Les mauvaises nouvelles se font jour, au fur et à mesure que sont publiés les différents rapports d'évaluation de l'année en cours qui tire à son épilogue. Dernier en date, celui de l'Agence multilatérale de garantie sur les investissements (MIGA), sur la situation des investissements ainsi que les risques politiques au niveau international. Selon les calculs des experts de la filiale du groupe de la Banque mondiale, la chute des IDE en direction de la région MENA, va se poursuivre cette année, atteignant 16% contre 7% l'exercice précédent. Cette baisse est consécutive à la situation géopolitique qui a affecté la région, depuis le début de l'année, et qui est venue se greffer à un contexte économique et financier international en berne. «Le renforcement de la perception des risques au niveau mondial à la suite de la crise financière, aggravé par les risques liés aux emprunts d'Etat dans les pays développés et les crises politiques au Proche-Orient et en Afrique du Nord ont accru les inquiétudes des investisseurs», souligne le rapport intitulé «Investissement mondial et risques politiques». L'impact de cette conjugaison de facteurs se poursuivra encore en 2012, en raison notamment du manque de visibilité sur l'évolution de la situation. Cependant, fait ressortir le rapport qui s'est basé sur une enquête réalisée auprès des grands investisseurs internationaux, ces investisseurs internationaux demeurent encore optimistes sur les perspectives des marchés émergents. L'enquête dévoile, en effet, que les investisseurs sont «prudemment optimistes» concernant leurs projets d'investissement au cours des 12 prochains mois. À moyen terme, ils sont par exemple plus de 75% à prévoir l'extension de leurs activités d'ici les trois prochaines années. Attentisme prometteur En dépit de l'impact négatif sur la région, principalement pour des secteurs stratégiques comme le tourisme, l'étude fait ressortir qu'une grande majorité des investisseurs internationaux affirment «ne pas avoir changé leurs projets d'investissement». Cependant, alors que les investisseurs semblent disposés à surmonter cette période de crise et d'incertitude, «ils sont déjà prêts à revoir leurs projets à la baisse, si l'instabilité politique s'intensifie et se prolonge». Le rapport souligne que, dans l'ensemble, «la croissance notée des flux de capitaux privés dans les pays en développement, y compris l'IED, stagne mais elle devrait reprendre à moyen terme». Cet avis est partagé par le vice-président de la MIGA, Izumi Kobayashi, lequel soutient que «l'incertitude économique mise à part, les pays en développement devraient enregistrer une croissance deux fois plus rapide que les pays à revenu élevé au cours des prochaines années». Pour Kobayashi, «le maintien de la croissance, associé à des environnements plus stables et favorables à l'entreprise, devrait les rendre plus attrayants pour les investisseurs avertis à travers le monde». Opportunités et perspectives Le temps des crises est celui de la redistribution des rôles et le Maroc a l'opportunité de bien se positionner, confiait, récemment aux Echos quotidien, l'économiste Benali, en réponse à une question sur les perspectives économiques du Maroc. La nouvelle donne apparaît comme une opportunité pour le Maroc de mieux se positionner dans la perspective de la reprise attendue à l'horizon 2012. Selon le rapport, les pays en développement attirent désormais, près de deux cinquièmes de l'IDE mondial et sont la destination de près d'un cinquième de l'investissement étranger, mais les risques politiques restent un obstacle important. La relative stabilité politique qu'a connue le Maroc, comparée à la situation, encore lourde d'incertitudes dans les autres pays, constitue un précieux argument pour le royaume. «La stabilité est essentielle pour convaincre les investisseurs de reprendre leurs investissements», analysent les experts de la MIGA. Toutefois, selon les conclusions des experts, «les pays qui veulent attirer plus d'IDE devront engager des efforts préalables pour rendre leur économie plus attractive. Outre la stabilité politique et l'amélioration du climat des affaires, les experts prônent une diversification des sources de fonds étrangers. Le risque est, en effet, de voir la crise européenne se prolonger. Selon le rapport, vus les liens étroits en matière d'investissements et de commerce entre l'Union européenne et la région de l'Afrique du Nord en particulier, la tendance est susceptible d'affecter les perspectives à court terme des IDE en raison de la grave crise économique et financière que traverse actuellement l'UE». Il y a là de quoi accentuer la baisse des flux dans la région MENA jusqu'en fin 2012, «avant de connaître un essor à nouveau en 2013, sous condition de l'amélioration de la situation en Union européenne et de la rapidité du rétablissement de la situation politique au MENA». En pariant sur ce scénario, les perspectives sur le moyen et plus long termes, s'annoncent très prometteuses. Les facteurs économiques et démographiques de la région, avec une population estimée à plus de 450 millions d'habitants, dont 90 millions âgés entre 15 et 25 ans, sont de nature à «attirer les investisseurs étrangers, à condition d'une meilleure gouvernance et d'un cadre favorable pour le climat des affaires», note la MIGA. C'est une perspective salutaire pour le prochain gouvernement, qui doit peaufiner sa stratégie dans ce sens, surtout à un moment où les caisses ont plus que jamais besoin d'argent frais et les citoyens plus de postes d'emploi.