La décision prise par l'Egypte de dévaluer de sa monnaie avant de la libérer a dopé les réserves de change. Toutefois, le risque social est toujours là. Finalement, la décision qu'a prise l'Egypte de laisser flotter sa devise semble avoir de bonnes répercussions, sur son système financier du moins. D'après une déclaration du sous-gouverneur de la Banque centrale égyptienne, Tarek Fayed, à Reuters, les banques égyptiennes ont attiré 3 milliards de dollars depuis le flottement de la livre égyptienne intervenu le 3 novembre dernier. Une décision par laquelle le pays espérait débloquer l'affluence des devises étrangères et de mettre un terme au marché noir du dollar. En effet, l'inflexibilité de la monnaie égyptienne et le repli des investissements étrangers après le soulèvement de 2011 ont saigné les réserves de change de la Banque centrale et ont forcé cette dernière à rationner les dollars, tout en imposant des contrôles de capitaux. Ces restrictions avaient favorisé le commerce des devises sur le marché noir, où la livre a glissé à un bas d'environ 18 livres le dollar durant les semaines précédant le flottement de la monnaie. De même, le pays a attiré l'équivalent de 500 millions de dollars environ en investissements étrangers. Forte de cette nouvelle attractivité et du prêt de 12 milliards de dollars accordé par le FMI, l'Egypte envisage un retour sur le marché international de la dette dès l'année prochaine. Le ministre des Finances égyptien, Amr El-Garhy, a déclaré dans une interview à Bloomberg que son pays prévoit de lever entre 5 et 6 milliards de dollars. En effet, il faut dire que le gouvernement, qui prévoyait de lever à l'international 2 milliards de dollars fin novembre, remet en question cette opportunité, toujours à l'étude. Les levées serviraient à renflouer les réserves de change, toujours insuffisantes. Toutefois, le ministre avait signalé qu'avec la dévaluation de la livre égyptienne et la hausse récente du dollar américain, la priorité est de réduire le coût de l'endettement pour le pays. Il faut dire aussi que cette dépréciation de la livre égyptienne face au dollar (elle cote actuellement à près de 17 livres le dollar) a accentué la crise sociale que connaît le pays, couplée avec des manques en approvisionnements en denrées alimentaires et, dernièrement, en médicaments. L'instauration de la TVA, une des conditions sine qua non au prêt du FMI, ne manquerait pas de plomber davantage le pouvoir d'achat des Egyptiens.