nous disposons de 23 000 établissements scolaires mais 80% de ceux qui sont implantés en milieu rural ne sont pas raccordés au réseau de l'eau potable ; plus de 70% ne disposent pas de sanitaires. Tout débat sur la qualité devient alors aberrant. Mieux, pour mettre en place les conditions de stabilité de cette offre sur le moyen et long terme, il est impératif de résorber le déficit en capacité d'accueil. Le déficit est évalué à 1 100 établissements, que nous nous sommes engagés à construire sur trois ans. Parallèlement, nous avons engagé 300 millions de DH pour la rénovation de l'ensemble de l'équipement pédagogique.
Le deuxième axe concerne la lutte contre le phénomène de déperdition. Nous ne pouvons pas lutter contre l'abandon scolaire ou encore la qualité de rendement en interne des élèves sans s'attaquer de manière frontale aux facteurs socio-économiques qui génèrent ces dysfonctionnements. Quand on a analysé ces facteurs, on a découvert que l'accès à l'école induit des dépenses qui deviennent difficiles voire insupportables pour certains ménages économiquement vulnérables. Et lorsque la rentrée coïncide avec le mois de Ramadan, certaines familles sont obligées de faire des arbitrages qui, dans plusieurs cas, se font au détriment de l'école. Nous avons donc conçu un système fondé sur trois mécanismes. Le premier est concrétisé par l'opération intitulée «Un million de cartables». 3,7 millions d'élèves en profitent cette année pour un budget de 473 millions de DH.
Le phénomène de déperdition n'est pas seulement une question de moyens…
Certainement, mais les moyens ont un impact non négligeable. Un autre exemple est le fait que nous avions à gérer une contradiction entre, d'un côté, l'obligation légale de maintenir l'enfant à l'école jusqu'à 15 ans et, de l'autre, les entraves objectives relatives à la situation économique de la famille. Il n'y avait donc d'autre choix que d'aller graduellement vers une gratuité de l'accès à l'école publique. Cela sans oublier d'autres facteurs comme celui de l'éloignement de l'offre scolaire par rapport au lieu de résidence de l'enfant. A ce propos, nous avons mis en place un programme très ambitieux du transport scolaire pour lequel nous avons mobilisé cette année une enveloppe de 60 millions de DH. Il portera sur l'acquisition de minibus, la location de véhicules de transport, l'achat de vélos pour les enfants et le renforcement des rapports entre les différents partenaires de manière à faire du transport scolaire une partie intégrante de l'offre de l'école.
Un autre programme visera à densifier l'offre des cantines et des internats scolaires. Nous avons multiplié par deux la bourse annuelle pour améliorer la qualité de service en matière d'alimentation au profit des élèves. Nous avons également allongé la durée des jours consacrés aux cantines qui a pratiquement doublé et nous avons multiplié par cinq le nombre de bénéficiaires. Enfin, il y a le programme Tayssir lancé l'année dernière et qui permet un transfert direct de ressources financières aux ménages en contrepartie du maintien des enfants à l'école. Au titre de la saison 2008-2009, 47 000 familles dans plusieurs communes, et dont la population vit dans un seuil de pauvreté dépassant la barre des 30% et qui connaissent un taux d'abandon scolaire relativement important (8%), en ont profité. Elle ont reçu entre 60 et 100 DH par enfant maintenu à l'école.
Dans ces communes, le taux d'inscription a augmenté de 10% et celui du maintien des enfants à l'école de plus de 25%, par comparaison aux communes similaires. Concrètement, cette action qui nous a coûté 60 millions de DH a permis à 8 300 élèves de rester à l'école. Sur la base de ces résultats encourageants, les parents de 180 000 seront rétribués durant la saison 2009-2010.
n Réhabilitation des infrastructures, lutte contre la déperdition… et le troisième axe ?
Il concerne la maîtrise du temps et du rythme scolaire. Depuis longtemps, l'école a souvent souffert d'une forme de laxisme généralisée dans le respect du temps de scolarité. Nous avons engagé, dès cette année, une action drastique pour lutter contre cette forme de laxisme en imposant un rythme scolaire et un respect rigoureux des dates de reprise des cours comme dans tous les systèmes éducatifs modernes.
Le constat de ce que vous décrivez est connu et la situation empire. Des solutions ont déjà été imaginées avant. Croyez-vous que plus de moyens permettraient de solutionner le problème ?
Il y a 400 000 enfants qui quittent l'école chaque année. Si on veut lutter contre ce phénomène, si on veut que les profils qui sortent de cette école correspondent à la demande de la société et de l'économie, l'argent n'est pas suffisant pour s'acquitter de cette mission. D'ailleurs, ce n'est pas une question d'argent. Trois facteurs sont nécessaires pour réussir ce pari. D'abord une volonté politique ; c'est-à-dire que depuis le premier niveau de décision de l'Etat jusqu'au dernier verrou du système, tout le monde doit être absolument convaincu qu'il s'agit de la bataille du Maroc et qu'aucun autre défi ne pourra être gagné si on ne gagne pas celui de l'école. Je crois qu'à la différence des années 80, c'est seulement depuis une dizaine d'années que nous sommes parvenus à ce engagement politique et que nous avons une véritable préoccupation au plus haut niveau du fait que la situation de l'école peut hypothéquer tout l'effort de développement. Ensuite, pour réussir des réformes de ce niveau d'ambition, il faut mobiliser des ressources financières mais aussi tous les acteurs et les partenaires..
Pourtant, vous focalisez votre discours et votre communication sur les ressources financières et sur l'effort financier déployé dans le cadre de ce plan d'urgence. Quid de la question des contenus pédagogiques
Certes, on n'en parle pas beaucoup car la communication dans le cadre du plan d'urgence tourne autour de ce que les uns et les autres peuvent faire pour l'école. Les débats sur les aspects pédagogiques se passent en interne. Et à ce propos, nous avons des innovations majeures qui sont en cours de préparation. J'ai évoqué la maîtrise du temps scolaire et il y a une douzaine de projets sur la seule dimension pédagogique. A titre d'exemple, nous sommes en train de travailler sur la révision complète du mode d'apprentissage du primaire de manière à recentrer l'effort de formation autour des apprentissages de base. Tout ce qui est superflu et que l'élève peut apprendre ailleurs qu'à l'école va être supprimé du programme. Aujourd'hui, nous avons besoin d'un élève qui sait qui il est ; à quel pays il appartient ; qui sait lire et écrire ; et qui sait développer un raisonnement mathématique de base. Tout le reste, il peut l'apprendre ailleurs. Cela va se traduire par une redistribution du temps scolaire. On va réduire le temps scolaire de 20% pour que ce pourcentage soit redistribué à d'autres activités d'épanouissement (artistiques, sportives…).
Avec un taux d'échec moindre que par le passé ?
Dans notre culture, l'examen de fin d'année sanctionne la saison scolaire par la réussite ou l'échec des élèves, or tous les systèmes éducatifs modernes évoluent aujourd'hui vers une réussite de groupe où personne n'échoue. Et pour aller vers la réussite de groupe, il faut introduire une nouvelle méthode pédagogique qu'on appelle la pédagogie de l'intégration qu'on a expérimentée cette année dans certaines académies et qu'on compte étendre à d'autres régions pour être graduellement généralisées sur tout le système. Il s'agit là d'une application plus pointue de la pédagogie des compétences qui consiste à procéder, à la fin de la saison scolaire, à une révision collective pour amener ceux qui sont en retard à être au niveau des meilleurs.
Un autre grand chantier, doté d'un budget de 500 millions de DH, s'emploie à la formation continue des enseignants qui comprend à la fois la formation disciplinaire, la maîtrise de l'outil informatique et des techniques de communication, le développement de leurs capacités à solutionner les problèmes liés à la gestion de groupe. Parallèlement, nous avons revu complètement tous les programmes de formation des enseignants qui, à partir de l'année prochaine, vont être formés par les universités et non plus par les centres de formation.
Pourtant, vous avez lancé un concours ouvert aux licenciés universitaires pour le recrutement de 3 000 enseignants et qui seront directement intégrés dans le système. C'est quelque peu contradictoire avec votre idée d'enseignants bien formés…
Cette opération s'inscrit dans le cadre des solutions d'extrême urgence car si on ne recrute pas ces 3 000 cadres, on aura autant de classes sans enseignants.
La priorité est d'abord d'assurer le fonctionnement des classes. Nous avons eu des classes entières qui ont passé toute l'année sans enseignants. Nous tablons cependant sur le programme de formation continue pour la mise à niveau de tout le staff d'encadrement. Ce programme totalise 1,5 million de journées de formation qui seront consacrées annuellement aux enseignants durant ces quatre années. Chacun d'eux devra bénéficier d'au moins 15 jours de formation continue durant les vacances inter-cycles…
Et ces heures supplémentaires qui s'ajouteront au temps de travail des enseignants ?
Le programme d'urgence prévoit trois heures de soutien scolaire pour les élèves du primaire et quatre, facultatives, pour ceux du collège. Ces heures vont être intégrées dans le temps scolaire et elles vont être dispensées par les enseignants en faveur des élèves en difficulté. C'est une expérience qui est très répandue dans plusieurs pays. Cette approche vise, entre autres, à faire face au phénomène de prolifération des heures supplémentaires dispensées par le privé dans des conditions déontologiques qui laissent à désirer. Ce sont des heures qui vont être intégrées dans le tableau de service ordinaire de l'enseignant.
Si ce tableau de service de l'enseignant est rempli, ces heures seront payées en heures supplémentaires. Si le tableau de service n'est pas rempli, elles y seront tout simplement intégrées.
Des problèmes ont été signalés à la rentrée. Certains établissements ont un surplus d'enseignants alors que d'autres en manquent. Un problème de redéploiement de ressources plutôt que d'effectif ?
Comme je l'ai dit, le système fonctionne avec 300 000 acteurs. Vous imaginez qu'il s'agit de 300 000 situations différentes. Nous avons à gérer un système qui a longtemps fonctionné non seulement par rapport à ses besoins mais plutôt par rapport aux intérêts de ces acteurs. Le défi maintenant est de remettre l'élève au centre de nos préoccupations. Nous avons procédé l'année dernière à des milliers de redéploiement à travers le pays. Mais cela ne suffit pas. Il faudra continuer dans ce sens. Néanmoins, il ne faut pas se faire d'illusions : on n'arrivera jamais à lutter contre tous les dysfonctionnements qui sont liés à cette question tant que persistent nos habitudes de clientélisme, de rapports familiaux, des hiérarchies sociales… Ce genre de dysfonctionnement a une incidence directe sur le fonctionnement de l'école dont les élèves sont les premiers à payer les frais…


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