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Le syndrome de la famille et la politique | Le Soir-echos
Publié dans Le Soir Echos le 08 - 06 - 2012

Dans l'un de ses grands livres, publié dans les années soixante, La Reproduction sociale, le sociologue français, Pierre Bourdieu, annonçait comme un coup de gong : le nom, le statut et la fonction sociale seraient reproductives. Ils pourraient devenir patrimoniaux.
[istiqlal]
La famille El Fassi domine les instances dirigeantes de l'Istiqlal. Abdelouahed El Fassi, fils du leader Allal El Fassi, est donné favori pour la succession à Abbas dont le fils et le neveu sont membres du parti, sans oublier Baraka et El Ouafa, gendre et beau-frère de Abbas El Fassi.
C'est peu dire que son postulat tombe à point nommé, dans un Maroc où la famille – et surtout le patronyme – compte autant que tous les autres attributs. Etrange paradoxe encore, car la culture officielle, celle qui domine nos comportements, inspire nos codes sociaux et notre morale de manière générale, plus elle tend à se populariser et s'élargir aux diverses sphères, moins elle résiste à la tentation de l'élitisme familial. L'histoire des longues et dernières décennies du Maroc reste oblitérée pour ainsi dire par ce schéma familial. Et la politique, surtout lorsqu'elle se dit populaire, ne manque pas de sacrifier à ce dogme.
Le cas Istiqlal
[Ali Elyazghi et son père Mohamed (à droite) et Abderrahim Bouabid et son fils Ali (à droite).]
Ali Elyazghi et son père Mohamed (à droite) et Abderrahim Bouabid et son fils Ali (à droite).
Le Parti de l'Istiqlal n'a pas connu d'autre inspiration, idéologique et spirituelle s'entend, que celle de son père fondateur, Allal El Fassi, dit « Si Allal ». Nulle manifestation officielle ou officieuse, aucune occasion, grande ou petite, organisées par le parti ou ses adeptes n'échappent à son immémorialisation intrinsèque avec, à l'appui, les portraits du leader charismatique. Outre le sacrifice légendaire, mesuré à l'aune de la cruauté coloniale, « Si Allal » continue d'incarner le combat militant pour l'indépendance du Maroc. Et , au-delà, la résistance et la moralité politique. Il pèse, son pèse sur la politique du parti, le cours de son déroulement, les changements qui s'y opèrent, les perspectives de son développement. A telle enseigne, et c'est l'un des traits significatifs , que l'esprit de famille dominera encore la vie du parti et de cette grande famille appelée l'Istiqlal qui ne sait plus se détacher de l'ombre du fondateur. Il en est sorti des ministres, des secrétaires d'Etat, un Premier ministre, des ambassadeurs et des commis de l'Etat dont le nom a fait le Nom... Ce sont ensuite les alliances familiales qui, pour ce qui tient particulièrement de cette formation, se sont hissées en réseaux politiques. Les « Baddou », les Ouafa, les Fassi Fihri, les Chraïbi de Marrakech notamment et autres patronymes emblématiques. Ils ont essaimé, se sont reproduit des générations durant et constituent en fin de compte des « dynasties politiques » au long cours. Sans doute, faudrait-il rappeler que de tels noms restent viscéralement liés à l'histoire et à la mémoire d'une certaine époque. Qu'au-delà de l'assise familiale, devenue une marque distinctive, ils forment une corporation avec ses propres références, sa culture, ses rites et ses traditions. Les membres de la grande famille se retrouvent sur divers « théâtres », la vie privée des cérémonies, la vie publique des ministères, des administrations et des cabinets. Le mode reproduction, c'est d'abord la continuité biologique en quelque sorte.
En témoigne la décision de Abdelouahed El Fassi, fils du leader, médecin de son état qui, contre vents et marées, brigue la fonction de secrétaire général du parti fondé par son père, occupé jusqu'à nouvel ordre par un autre El Fassi, « Si Abbès » de son prénom , lui –même marié à la fille de Si Allal et beau frère de Mohamed El Ouafa, dont on dit qu'il se présenterait à l'élection du nouveau chef du parti. Est-ce à dire que l'interpénétration générationnelle, tissée au long des années de fréquentations, forge des ambitions. Au sein de la même corporation élitique, on découvre aussi la séquence des Douiri, des Ghellab et des Drissi. Une vaste toile qui s'étend et se répand un peu partout, avec des points d'appui dans la politique, l'administration, les affaires, la banque, l'industrie, l'assurance, etc.
Les autres partis n'y échappent pas
En face, autrement dit dans la vaste et contradictoire nébuleuse des patronymes porteurs, les partis comme l'USFP, le Mouvement populaire, voire le RNI , les détenteurs du pouvoir, ou les prétendants ne différent point. Le même processus et une similaire classification nous rappellent que le mythe du nom obéit aux mêmes paradigmes. La société médiatique ou de spectacle, pour reprendre la formule célèbre de Guy Debord, se plaît à valoriser les élites et les puissants du monde. Les familles marocaines célébrées ainsi comme « grandes et sortant du lot », disons ses représentants qui se sont prêtés au jeu de la distinction sociale, font l'objet d'une paradoxale perception : soit la fascination, soit le rejet social. Par les temps du populisme rampant, l'élite politique a tendance à subir un mouvement de révulsion. L'adversité sociale cède le pas à la lutte politique. Il arrive de plus en plus, et les dernières élections législatives nous en ont fourni une preuve supplémentaire, que le discours politique se durcit. Certains candidats ont mené tambour battant une campagne où ils ont focalisé leur lutte contre « les riches », l'élite, les puissants de ce pays, cristallisant politiquement une frustration sociale et, partant, une confuse hostilité envers eux. Il n'y a pas si longtemps encore, on s'étonnait ou feignait d'être même choqué de voir des noms « hors-norme », autrement dit inconnus, figurer ou faire partie d'une liste gouvernementale ! On marquait, d'un geste presque naturel, d'autant plus notre étonnement que la tradition – jamais expliquée et encore moins fondée – nous habituait à des patronymes connus et reconnus surtout. Un visage non médiatisé n'avait pas de nom, et le nom constituait le label, une sorte de sésame social nécessaire. Le syndrome du patronyme n'épargne aucune formation politique, aucun groupe social. Comme l'informe catalyse, il se répand d'une sphère à l'autre sur fond d'élitisme irréductible. S'il est prononcé dans la grande famille istiqlalienne, il est omniprésent dans les autres partis « historiques », à savoir l'USFP, pourtant jeune encore puisque né d'une scission au sein de l'UNFP, du Mouvement populaire où un certain Dr Khatib et Mahjoubi Aherdane ont constitué tour à tour les chevilles ouvrières mais aussi le symbole du clanisme avec, à la clé, la légende du nom. Le RNI, né en 1976 sur les décombres d'une droite informes, avait fonctionné autour des familles, les Osman, les Benyakhlef, les Mansouri dans le Rif, Kouhen, etc... En fin de compte, le nom de famille peut-il être une source ou une finalité du pouvoir ?
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