«Les entreprises marocaines ne profitent pas pleinement de la dynamique du secteur du BTP», c'est un constat que vient de confirmer une fois de plus le ministère de l'Equipement. Plusieurs raisons sont à l'origine de cette situation peu confortable. Il s'agit, entre autres, de la forte concurrence des entreprises étrangères, notamment pour les grands projets d'infrastructures. Celles-ci étant souvent «mieux structurées et dotées de moyens importants et proposant des projets clés en main». Ce n'est pas tout puisque d'autres paramètres sont à prendre en considération. C'est le cas de la structuration du tissu d'entreprises. À ce niveau, le défi consiste à faire face au secteur informel. «Il s'agit aussi d'encourager les entreprises à atteindre une taille critique et de manière générale à promouvoir la compétitivité de l'entreprise marocaine», note-t-on du côté du ministère de l'Equipement. «D'autres mesures de mise à niveau doivent aussi être prises comme la modernisation de ces entreprises via notamment la formation de leurs ressources humaines, ainsi que l'adaptation des moyens de production selon la taille des projets. Ainsi, pour toutes ces raisons, le département de l'Equipement à décidé de lancer une étude pour la mise en place d'une stratégie de développement de l'ingénierie et de l'entreprise du bâtiment et des travaux publics». Il s'agit là de mesures devant conduire à la préparation d'un contrat-programme pour le secteur. Le but de cette étude est d'arrêter «une vision intégrée du secteur, qui se matérialise par la mise en œuvre d'actions concrètes permettant à la fois d'accroître la contribution du secteur à la création de richesses et d'emplois et de pérenniser les entreprises nationales de BTP». Aussi, l'étude devra-t-elle selon les exigences du département de Ghellab répondre à deux objectifs principaux. Le premier doit porter sur le développement socioéconomique du pays. «Il s'agit d'accompagner de façon optimale la réalisation des différentes stratégies nationales, et d'en démultiplier l'impact en termes de retombées socioéconomiques (création d'emplois, formation des ressources humaines, structuration des entreprises...», précise-t-on auprès du ministère. Le deuxième objectif est de doter le pays d'une ingénierie et d'entreprises nationales pérennes et compétitives tout en maximisant les retombées économiques de la dynamique actuelle du secteur. Ainsi, selon le cahier des charges, le consultant qui devra conduire cette étude devra réaliser un cadrage de la problématique pour clarifier les ambitions des porteurs de projets. Par la suite, un diagnostic stratégique, permettant de faire un état des lieux du secteur et de prendre connaissance des meilleures pratiques à l'international, devra être fait. À ce niveau, les besoins devraient être quantifiés et qualifiés en prenant en considération des stratégies sectorielles et de grands chantiers nationaux. Il est également question d'analyser la concurrence des entreprises étrangères, notamment celles qui ne sont pas installées au Maroc. «Le but de cette analyse est d'identifier la part de marché détenue par ces entreprises et par conséquent le manque à gagner pour les entreprises nationales en chiffre d'affaires, en expertise...», souligne le ministère. Bien évidemment, cette analyse devra identifier le manque à gagner pour l'Etat en matière de points de PIB supplémentaires, de création d'emplois, de recettes fiscales... Une fois ces deux phases terminées, le consultant définira la nouvelle stratégie pour ensuite élaborer sa feuille de route. Benchmark avec 4 pays Par ailleurs, l'étude devra réaliser des benchmarks internationaux sur 4 pays différents pour identifier les meilleures pratiques en matière de structuration du secteur du BTP et de politique nationale de soutien au secteur. Ces benchmarks devront aussi produire une analyse globale du secteur du BTP, ainsi qu'une présentation des principaux champions et de leurs facteurs clés de succès. À cela s'ajoute «la présentation des politiques menées par l'Etat pour la promotion du secteur localement et à l'international en termes d'incitations fiscales, mesures spécifiques...». «À l'issue de la syndication de la feuille de route et de son actualisation, le consultant rédigera les différents articles correspondant aux différentes mesures retenues en spécifiant les objectifs chiffrés et les échéances de réalisation, et en adoptant un formalisme clair et concret afin de limiter les possibilités d'interprétations multiples», indique-t-on auprès du département de l'Equipement. Pour rappel, le BTP a une contribution importante en termes de formation brute de capital fixe. Celle-ci s'est établie en 2009 à plus de 114 milliards de DH. La même année, le secteur a contribué à hauteur de 7% au PIB, soit près de 46 milliards de DH. Le BTP emploie près de 12% de la population active urbaine et 9,5% de la population active totale, soit 967.000 emplois, avec une création annuelle estimée à 60.000 emplois... Opportunités à saisir Quant aux perspectives, selon le ministère, elles sont prometteuses. Ainsi, le secteur devra miser sur la construction de 15 villes nouvelles à l'horizon 2020 pour désengorger les grandes métropoles, la création de 22 plateformes industrielles intégrées, à l'horizon 2015. Il devrait également miser sur la réalisation de 6 stations balnéaires, la construction de grands barrages, de plusieurs milliers de forages et de puits. Le programme Halieutis est également à prendre en considération. Ce dernier prévoit la réalisation de 3 pôles de compétitivité. Pour sa part, le contrat-programme logistique comprend la construction de 70 zones logistiques à l'horizon 2020. À cela s'ajoute la réforme populaire dans laquelle le pays s'est engagé. Tout un programme !