La Palestine est devenue lundi le 195e Etat-membre de l'Unesco. Cette adhésion, qui marque une victoire diplomatique pour la Palestine, a provoqué la colère des Etats-Unis et d'Israël. En devenant membre de l'Unesco, la Palestine a marqué un point. Véritable victoire diplomatique, l'adhésion à l'Unesco marque une avancée pour la demande de reconnaissance de la Palestine en tant qu'Etat souverain auprès de l'ONU, déposée par l'Autorité palestinienne. Avec 107 voix pour, 52 abstentions et 14 voix contre, l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture a admis de façon largement majoritaire la Palestine dans ses rangs. « C'est vraiment un moment historique qui rend à la Palestine certains de ses droits », s'est félicité devant les Etats-membres de l'Unesco le ministre des Affaires étrangères de l'Autorité palestinienne, Riyad al-Malki. L'Unesco perd 22% de son budget Comme prévu, bien que largement applaudi, le vote a provoqué l'ire de certaines puissances. Ainsi, les Etats-Unis ont répliqué en annonçant la suspension de leurs versements à l'Unesco. Leur contribution représente 22% du budget de l'organisation, une somme non négligeable pour son bon fonctionnement. Prévoyant cette coupe, la directrice générale de l'Unesco, Irina Bokova, admettait vendredi 28 octobre que l'organisation devrait probablement réduire la voilure. « Il faudra couper des programmes, réajuster l'équilibre de notre budget. Mais ce n'est pas seulement un problème financier, c'est un problème qui concerne l'universalité de notre organisation », affirmait-elle. Pour se justifier, le département d'Etat américain s'est dit contraint par deux lois américaines du début des années 1990 qui interdisent en effet le financement d'une agence spécialisée des Nations unies qui accepterait les Palestiniens en tant qu'Etat-membre à part entière, en l'absence d'accord de paix avec Israël. De même, le Canada a annoncé qu'il réfléchissait à sa propre contribution. « Nous ne sommes pas heureux de la décision de l'Unesco. Nous allons évaluer quelle sera notre réponse », a déclaré lundi le chef de la diplomatie canadienne John Baird. Du côté d'Israël, on dénonce une « manœuvre palestinienne ». Le cabinet restreint de Benjamin Netanyahu s'est réuni hier après-midi pour examiner sa réponse au vote de la veille. Interrogé hier matin à la radio publique, le vice-ministre israélien des Affaires étrangères Danny Ayalon a pour sa part estimé que « l'Unesco est devenue une organisation politique en intégrant en son sein un Etat qui n'existe pas, à la suite du vote d'une majorité automatique de ses membres (…) Cette démarche des Palestiniens prouve qu'ils ne veulent ni la paix ni des négociations, mais entendent perpétuer le conflit ». Selon plusieurs sources citées par des journaux israéliens, l'Etat hébreu pourrait réagir en durcissant sa position, notamment en accélérant la construction dans les colonies. De nouveaux droits culturels Concrètement, cette admission à l'Unesco accorde aux Palestiniens de nouveaux droits. Dans ce sens, le ministre de la Culture Siham al-Barghouti a salué « un grand succès » permettant aux Palestiniens de « protéger leur patrimoine et leur culture ». La Palestine pourra présenter la candidature de plusieurs sites au patrimoine mondial de l'humanité. Dans cette perspective, l'Autorité palestinienne avait déjà officiellement présenté, dès février dernier, la candidature de Bethléem au patrimoine mondial. Après Bethléem, l'Autorité palestinienne ambitionne d'inscrire 20 autres sites, dont Hébron et Jéricho.