À défaut de s'assurer une matière première suffisante pour faire tourner ses machines à plein régime, l'Union nationale des industries de la conserve de poisson (UNICOP) semble radicaliser ses positions, en ce qui concerne notamment les investissements. La stratégie annoncée est simple. Le bureau récemment porté à la tête de l'Union compte proposer à la tutelle de procéder à «un gel de tout nouvel investissement dans le secteur des produits de la pêche, et particulièrement celui de la conserve de poisson». Une décision aux relents de protectionnisme sectoriel, en attendant d'assurer aux unités existantes la barre des 80% en capacité de production installée, visée par la stratégie Halieutis. La matière première -en l'occurrence la sardine- poursuit en effet son boycott des filets marocains. La conserverie se sent aujourd'hui abandonnée à son sort, après avoir touché le fond en mars dernier avec l'arrêt de plusieurs unités industrielles. La production a chuté de plus de la moitié à la fin des cinq premiers mois de 2011, selon les dernières actualisations de l'Office national des pêches (ONP). Les captures ont porté sur un volume de 123.830 tonnes, soit -54% en comparaison à la même période en 2010. La situation va de mal en pis, et les professionnels de la conserverie accusent le coup. «La rareté de la matière première semble s'installer dans la durée et devient structurelle. Cette situation, pour nous, est inquiétante d'autant plus qu'aucune information ne nous parvient, ni de la tutelle, ni de l'INRH, pour expliquer ce phénomène», constate un responsable de l'Union, membre du nouveau bureau. Ce recul présente une sérieuse menace pour le développement du secteur. Un secteur à la croisée des chemins et face à deux impératifs : reporter toute idée de percer dans de nouveaux marchés et faire le maximum pour pérenniser sa présence dans d'autres, notamment d'Afrique subsaharienne. En 2010, le poisson en conserve a pesé près de 20% sur le total des exportations de produits alimentaires, avec un volume avoisinant les 20.000 tonnes. Irrégularités Mais les problèmes de l'Unicop sont loin de se limiter à l'approvisionnement. En effet, plusieurs irrégularités sont relevées ça et là, concernant surtout les répartitions des débarquements de pélagiques. «Au port de Laâyoune, les quotas attribués aux unités locales sont largement dépassés et d'importantes quantités sont revendues avant toute valorisation», soulève ce responsable syndical de la pêche côtière d'une des provinces du sud. De plus, les impacts de l'introduction des contenants normalisés au port de Dakhla semblent ne pas avoir été digérés par des industriels. Là, le souci environnemental est brandi, certains bateaux préférant rejeter à la mer l'excès de captures. En attendant, la conserverie s'accroche à la branche de la tutelle pour la mise en œuvre de plusieurs mesures prises par celle-ci, en juin dernier, afin de juguler la crise de l'approvisionnement.