Aujourd'hui, les inspecteurs du travail observent une journée de grève nationale. Ils réclament une revalorisation de leur statut et une rencontre avec leur ministère de tutelle. Les inspecteurs du travail ont le sens du symbole. Le 1er mai, jour de la fête internationale du travail, ils se sont mis en grève comme beaucoup de Marocains. Un peu plus d'un mois après, les inspecteurs remettent ça lors d'une nouvelle date clé, à savoir le 8 juin, date anniversaire de l'entrée en vigueur du nouveau code du travail (8 juin 2004). L'appel à la grève est national et cosigné par quatre syndicats (UMT, CDT, FDT, UGTM). Principale revendication des inspecteurs du travail : la revalorisation de leur statut particulier. Abdessamad Assim est inspecteur et secrétaire général du Syndicat national des inspecteurs et fonctionnaires du ministère de l'Emploi. Chemise bleue et jaune sur le dos, il estime que le statut actuel des inspecteurs ne les différencie pas des autres fonctionnaires du ministère. «Nous voulons un statut et des droits particuliers, pas un statut à zéro dirham ! », indique-t-il avec un air déterminé. Prime d'habit La revalorisation de leur statut spécifique n'est pas l'unique revendication de M.Assim et de ses collègues. Les inspecteurs du travail réclament en effet une hausse des salaires et une indemnité de risque. Autre exigence originale des fonctionnaires : une prime d'habit, car «l'inspecteur du travail se doit d'être présentable lorsqu'il fait ses contrôles», d'après Abdessamad Assim. Les grévistes pointent aussi du doigt le manque de formation. «Il faut au moins cinq ans pour former quelqu'un et ici il n'y a même pas de formation initiale», regrette le secrétaire général du Syndicat national des inspecteurs. Sourire au coin, il se plaît à rappeler qu'en France, les inspecteurs du travail doivent suivre une formation de dix-huit mois avant d'entrer en fonction, alors qu'au Maroc ils se forment sur le tas dans leurs délégations. Si une formation continue existe bel et bien pour les inspecteurs marocains, les syndicats considèrent que cela est loin d'être suffisant. Quoi qu'il en soit, cette nouvelle journée de grève révèle un peu plus les tensions palpables entre les syndicats et le ministère de l'Emploi. «On n'a été poussé à faire cette grève, on a plus le choix, explique M. Assim. Le ministère a toujours refusé le dialogue et ne veut pas entendre parler de nos revendications». Seules deux rencontres ont eu lieu entre les syndicats et le ministère, en 2007 et en 2010. Malgré les journées de grève, les syndicats n'ont pas été reçus depuis plus d'un an. Pour le secrétaire général du Syndicat national des inspecteurs et les autres organisations syndicales, c'en est trop. Si aucune rencontre avec le ministère n'est organisée après la grève d'aujourd'hui, M. Assim assure qu'ils passeront à la vitesse supérieure : «Si rien ne se passe, on écrira directement au Premier ministre pour régler nos problèmes». Benjamin Roger (stagiaire)