Benkirane à la CGEM pour une réunion sur le climat des affaires, un fait loin d'être anodin. Et pour cause, c'est la première fois qu'un chef du gouvernement est l'invité de la Confédération patronale. Que faut-il donc déduire de cette Première ? D'abord, les observateurs y voient un pas de plus du chef de gouvernement dans sa stratégie visant à rencontrer un maximum d'acteurs de la scène économique et sociale au cours de cette rentrée et à la veille de la divulgation du contenu du projet de loi de finances 2013. Déjà depuis le début de semaine, Benkirane a réservé plusieurs audiences aux représentations syndicales. À présent, ce serait le tour du patronat. Dans ce registre, il s'agit clairement pour la présidente de la CGEM de marquer le coup auprès de fédérations professionnelles, en leur donnant la possibilité de s'entretenir avec le chef de l'Exécutif dans un contexte où le bureau de la CGEM tente d'instaurer une nouvelle dynamique de partenariat avec le gouvernement. À ce titre, rappelons que les derniers mois du mandat de Mohamed Horani à la tête du patronat ont été marqués par la signature d'un mémorandum d'entente avec le gouvernement Benkirane, devant renforcer le partenariat entre les deux parties. Ce partenariat est censé prendre une nouvelle ampleur, si l'on se fie aux déclarations de la patronne des patrons, Miriem Bensalah. Cette dernière, depuis son investiture, avait insisté sur le fait que la relance de l'économie ne peut se faire sans que les secteurs privé et public n'allient leurs forces. Ce message avait déjà été transmis à Benkirane, qui avait accordé une première audience au bureau de la CGEM en août dernier, durant laquelle les deux parties avaient projeté de faire de l'entreprise un vecteur de la relance économique. Aujourd'hui, les choses sont-elles en train de se concrétiser ? En faisant du climat des affaires l'objet de la rencontre du 19 septembre courant, il semblerait bien que oui. Le chef de gouvernement devrait en effet être interpellé par les différents représentants du secteur privé sur les mesures à prendre pour améliorer le climat des affaires, surtout que Abdelilah Benkirane avait annoncé, dans la lettre de cadrage de la loi de finances, que ce serait là l'un des points prioritaires sur lesquels devrait se pencher l'Exécutif. De plus, contrairement aux initiatives des dernières années, qui avaient permis au Maroc de se distinguer dans le doing business 2012, l'investisseur étranger n'est plus mis en avant comme cela était le cas auparavant, pour décider des mesures d'amélioration du climat des affaires. On nous confie en effet auprès du Comité national pour le climat des affaires que «le plan d'action actuel prend d'abord en compte les besoins des entreprises nationales». En d'autres termes, l'enjeu est aujourd'hui d'intégrer les doléances du patronat marocain. Cependant, est-il réellement possible de le faire dans le contexte actuel ? Rien n'est moins sûr. Selon des sources syndicales, «le chef de gouvernement a déjà fait savoir que ses marges de manœuvres étaient réduites et qu'il ne pouvait pas promettre de grands sacrifices, notamment financiers, pour le dialogue social». Il s'agirait donc aujourd'hui d'en faire de même avec les entreprises. D'un côté, la rencontre de la semaine prochaine permettra de recueillir les doléances des opérateurs, mais sera aussi l'occasion pour le chef de gouvernement de convaincre que s'il n'y a pas de grandes révolutions au niveau du projet de loi de finances 2013, cela ne réduirait en rien la volonté de l'Exécutif d'aller de l'avant. C'est du moins à quoi l'on s'attend auprès des opérateurs. En tout cas, ce qui est sûr aujourd'hui, c'est que pour le patronat, «l'amélioration du climat des affaires passe nécessairement par la simplification des procédures pour les entrepreneurs, l'amélioration et la simplification du système fiscal et le développement des e-services de l'administration publique». Si pour la fiscalité, il faudra attendre les prochaines assises, prévues en février 2013, pour les autres mesures, le gouvernement sera attendu au tournant, vu leur faible impact budgétaire. Ce sera vraisemblablement le point sur lequel devraient insister les représentants du secteur privé.