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Brisant les carcans sociaux, Leila Slimani, en quête d'exploration humaine
Publié dans Hespress le 11 - 05 - 2024

Révoltée par nature, Leila Slimani, à travers sa plume, aspire à transcender les stéréotypes sociaux et à faire entrer le lecteur dans un univers où les jugements s'évaporent et où l'acceptation de l'autre prône. A l'occasion de la 29e édition du salon international de l'édition et du livre (SIEL) 2024, Leïla Slimani, partage son parcours littéraire et personnel. Jardin de l'ogre, Chanson douce, le parfum des fleurs de la nuit, ou encore Mathilde, sont tous des titres qui résonnent dans l'esprit du public, divisé entre ceux qui louent ce courage et ceux qui critiquent cette ouverture jugée parfois "extrémiste".
Plus qu'une présentation d'un nouveau livre, cette rencontre spéciale au SIEL se veut une occasion idoine pour explorer les mystères d'une figure majeure de la littérature contemporaine, Leïla Slimani. Modéré par Soukaina Regragui, cet entretien passe en revue les succès littéraires de cette écrivaine franco-marocaine reconnue pour sa capacité à capturer la complexité de l'âme humaine.
Interrogée sur l'un de ses romans les plus percutants, « Le Jardin de l'ogre« , Leila Slimani estime que " ce dernier est une exploration audacieuse de la sexualité féminine, suivant le parcours d'une femme prise dans les méandres de l'addiction sexuelle. Au Maroc, le livre a suscité des réactions variées, comme on peut s'y attendre lorsqu'on aborde des sujets aussi sensibles. Certains lecteurs ont salué le courage de briser les tabous autour de la sexualité féminine, tandis que d'autres ont été plus réticents, peut-être en raison de l'audace avec laquelle j'ai abordé le sujet. Mais au-delà des réactions individuelles, ce roman a surtout marqué le début d'une exploration plus profonde de la condition humaine à travers mes écrits, une exploration qui transcende les frontières géographiques et culturelles ".
©Mounir Mehimdate
"Une semaine qu'elle tient. Une semaine qu'elle n'a pas cédé. Adèle a été sage. En quatre jours, elle a couru trente-deux kilomètres. Elle est allée de Pigalle aux Champs-Élysées, du musée d'Orsay à Bercy. Elle a couru le matin sur les quais déserts. La nuit, sur le boulevard Rochechouart et la place de Clichy. Elle n'a pas bu d'alcool et elle s'est couchée tôt. Mais cette nuit, elle en a rêvé et n'a pas pu se rendormir. Un rêve moite, interminable, qui s'est introduit en elle comme un souffle d'air chaud. Adèle ne peut plus penser qu'à ça. Elle se lève, boit un café très fort dans la maison endormie. Debout dans la cuisine, elle se balance d'un pied sur l'autre. Elle fume une cigarette. Sous la douche, elle a envie de se griffer, de se déchirer le corps en deux. Elle cogne son front contre le mur. Elle veut qu'on la saisisse, qu'on lui brise le crâne contre la vitre. Dès qu'elle ferme les yeux, elle entend les bruits, les soupirs, les hurlements, les coups. (...) Elle veut être une poupée dans le jardin de l'ogre", rapporte-t-on de la préface du roman. Adèle, femme qui veut explorer les pulsions féminines, mais en extrême. Une description aussi fine, délicate et intime, laisse penser que Leila Slimani se cache derrière ces et (ses) personnages ?
En réponse, Leila Slimani infirme cette pensée et avance qu'elle se considère plutôt une menteuse et que la littérature est un grand mensonge porteur de vérité où elle fuit la morosité de la vie quotidienne. En ce sens, elle ajoute que l'écrivain est un marionnettiste qui fait bouger ses marionnettes pour explorer les pensées les plus sombres de l'esprit humain.
En pleine extase, Leila Slimani baigne quand elle écrit et quand elle est dévorée par une autre histoire. Une évasion célébrée en 2016 où l'écrivaine a été lauréate du prix Goncourt pour son roman « Chanson douce« , un bouquin poignant qui a touché des milliers de lecteurs à travers le monde. Pourtant, même avant ce succès retentissant, Leila Slimani est reconnue pour son courage à aborder des sujets souvent considérés comme tabous.
©Mounir Mehimdate
Une femme addicte au sexe et musulmane, Leila Slimani a préféré passer sous silence l'aspect religieux ? D'après ses propos, l'écrivaine a eu une autre manière de voir les choses : " D'un point de vue littéraire, ça n'aurait pas été intéressant. Pour quelle raison ? Parce que les gens n'auraient été focalisés que là-dessus. Donc toute la question autour de cette femme aurait tourné autour de son identité, autour de sa religion. Or, en tant qu'autrice, je voulais qu'on regarde la femme. Je voulais qu'on enlève tout ce qui avait trait à son identité, à sa religion, qu'on s'intéresse à cet être humain, à l'âme de cette femme. Et je trouve qu'aujourd'hui, dans la façon dont les médias, les critiques littéraires et même malheureusement un peu parfois le public de lire, il y a trop de biais sociologiques. On veut trop expliquer les gens par là où ils sont nés, par leur religion, par leur appartenance, en oubliant ce qui fait de nous tout simplement des êtres humains. Donc moi je fais souvent le choix dans mes livres d'essayer d'avoir le moins de biais sociologiques entre le lecteur et le personnage", ajoute-t-elle.
Tel un livre, Leila Slimani est critiquée pour être très ouverte et certains affirment que tous ses lecteurs la connaissent par cœur. Pour elle, et comme disait Friedrich Nietzsche " Parler beaucoup de soi peut être un moyen comme un autre pour se cacher", l'écrivaine estime que " la littérature est une invitation à explorer la complexité de l'existence humaine, à travers des histoires qui défient les perceptions et les préjugés. En éliminant autant que possible les biais sociologiques, je cherche à offrir aux lecteurs une expérience immersive, où ils peuvent se connecter avec les personnages au niveau le plus profondément humain. Cela ne signifie pas ignorer les réalités sociales ou culturelles, mais plutôt les intégrer de manière subtile pour enrichir la trame narrative, plutôt que de la définir. Mon objectif est de créer des récits qui résonnent avec l'universalité de l'expérience humaine, au-delà des frontières géographiques ou culturelles, et qui encouragent la réflexion et l'empathie chez mes lecteurs ".


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