«La construction de minarets est désormais interdite en Suisse», a annoncé le gouvernement helvétique dimanche. Le même jour, les Suisses s'étaient prononcés à plus de 57% pour l'interdiction de construire de nouveaux minarets. Les sondages annonçaient pourtant le rejet du texte. Cette annonce a surpris autant les Suisses que la communauté internationale : Tarik Ramadan l'a jugée «catastrophique». Pour le grand mufti d'Egypte, Ali Gomaa, c'est une «insulte aux sentiments de la communauté musulmane suisse comme ailleurs». Le secrétaire général de l'Organisation de la conférence islamique, Ekmeleddin Ihsanoglu, est «déçu et préoccupé». Les Suisses ne sont pas en reste. Des manifestants ont érigés des minarets symboliques dans différentes villes pour protester contre les résultats du référendum. Les Verts étudient même la possibilité de faire appel auprès de la Cour Européenne des droits de l'homme. Boycott économique? Sur la toile, plusieurs sites appellent les musulmans à retirer leur argent des banques suisses ou à boycotter les produits made in Switzerland. L'Union patronale suisse ne cache pas son inquiétude, d'autant plus que 5% des échanges commerciaux extérieurs suisses se font avec des pays musulmans, ce qui représente plusieurs milliards de francs suisses. Le gouvernement ne prend pas les choses à la légère. Pour la première fois de son histoire, il a rédigé un communiqué de presse en arabe. La chef du département des Affaires étrangères s'est lancée dans une vaste campagne de communication pour calmer les esprits. Elle s'est notamment exprimée sur Al Jazeera et n'a eu de cesse de répéter «que ce n'est pas un vote contre la communauté musulmane». La Suisse craint de subir le même sort que le Danemark suite aux caricatures de Mahomet.