L'Association permanences du judaïsme marocain (APJM) a organisé, les 10 et 11 mars, un colloque international sur le thème «Continuité et/ou discontinuité du judaïsme marocain ?». Le but de la conférence à laquelle ont participé des universitaires musulmans et juifs marocains, des historiens et des chercheurs, était de savoir si une cohabitation des deux religions était toujours possible, à l'image du Maroc. La communauté juive marocaine, présente depuis deux millénaires, est en effet un bon exemple d'intégration. En atteste la trace qu'elle a laissée dans la culture et dans l'histoire marocaines. Ce point a d'ailleurs fait l'objet d'un consensus parmi les participants qui ont tous loué leur coexistence pacifique au sein de la même nation. Il a été question en l'occurrence de la «Dhimma», qui assurait aux gens du Livre autant de droits qu'aux musulmans, mais aussi autant de devoirs. Des interventions, dont celle de l'artiste Françoise Atlan ou de Ali Ouidani, le président de l'association «Arraw N'Ghriss» de Goulmima, sont venues étoffer la conférence. Ce colloque était organisé en collaboration avec, entre autres, le département d'études hébraïques de l'Université Paris-VIII, la Casa de Safarad de Cordoue (Espagne), le Centre de recherches sur les juifs du Maroc, le Groupe de recherches et d'études sur le judaïsme marocain et la communauté israélite de Marrakech. Un périple à travers l'histoire L'APJM, initiatrice de cette manifestation, a été fondée par Arrik Delouya, un sociologue chercheur originaire de Marrakech et président de l'association. Cette dernière a pour vocation de faire connaître, promouvoir et entretenir le patrimoine judéo-marocain qui, selon Delouya, tend à sombrer dans l'oubli. En parallèle du colloque, l'APJM prévoit une visite des hauts lieux historiques du judaïsme. Ce périple, qui durera jusqu'au 21 mars, emmènera les participants à l'Oukaïmeden, dans la vallée d'Ourika, et à Essaouira, Tinghir et Merzouga. L'organisation de ce colloque, considéré par ses participants, comme une rencontre scientifique, avait toutefois engendré des actions de protestations au Maroc : le Groupe national pour le soutien à l'Irak et à la Palestine avait organisé, le mercredi dernier à Marrakech, une manifestation pour dénoncer la tenue de ce colloque. Attajdid, journal proche du PJD, a versé dans le même sens dans son édition du week-end dernier, «craignant une régularisation des relations diplomatiques avec Israël». Un hebdomadaire national était allé jusqu'à avancer, il y a deux semaines, que Tzipi Livni et Ehud Barak, seraient présents au colloque. Contacté par Les Echos quotidien, Arrik Delouya, le président de l'APJM, avait démenti cette information.