Le Maroc célèbre aujourd'hui le deuxième anniversaire du séisme dévastateur d'Al Haouz. Deux ans après ce tremblement de terre qui a coûté la vie à environ 3.000 personnes et sinistré plusieurs zones montagneuses dans diverses provinces du Royaume, le processus de reconstruction est en cours, mais à un rythme jugé lent. C'est une piqure de rappel douloureuse ! Le mercredi 3 septembre dernier, aux environs de 4 h25 à l'aube, une secousse d'une magnitude de 4,5 sur l'échelle de Richter est venu réveiller les habitants de la province d'Al Haouz, soit exactement cinq jours avant l'anniversaire du séisme dévastateur de septembre 2023. Un tremblement de terre meurtrier et dramatique, qui a couté la vie à environ 3.000 personnes, et dont le Maroc célèbre les deux ans aujourd'hui même. Et il faut le dire, deux ans après le séisme d'Al Haouz, se dégage l'impression d'une dichotomie entre la gestion d'urgence spectaculaire de la catastrophe, et celle, actuelle, de la phase de reconstruction. Si la mobilisation pour gérer la crise a été exceptionnelle et saluée à sa juste valeur, la réhabilitation des zones sinistrées et le relogement des habitants déplacés demeurent encore un vrai défi. D'ailleurs, en ce jour anniversaire de ce terrible événement, la Coordination nationale des victimes du séisme d'Al-Haouz prévoit d'organiser une nouvelle manifestation, pour exprimer sa colère, cette fois, devant le Parlement à Rabat. Dans un communiqué publié la semaine dernière, elle continuait de fustiger «la précarité» des populations impactées, en plus de plusieurs irrégularités dans la gestion du processus de reconstruction. Réalisations Pourtant, du côté des pouvoirs publics, la communication est plutôt rassurante sur la gestion de cette phase, censée se terminer en 2029 au plus tard. C'est ce à quoi s'affaire l'Agence de développement du Haut Atlas, créée quelques semaines après le séisme, avec un programme d'urgence de reconstruction, doté d'un budget de 120 MMDH. Cette structure commence à s'activer, mais tout porte à croire que la tâche exigera une détermination et une efficacité aussi fortes que celles dont le Maroc fait preuve pour concrétiser les chantiers de la CAN et du Mondial 2030. En tout cas, à l'issue de la réunion de la commission interministérielle chargée du suivi du programme de reconstruction, tenue le 10 juillet dernier sous la présidence du chef du gouvernement Aziz Akhannouch, l'Exécutif indiquait que 46.650 familles ont pu achever la construction ou la réhabilitation de leurs habitations. Quant au soutien financier global à la reconstruction, il se situait à plus de 4,2 MMDH, alors que les aides d'urgence, fixées à 2.500 DH par mois, ont mobilisé une enveloppe de 2,4 MMDH. Réalité différente ? L'Exécutif se félicite de ces chiffres, mais sur le terrain, difficile de constater un changement véritable de la configuration des villages touchées depuis lors. D'ailleurs, la Coordination nationale des victimes du séisme d'Al-Haouz parle ouvertement de «chiffres officiels déconnectés de la réalité». D'autres associations de victimes sont du même avis, et toutes appellent à plus de transparence et d'efficacité dans la gestion de cette phase tout aussi importante pour un retour à la normale pour les familles sinistrées. À ce propos, il faut rappeler que, selon le gouvernement, sur 129.000 abris recensés après le séisme, il n'en resterait plus que 47, dont le démantèlement est prévu durant ce mois de septembre. En outre, plusieurs tronçons routiers, situés dans ces zones, sont déjà refaits ou en cours de réhabilitation. C'est le cas de la route nationale RN7 reliant Sidi Smail à Tiguezmert (Tata), avec des taux d'avancement compris entre 25% et 65%, tandis que 165 kilomètres de routes et 29 ouvrages d'art sont en construction, pour un budget de 920 MDH. Enfin, le bilan officiel se félicite également des réalisations dans divers autres secteurs, comme ceux liés à l'éducation, avec 269 établissements scolaires réhabilités ou reconstruits et la rénovation de 70 centres de santé, en plus d'un appui financier apporté à 229 établissements touristiques. Reconstruction : la communauté internationale se mobilise Depuis le séisme d'Al Haouz, les partenaires financiers et bilatéraux se mobilisent pour contribuer au financement du programme de reconstruction d'Al Haouz. C'est le cas du Fonds monétaire international, qui avait rapidement décaissé un financement de 1,3 milliard de dollars (environ 10 MMDH) dans le cadre de sa Facilité pour la résilience et le développement durable. Pour sa part, l'Union européenne a acté sa contribution à ce programme avec un montant de 190 millions d'euros (environ 2 MMDH). La BEI (Banque européenne de l'investissement) a, pour sa part, décidé de mettre sur la table 1 milliard d'euros, en plus de divers autres partenaires du Royaume, à l'image des pays du Golfe, notamment les Emirats Arabes Unis. L'ensemble de ces contributions témoigne de la solidarité internationale agissante à l'endroit du Maroc, qui a réussi, dans un premier temps, à gérer de façon quasi exclusive, les premières étapes de cet événement qui avait eu un écho planétaire. Abdellah Benahmed / Les Inspirations ECO