En se projetant résolument dans une perspective d'avenir, avec une série de chantiers ouverts ou à initier, le roi Mohammed VI reste fidèle à sa logique d'inscrire son action dans la durée et confirme son engagement à mener les lourdes réformes dont le Maroc a besoin. En affirmant que la monarchie est engagée à “assumer les responsabilités de commandement et d'impulsion” au service du citoyen qui est à la fois “l'acteur, le moteur et la finalité” des initiatives royales, le monarque a fait fi des demandes de réforme institutionnelle qui ont animé ces dernières semaines le débat médiatique. Pour autant, il s'est dit résolument engagé à améliorer la “bonne gouvernance publique”, point noir du Maroc d'aujourd'hui. À cet effet, le roi, qui a insisté sur la nécessité de poursuivre la réforme de l'éducation, devrait bientôt annoncer les grandes lignes de la tant attendue réforme de la justice. Sur le fond, la lecture du discours du 30 juillet 2009 donne une idée assez précise des priorités actuelles de Mohammed VI. - L'urgence sociale. Le roi est conscient de la nécessité d'aller encore plus vite dans la lutte contre la pauvreté et l'exclusion. L'INDH, chantier de règne, sera revue et corrigée, avec une meilleure action de proximité et une évaluation des actions menées. De son côté, le gouvernement doit aller vers une “justice sociale” plus marquée. Pour le roi, le Conseil économique et social doit être une “force de proposition” pour la mise en place d'un nouveau “contrat social”. - La lutte contre les inégalités, inégalités territoriales, économiques et sociales dans un contexte de crise internationale. Pour le roi, l'exécutif doit “faire preuve d'une forte détermination et d'une grande créativité” pour trouver “des solutions courageuses”. - Le patronat doit bouger. Pour le roi, la crise économique mondiale dont le Maroc a été relativement prémuni ne doit pas “servir de prétexte à la frilosité et au repli”, mais doit pousser vers “des initiatives économiques audacieuses”. - L'écologie politique est née. C'est nouveau. Le roi consacre dans un discours du trône l'engagement écologique et appelle le gouvernement à élaborer “un projet de charte nationale globale de l'environnement”. - La régionalisation, le vrai début ? “La gouvernance territoriale” est une priorité pour Mohammed VI, comme en témoigne sa volonté de pousser le chantier de la régionalisation avec l'installation prochaine d'une “commission consultative”. Le roi attend du travail de cette commission “une conception générale de ce que pourrait être le modèle marocain d'une régionalisation avancée”. Dans cette optique, la commission devra également proposer un modèle pour les provinces du Sahara. - La diplomatie selon Mohammed VI. Critiqué pour son absence sur la scène internationale et l'illisibilité de son action diplomatique, le roi a profité de son discours pour remettre les pendules à l'heure et préciser sa stratégie diplomatique déclinée en six axes : l'Unité du Maghreb avec une démarche ouverte sur le voisin algérien et un projet d'autonomie pour le Sahara, l'engagement en faveur du peuple palestinien dans le cadre du Comité Al Qods, la politique d'ouverture et de solidarité avec les pays africains, le partenariat avancé avec l'Europe, l'appui à l'initiative de l'Union pour la Méditerranée et l'ouverture sur les autres régions du monde (Amérique latine, Asie…) dans un contexte de mondialisation accrue.