Décidément, les Espagnols ne lâchent plus de vue la tomate marocaine. Ils attendent les marocains au tournant et poussent cette fois-ci le bouchon un peu trop loin. Certaines associations espagnoles vont jusqu'à accuser l'Apefel (1) de recourir à la fraude pour exporter ses productions de tomate vers les pays de l'Union européene. Allégations que cette association rejette vigoureusement et qualifie à son tour de diffamatoires. Mais au-delà, ces allégations n'ont apparemment rien de surprenant, comme tient à le préciser Samir Tazi, responsable du dossier à l'Apefel. «Les Espagnols nous sortent le même refrain quant au non respect du quota de nos exportations. Chaque fois que nous assistons au comité de la tomate qui se tient deux fois par an à Bruxelles, les ibériques ne manquent pas de nous agresser». Et de poursuivre «ils utilisent cette brèche comme moyen pour faire pression sur Bruxelles afin d'obtenir plus de subventions». En effet, l'association marocaine n'a exporté vers le marché européen au mois d'octobre que 17.700 tonnes, en baisse de 35% par rapport au tonnage exporté au cours de la même période de l'année précédente. Des exportations qui se font dans le cadre de l'accord de libre échange avec l'Union européenne. Elles entrent sur le marché européen au prix préférentiel contingenté à hauteur de 213.000 tonnes par an. «La partie espagnole fait l'amalgame entre ce quota et les autres quantités que le Maroc peut exporter vers l'Union européenne, dans le respect des règles et procédures douanières en vigueur dans le cadre de l'organisation mondiale de commerce», soutient Samir Tazi. Des contrôles très rigoureux Pour la gestion du contingent à prix préférentiel, le contrôle se fait à travers une commission mixte (EACCE(2)/OMC) qui se tient une fois par mois et qui peut jouer la carte de la sauvegarde en cas de fraude. Quant aux exportations sur le régime général de l'OMC, l'exportateur est tenu par un engagement vis-à-vis de l'EACEE, et doit remettre des justifications de toutes ses exportations dans un délai maximum de 10 jours. «Les exportateurs sont autocontrôlés rigoureusement entre autre dans l'objectif d'éviter tout sorte d'ambigüité que les Espagnols pourraient éventuellement instrumentaliser», précise Tazi. En effet, l'EACCE organise avec le consensus des exportateurs, des contrôles internes une à deux fois par mois. Tout dépassement enregistré de la part d'un exportateur dans le cadre de l'OMC est sanctionné sur son quota du mois suivant.