Le leader marocain de la distribution de presse a opéré, en fin de semaine dernière, des changements structurels. La CIMR et la MAMDA montent dans le capital du distributeur pour atteindre la parité avec le Groupe BP. Amine Benchekri, ex-cadre supérieur chez Centrale laitière, est désigné pour assurer un nouveau mode de gestion autonome et déployer son plan de développement et d'investissement. L'heure est au changement chez le leader national de la distribution de presse. Il s'agit en l'occurrence de Sapress, qui entame un virage stratégique dans sa trajectoire de développement. Un changement de fond qui s'amorce à deux niveaux, portant sur la structure du tour de table d'une part, et sur le leadership de l'autre. En effet, l'entreprise, dont le cœur de métier est la distribution de titres de presse, était jusque-là contrôlée par le groupe Banque populaire, à travers sa filiale Upline, aux côtés de la CIMR et de la MAMDA, en tant qu'actionnaires minoritaires. Désormais, après que les deux «fonds de prévoyance» soient montés dans le capital de la société en cours de semaine dernière, le capital devient détenu à parts égales (un tiers chacun) par les trois actionnaires, de même que les droits de vote ainsi que le contrôle de l'entité. Du coup, une reconfiguration du leadership de la société s'imposait de fait, puisque le Groupe Banque populaire n'est plus en mesure de nommer les dirigeants en sa qualité d'actionnaire majoritaire et de référence. Aujourd'hui, les actionnaires, avec leur nouveau statut de parité, ont opté pour une gestion opérationnelle indépendante. Suivant cette orientation, le choix s'est porté sur un expert de la logistique et de la distribution : Amine Benchekri, qui débarque tout droit du top management de la Centrale laitière, passée depuis peu sous le contrôle du géant international Danone, où il était directeur général adjoint en charge de la Supply Chain et des Systèmes d'information. Ce choix est loin d'être anodin. Deux secteurs, un métier Car si de prime abord le secteur de l'agroalimentaire et celui de la presse semblent éloignés l'un de l'autre, ils adoptent dans les faits un business model particulièrement similaire dans leurs composantes de distribution. Effectivement, les titres de presse, tout comme les produits laitiers, ont le «fâcheux» attribut d'être périssables. La distribution de ces deux familles de produits se doit donc de prendre en compte la complexité générée par les invendus, et ce d'autant plus qu'elle s'opère en flux tendu avec très peu de marge sur les stocks. C'est dire que le profil de cet ingénieur aguerri aux métiers de la logistique, semble calqué sur les missions d'un Dg de Sapress. Amine Benchekri est diplômé en mathématiques appliquées de l'Université Joseph Fourier et est titulaire d'un master de l'Ecole supérieure de commerce de Paris. Consultant auprès de Price Waterhouse Consulting, il fonde la société Archos Conseil en 1995. Il rejoint Centrale laitière en 2006 en qualité de directeur SI, avant de prendre en charge la direction Supply Chain pour Centrale laitière et Fromagerie des Doukkala. Amine Benchekri copréside également la Commission plan logistique au sein de la Fénagri. Il aura une mission ardue à remplir, celle de déployer un nouveau plan d'investissement et de développement dans un secteur qui a traversé des temps durs, mais toutefois avec l'assurance de plus de moyens grâce aux montants injectés par la CIMR et la Mamda suite à leur montée dans le capital de la société. Sapress en chiffres Fondée en 1977 sous le nom de «Société arabo-africaine de distribution d'édition et de presse», Sapress s'accapare aujourd'hui plus de 90% du marché de distribution de la presse écrite au Maroc. En 2012, 600 tonnes de journaux et périodiques ont été quotidiennement traités par ses moyens de transport, ce qui équivaut à 200 millions d'exemplaires, quotidiens et périodiques distribués la même année représentant 1.900 titres marocains et étrangers. Sapress, c'est également 199 MDH de chiffre d'affaires en 2012, 10.000 points de vente et 4 millions de kilomètres parcourus par sa flotte de véhicules annuellement.