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Les nouvelles croisades
Publié dans L'observateur du Maroc le 30 - 09 - 2010

Une énième profanation. Dans la nuit du samedi 18 à dimanche 19 septembre 2010, des individus sont s'en sont pris à la mosquée Esselem de Lyon, sur la porte de laquelle ils ont accroché une affiche portant des inscriptions anti islamiques. Le Conseil français du culte musulman (CFCM) a dû, encore une fois, dénoncer cette profanation qui n'est certes pas la première. A plusieurs reprises, des cimetières musulmans ont été profanés en France. Des symboles juifs également ont été attaqués. On se souvient encore du tollé qu'avaient créé les caricatures danoises. Le monde musulman allait connaître pire que cela. Jusqu'au jour où un obscur religieux américain que personne ne connaissait a menacé d'organiser toute une journée pour brûler le Coran, le livre saint des musulmans. Là encore, la lame a touché tous les pays et les communautés musulmanes à travers le monde. En Espagne, un gérant de cabarets a cru bon de construire une boîte de nuit sur le modèle d'une mosquée et a baptisé son fonds de commerce au nom de la Mecque. Pour un musulman pur et dur, c'était une offense intolérable. L'islamophobie n'est certes pas récente. Aux Etats-Unis, elle remonte aux années 60, où la machine hollywoodienne a commencé à produire des films islamophobes et à propager les fameuses images stéréotypées sur les arabes et les musulmans. On avait alors recensé pas moins de 3000 films véhiculant une image négative des Arabes et de l'islam. Les choses ne se sont pas arrangées après le 11 septembre. Si on peut comprendre la réaction de victimes innocentes contre ce terrible incident, dans lequel l'administration américaine de l'époque prend une part de responsabilité, on ne peut certainement pas accepter l'amalgame qui a été fait après. Tous les adeptes de la religion musulmane sont devenus des terroristes sanguinaires, toujours prêts à se faire sauter pour une cause obscure. Partout dans le monde occidental, les communautés musulmanes ont été attaquées, parfois physiquement et plus souvent moralement à travers les médias. Désormais le signe du terroriste n'est plus la cagoule, mais la barbe «islalmique» et le voile, même quand il n'est pas intégral. On ne compte plus les magasins qui refusent de servir les femmes portant le voile aux Etats-Unis. Plusieurs cas d'agressions ont été recensés un peu partout dans les pays occidentaux. Tout musulman doit payer pour les actes commis par des terroristes fous. Inutile de dire que c'est le 11 septembre qui a créé l'islamophobie. Si on a pu déterminer que 46% des Américains avaient des attitudes anti islamiques, avant cette date, ils étaient quand même 24%. Ce n'était donc pas un phénomène nouveau, mais seulement une intensification d'un sentiment qui existait déjà. On ne compte alors plus les exactions dont sont victimes des citoyens occidentaux pour le simple fait qu'ils portent des noms d'origine arabe. Dans le monde musulman, on suit cette évolution catastrophique de l'image de l'islam et des adeptes de la religion islamique. Ainsi, l'Observatoire de l'OCI (Organisation de la conférence islamique) a constaté dans un rapport de 2008 l'exacerbation de l'islamophobie dans les pays occidentaux. Pour le Conseil des droits de l'homme des Nations unies, le phénomène a toujours existé. L'occasion est belle pour reprendre cette notion de choc des civilisations utilisée par un certain Samuel Huntington. Les hommes politiques l'ont eux aussi utilisée pour opposer un monde régi par un islam global à un monde occidental qui ne jure que par les droits de l'homme. L'islamophobie a été tellement intense qu'elle a fini par faire l'objet d'une conférence des nations unies en 2004 pour analyser les phénomènes de violence envers les musulmans et rechercher les moyens pour combattre l'islamophobie. En 2004, une conférence des Nations unis a eu pour thème les phénomènes de violence envers des musulmans et la recherche de moyens pour combattre l'islamophobie. En 2003, une grande table ronde a été organisée par l'observatoire des phénomènes racistes et xénophobes (EMUC) pour réfléchir sur l'islamophobie et l'antisémitisme. L'EMUC a souligné dans un rapport de 2006 que des musulmans de l'Union européenne sont victimes de discrimination en matière d'emploi, de logement et d'éducation. Cette islamophobie se manifeste de différentes manières, allant des insultes, aux incendies criminels en passant par les agressions physiques. Les actes de profanation comme celui de Lyon sont un bel exemple (si l'on peut dire) de cette hain
Islamophobie Pour qui sonnent les cloches ?
Mouna Izddine
L'islamophobie dépasse le cadre géo-politique. Elle est liée à l'évolution sociale américaine et européenne (…) Avant les années 90, on n'y parlait que de racisme. Mais ces sociétés connaissent aujourd'hui une crise économique et identitaire, où la visibilité de l'islam s'accroît alors que les fondements de la civilisation occidentale s'appauvrissent. Ce sont les éléments constitutifs de l'islamophobie». Plusieurs mois après les premiers Etats généraux de l'islamophobie en France, tenus au printemps dernier à Saint-Denis à l'initiative du Parti des Indigènes de la République (PIR) de Houria Bouteldja, les propos d'Alain Gresh, directeur adjoint du Monde Diplomatique, résonnent encore. Et pour cause. On ne compte plus les ennemis déclarés ou sournois de l'Islam, sur le Vieux Continent comme Outre Atlantique. Stigmatisés, injuriés, pointés du doigt comme les fauteurs de trouble du 3e millénaire, des terroristes potentiels doublés de prosélytes sans scrupules, bombes humaines et démographiques, les 1,5 milliard de Musulmans du monde, modérés dans leur écrasante majorité, regardent impuissants et la peine au cœur face à la folie médiatico-politique leur image et leurs croyances piétinées par la faute d'une fange d'extrémistes aux desseins politiques. Des fondamentalistes convaincus autant que leurs détracteurs, toutes confessions et appartenances idéologiques confondues, que nous vivons une néo-croisade entre la Croix et le Croissant… Une guerre civilisationnelle aux allures d'apocalypse se dessinerait-elle à l'horizon ? En tout cas, une donne est sûre : le monde est entré dans une nouvelle ère aux ressentis hostiles à l'Islam, ses adeptes, ses représentants et ses symboles. Zoom sur les dessous d'une psychose tentaculaire…
Musulmans, dérangeants jusqu'à la mort ?Alors que le débat sur la place de l'Islam et des Musulmans en Europe et en Amérique devient un marronnier de la presse occidentale, Strasbourg refait ses comptes. Ce ne sont pas 23, mais bien 37 tombes qui ont été vandalisées dans deux carrés musulmans d'un cimetière au sud de la cité alsacienne. «C'est la quatrième fois depuis le début de l'année que des actes similaires sont commis en Alsace. Ces actes lâches et odieux sont un outrage à la conscience collective. Je lance un appel pressant aux autorités publiques pour qu'elles mettent fin à cette série de profanations indignes qui visent des lieux de recueillement», a commenté à ce sujet Abdelaziz Choukri, délégué général de la grande mosquée de Strasbourg. L'accablement de la communauté musulmane est d'autant plus grand que ce saccage a eu lieu dans la nuit du jeudi 23 au vendredi 24 septembre 2010, jour sacré dans le calendrier islamique. Et même si ce crime a été dénoncé par les principaux acteurs de la ville comme «révoltant et stupide» (Ligue contre le racisme et l'antisémitisme), «expression d'une haine viscérale», et acte marginal d'un «groupuscule» animé d'une «volonté réelle de casser la concorde social» (Roland Ries, député et maire), il n'en demeure pas moins qu'un vent de malaise perceptible souffle sur l'Islam de France, ses 5 millions de natifs et ses 70.000 convertis. Mais aussi sur la Belgique, la Hollande, la Suisse, l'Italie, l'Allemagne et les pays scandinaves, eu égard à la multiplication des agressions physiques, verbales et médiatiques à l'encontre des Musulmans, la plus importante minorité islamique d'Europe.
France, les Gaulois auraient-ils peur des Mahométans ?
Pour nombre d'associations militantes, il y a effectivement lieu de parler d'islamophobie et même d'islamophobie galopante. Samy Debah, président du Collectif contre l'Islamophobie en France (CCIF), dit attendre «les premiers morts». Le CCIF parle d'une mosquée vandalisée toutes les trois semaines, et d'une agression physique tous les deux jours contre un Musulman. Alarmiste, populiste ? Depuis son discours du 2 mai 2010 place de Stalingrad à Paris, à l'appel du PIR, visualisé des milliers de fois sur la toile, Samy Debah dénonce régulièrement les actes jugés islamophobes dans l'Hexagone : tags racistes sur les murs des lieux de culte, passage à tabac de femmes voilées, refus de servir des repas halal aux enfants dans certaines écoles, sanctions d'absences professionnelles pour fête religieuse islamique, tollé autour des fast-foods halal… Les gestes mais aussi les discours politiques et les lois. On ne peut pas dire en effet que le projet de loi sur l'immigration (dont le vote est prévu le 12 octobre) d'Eric Besson, farouche défenseur de la sarkozienne «identité nationale» et des «bons Français», ni l'interdiction du voile intégral (voir encadré burqa), adoucisse l'atmosphère interconfessionnelle au pays des Gaulois.
Comment on est-on arrivé là ? Pour beaucoup d'observateurs, cette fixation de la majorité politique française autour des immigrés n'a d'autre objectif que de draguer» l'électorat d'extrême-droite, incarnée par le Front National, sous la houlette de Marine Le Pen depuis le retrait de son père. Résultat : ce qui était choquant hier encore, n'ébranle plus grand monde. Au nom du tout sécuritaire, de la lutte contre le terrorisme et de la crise économique, «à chaque fois, une marche est franchie dans l'altération des principes républicains» (dixit Roland Muzeau, porte-parole des sénateurs du Parti communiste). Les premiers boucs émissaires de cette ségrégation d'Etat qui ne dit pas son nom ne sont autres que les immigrés et leur descendance, sachant que ceux-ci sont majoritairement maghrébins et noirs africains de confession musulmane... et déjà victimes de la ghettoïsation et de la discrimination socio-économique, une exclusion larvée qui en fait des proies idéales pour le radicalisme islamiste importé du Moyen-Orient.
Surfant sur cette vague d'un islam français supposé dans son ensemble prosélyte, violent et sans aucune volonté d'intégration, des dizaines d'intellectuels, commerçants de la peur, de Eric Zemmour et tous ses délinquants «Noirs ou Arabes» à Robert Redeker et son «Jésus maître d'amour et Mahomet maître de haine, chef de guerre impitoyable, pillard, massacreur de juifs et polygame», multiplient les provocations aux stéréotypes absurdes, au nom de la liberté d'expression et des principes démocratiques de la République française. Une guerre erronée pour un réel mal être français bleu blanc beur…
Suisse, Guillaume Tell versus Hani Ramadan
De l'autre côté des Alpes, en Suisse, près d'un an après le vote populaire contre la construction de nouveaux minarets, le pays des Helvètes n'a pas pour autant exorcisé ses démons phobiques, accroissant le mal être de ses 400.000 Musulmans. «Le fait d'interdire les minarets par référendum a transformé la haine ou la peur de l'Islam en leur donnant une forme constitutionnelle et institutionnelle (…) avant de devenir un élément de politique politicienne: une monnaie d'échange entre les partis politiques de l'extrême droite jusqu'au centre. C'est très préoccupant. Les électeurs se déterminent dans le processus politique sur des sujets qu'ils connaissent peu et sont influencés par des opinions partiales et des images déformées. Nous nous dirigeons vers un paradigme anti-islam qui ressemble à l'antisémitisme des années 1930», note à juste titre dans le Monde du 23 septembre 2010, Ekmeleddin Ihsanoglu, le secrétaire général de l'Organisation de la conférence islamique (OCI). Ajoutant de l'huile sur le feu, alors que l'iranienne Sakineh vient d'en réchapper de justesse, Hani Ramadan, directeur du Centre islamique de Genève, et frère de Tariq Ramadan, défend la lapidation dans les médias les plus en vue, comme une «punition dissuasive » et une «purification». Mettant en colère les religieux modérés comme l'imam de Drancy, Hassen Chalghoumi, l'imam anti-burqa accusé d'accointances avec les sionistes par les islamistes radicaux.
Scandinavie, seule la barbe du Père Noël n'est pas louche
Plus au Nord, point de place au soleil non plus pour Aladin et sa «lampe suspicieuse» aux pays enneigés des contes de fées et du Père Noël… Alors que les 700.000 Musulmans du Danemark pâtissent encore des conséquences des caricatures du Prophète en 2006, les 650.000 Suédois de confession musulmane doivent aujourd'hui composer avec une extrême-droite, (les Démocrates de Suède (SD) menés par Jimmie Akesson) forte de 20 sièges au Parlement, une institution à laquelle elle n'a jamais pu accéder jusque-là. Une percée historique pour les uns, une angoisse légitime pour les autres : «Je suis inquiet de cette victoire. Ils ont utilisé l'islamophobie pour obtenir des voix auprès de l'opinion suédoise. Je me sens mal, mais je suis heureux qu'aucun parti suédois ne souhaite discuter avec eux (…) Je pense que la victoire du parti d'extrême droite sera très courte et sans aucun résultat. Les Suédois n'aiment pas le racisme, le fascisme et le nationalisme. Ils veulent vivre en paix avec nous», a confié au webzine Saphirnews Mahmoud Aldebe, secrétaire général de l'Association musulmane de Suède (SMF). Il n'en demeure pas moins que l'image des Musulmans, reproduite par le parti Sverigedemokraterna dans sa publicité électorale et finalement censurée à la télévision, est plus qu'éloquente : le Suédois lambda a peur de voir l'argent de sa retraite et de son confort social aspiré, tel un vampire derrière sa burqa, par une communauté hermétique et prolifique, parasite ingrat d'un système en manque croissant de ressources financières… Le tout sur fond de statistiques policières affirmant qu'en Scandinavie 70% des délits et des crimes sont commis par des Musulmans». Manipulation mathématique quand tu nous tiens…
Italie, Croissant vert sombre contre Croix rouge sang ?
En Italie, terre du Vatican, la situation n'est guère plus reluisante. Dans ce pays à la tradition chrétienne fortement ancrée dans la société comme dans la sphère politique, l'extrême-droite, représentée notamment par la Ligue du Nord (alliée au Peuple de la Liberté de Silvio Berlusconi) gagne chaque jour du terrain. Une extrême-droite dont certains leaders, ouvertement nostalgiques du fascisme mussolinien, s'alimentent des faits divers de la presse populiste d'une Italie en crise ne sachant plus où «caser» ses 1,2 million d'immigrés musulmans, essentiellement maghrébins, issus de milieux pauvres et majoritairement illettrés. Expulsion d'imams intégristes algériens appelant au meurtre des enfants chrétiens et juifs et au viol des femmes «impies», excision de fillettes noires africaines au nom de l'islam, imposition de la burqa et de la polygamie aux femmes égyptiennes, assassinats de jeunes Marocaines par leur père ou leur frère pour leur relation avec un Italien… La triste réalité est tout simplement que la puissante UCOII (Union des Communautés Islamiques d'Italie), entre les mains des Frères Musulmans, a trouvé dans ce pays à la justice prônant le respect quasi aveugle de la culture d'autrui, le terreau fertile à l'expression du fondamentalisme le plus obscur. Celui-là même qui est sévèrement réprimé dans les pays d'origine des migrants, dont le Maroc. Face à ce radicalisme d'un autre âge, l'islam modéré n'a actuellement presque aucun droit de cité au pays de la botte, si ce n'est les voix de très rares militantes féministes.
Etats-Unis, l'autodafé n'aura pas lieu
Et c'est peut être bien là, au risque de se répéter, que réside la plus grosse racine de la peur. Dans ce dangereux amalgame entre islam et islamisme, islam social et politique, islamisme et terrorisme. Aux Etats-Unis, le phénomène est encore plus criant. Pour nombre d'analystes, si des tensions interreligieuses étaient déjà perceptibles en Europe depuis le début des années 80 avec l'installation définitive des premières vagues de travailleurs immigrés maghrébins avec leur famille en Europe occidentale, le véritable «schisme» au pays de l'Oncle Sam, terre d'accueil historique, s'est produit le 11 septembre 2001. Réputé jusque-là pour son melting pot, coexistence pacifique entre les mille et une communautés ethniques et religieuses, le colosse au pied d'argile a vu son American Dream s'effriter après les attaques terroristes du «9/11» et la croisade sanguinaire contre «L'Axe du mal» lancée par un George W. Bush Junior belliqueux soutenu par le lobby américain pétrolier… et les fondamentalistes chrétiens ou encore les très influents évangéliques protestants (25% de la population). C'est d'ailleurs un de leurs représentants radicaux, le révérend Terry Jones, qui comptait brûler des exemplaires du Coran le 11 septembre 2010, en signe de protestation contre la construction d'un centre culturel islamique à proximité du Ground Zéro. Avant de se rétracter devant la crainte de la communauté internationale d'un embrasement planétaire plus incendiaire encore que celui provoqué par les caricatures du Prophète voilà 4 ans : Les terroristes du 11 septembre 2001 ont tenté de déclencher un conflit entre les différentes confessions, mais en tant qu'Américains nous ne sommes pas et ne serons jamais en guerre contre l'islam. Ce n'est pas une religion qui nous a attaqués le 11 septembre, c'est Al Qaïda - une triste bande d'hommes qui ont perverti la religion». Une déclaration de Barack Obama applaudie par les 7 millions de Musulmans Américains. Mais que pèse la voix de ces derniers face aux vociférations assourdissantes des ultra-conservateurs et des 52% d'Américains républicains qui attaquent sans pitié un président accusé d'être «un chrétien converti resté musulma» et un «ami des impérialistes islamistes» ? «Le plus préoccupant est sans doute la ligne de partage qui s'est fait jour dans le paysage politique américain. Il ne s'agit plus des démocrates contre des républicains, mais plus simplement des tolérants contre des intolérants (…) La question de la place de l'islam aux Etats-Unis est un problème que nous connaissons bien en Europe. Mais que nous ne traitons pas nécessairement de la meilleure façon, car il véhicule autant de peur, autant de fantasmes et de caricatures aux Etats-Unis; avec une dimension et une tension supplémentaires liés au poids relatif de la communauté musulmane (..). Mais partout les questions sont les mêmes. Tant il est difficile de lutter contre la méconnaissance d'une religion qu'une opinion ne voit, le plus souvent, que par les exactions des extrémistes…», analyse Jean-Marie Colombiani sur son site. Très juste conclusion.
Ils ont déclaré
Samy Debah.
Président du Collectif contre l'Islamophobie en France (CCIF)
«On nous parle d'assimilation. Tenez, prenez le peuple juif en France. Il a tout fait en matière d'assimilation, allant jusqu'à changer ses propres prénoms et noms de famille. Certains ont abandonné leur religion, d'autres sont devenus catholiques pour se protéger. Est-ce que cela a empêché pour autant le génocide ?»
Alain Finkielkraut.
Nouveau philosophe français
«En France, on voudrait bien réduire les émeutes à leur niveau social. Voir en elles une révolte de jeunes de banlieues contre leur situation, la discrimination dont ils souffrent et contre le chômage. Le problème est que la plupart de ces jeunes sont noirs ou arabes et s'identifient à l'islam… il s'agit d'une révolte à caractère ethnico-religieux.»
Ekmeleddin Ihsanoglu.
Secrétaire général de l'Organisation de la conférence islamique
«L'islamophobie est un concept erroné. Les gens n'ont rien à craindre de l'islam. Ce n'est une menace pour personne ni pour aucune civilisation. L'islam a contribué au progrès de l'humanité. Il est, tel que je le comprends, compatible avec la vie moderne, avec la démocratie»
Robert Redeker.
Professeur de philosophie français
«L'islam tente d'obliger l'Europe à se plier à sa vision de l'homme. Comme jadis avec le communisme, l'Occident se retrouve sous surveillance idéologique».
Jacques Attali.
Politique et écrivain français
«La présence d'une importante communauté musulmane en Europe est un formidable atout dans un monde où les musulmans seront bientôt deux milliards. Il faut avoir la fierté d'admettre que l'Islam est une des dimensions fondatrice et positive du passé et de l'avenir de l'Europe».
«Une société informée n'a pas de phobie».
Rencontre avec Roberto Mahlab Co-Fondateur du site de partage littéraire «concertodisogni.com»
Propos recueillis par Mouna Izddine
L'Observateur du Maroc. Avant tout, peut-on parler d'islamophobie en Italie ?
Roberto Mahlab. Je trouve que l'islamophobie est un bien grand mot. Il n'y a pas de «choc» entre l'Occident et l'Islam, pour la simple raison que cette opposition n'existe pas. Une société qui est informée n'a pas de phobie. Or, le vrai souci en Italie est que la majeure partie des Musulmans, adeptes de l'islam vrai, spirituel, tolérant et modéré, ne sont pas entendus, alors que la parole est donnée aux radicaux. A tel point que l'opinion publique italienne s'est forgé une idée fausse et étriquée des Musulmans d'Italie, et de l'Islam en général. C'est cela qu'il faut combattre aujourd'hui, la désinformation, lit du rejet de l'autre, et qui fait également le jeu des intégristes.
Vous défendez l'idée d'une alliance avec les femmes contre le fondamentalisme religieux.
Aux personnes qui disent aux Musulmanes d'Italie de se soulever et de se défendre d'elles-mêmes, je rétorque que c'est comme demander à un nageur qui se noie de se sortir seul de l'eau. Dans tout système totalitaire, les femmes sont assujetties, car elles ont le pouvoir unique de lire dans les hommes, de leur donner des fils, de transmettre la vie, les valeurs et les traditions. Et parce que toutes les femmes du monde possèdent une mémoire collective de persécution de leurs semblables, elles ont conscience de leur situation inhumaine et injuste. Mais sans notre aide, Italiens et Européens de tous bords et de toutes confessions, les femmes musulmanes ne viendront jamais à bout de l'obscurantisme. C'est avec la majorité islamique démocrate, hommes et femmes, qu'il faut dialoguer et s'allier afin de bâtir un mur contre le fondamentalisme, et construire une société italienne et européenne juste, égalitaire et sécure pour tous. Sans cette alliance, après les femmes, d'autres victimes tomberont demain…
Vous êtes un fervent défenseur du micro-crédit et de l'intégration socioculturelle des femmes par la production locale de richesses. Pensez-vous que la contribution des arabo- musulmanes devrait être uniquement d'ordre économique ?
Non, elle va bien au-delà. Je suis convaincu qu'elles détiennent la capacité de ramener la société italienne, et les sociétés européennes en général, aux valeurs fondamentales que celles-ci ont perdues avec la modernisation. Pour avoir moi-même été nourri de culture orientale, je connais toutes les vertus de ces valeurs de famille, de travail, de solidarité, de partage, de respect... D'amour de la vie et des autres, tout simplement. Les femmes en général ont cette aptitude extraordinaire à se fondre dans la société dans laquelle elles vivent, sans chercher à imposer leur présence et leurs idées par la force et la violence. Et les femmes musulmanes en particulier, que j'ai eu l'occasion de côtoyer, vivent leur religion d'une manière très spirituelle et sereine, à mille lieues de la vision radicale, politisée, ou expansionniste de tous ces hommes qui sont parvenus à détourner l'Islam originel pour servir leurs propres intérêts.


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