Une cinquantaine de personnes se sont rassemblées dimanche matin, devant l'immeuble abritant la rédaction du journal arabophone Akhbar Al Yaoum, et se sont violemment attaquées à la ligne éditoriale du journal, qu'ils ont qualifiée de « contraire aux sacralités du Royaume ». Arborant photos du roi, drapeaux du Maroc, et autres pancartes invitant au boycott du titre, les manifestants n'ont pas hésité à insulter les journalistes et surtout Taoufik Bouachrine, le directeur de publication. Contacté par Le Soir échos, Bouachrine s'est dit «surpris » de voir des personnes protester devant les locaux de son journal. « Nous avons tenté de discuter avec elles, de connaître leurs doléances, et de savoir si elles étaient en possession d'un communiqué. Ce à quoi elles nous ont répondu par des insultes et des menaces», nous fait-il savoir. Pis encore, les manifestants, dont quelques-uns font partie du mouvement des Jeunes royalistes (anti-20-Février), auraient même tenté d'incendier l'immeuble abritant le journal. « Ils ont failli mettre le feu. Ils portaient tous des briquets et ont tenté d'incendier l'immeuble, si ce n'était l'intervention des agents de sécurité de l'immeuble qui ont réussi à les en empêcher », déplore Bouachrine. « Ils nous ont traités de traîtres. Ils ont menacé nos journalistes. Ils leur ont même envoyé des e-mails », s'étonne le directeur du journal qui a affirmé qu'une réunion devait se tenir ce lundi avec l'avocat du journal, pour décider d'un éventuel recours à la justice. Car, jusqu'à maintenant, « personne ne sait qui parraine ces manifestations, et on ne veut accuser personne », déclare-t-il prudemment, s'étonnant même de la présence d'enfants parmi les 50 manifestants. Pourtant, Bouachrine s'est défendu en insistant sur le fait que sa rédaction veillait continuellement à couvrir « aussi bien les manifestations du 20 Février que celles des Jeunes royalistes». En réaction, et répondant à une question orale d'un élu du PJD, le ministre de l'Intérieur a promis l'ouverture d'une enquête. Vu le caractère aussi inédit que violent de l'attaque contre le journal, ce ne serait pas un luxe.