Au moment où l'on plaide pour une émancipation de la société et une évolution positive sur la voie de la démocratie, des voix rétrogrades veulent nous tirer vers le bas. Le dernier exemple en la matière est illustré par un membre du Conseil des Oulémas qui exige le jugement du député Omar Balafrej, qui demande la suppression des sanctions pénales à l'égard de la sexualité hors-mariage. Primo, Balafrej est un représentant de la Nation élu par les Marocains. Il est donc de son ressort de proposer et de défendre ses idées et son courant qui représentent ceux qui ont voté pour lui. À charge, pour les autres formations politiques, d'accepter ou de refuser cette proposition. C'est l'essence même de la démocratie. Secundo, ce membre du Conseil des Oulémas ignore-t-il le fond de la mission de ce conseil présidé par le Commandeur des croyants, et qui n'a pas le pouvoir d'exercer une quelconque tutelle sur le système démocratique,mais de prôner un islam modéré et dans l'air du temps? Tertio, notre «ami» gagnerait à bien lire la Constitution de 2011, celle-là même qui donne de larges prérogatives au processus démocratique et qui défend les libertés individuelles. Cette maladresse ne doit pas passer inaperçue pour ne pas constituer une malencontreuse jurisprudence qui tende à tirer le Maroc vers «l'égyptisation» des esprits (tordus). L'on attend du Conseil supérieur des Oulémas une réaction pour recadrer son membre et, le cas échéant, l'évincer afin de sauvegarder la crédibilité de cette institution et son respect dû par les Marocains. Au Maroc, nous avons une exception salutaire illustrée par le Commandement des croyants qui ne permet à personne de produire des fatwas, ce qui épargne au royaume, justement, ce genre de dérapages qui tentent d'instaurer un diktat et de prendre en otage une société qui tend plus vers la modernité que vers l'obscurantisme. Le traitement avec passivité de ce cas offrirait un terrain fertile à son étendue!