Dans le simili-désert culturel et artistique, certains rendez-vous font office d'oasis de fraîcheur. 1. Des stars à la pelle Mawazine flatte l'oreille et l'go des Marocains. Très peu de manifestations locales peuvent prétendre à un éventail de stars nationales et internationales aussi étoffé. Il y en a pour tous les goûts et pour tous les penchants culturels ; alors pourquoi se priver du déhanchement de Shakira, des rimes puissantes de Kanye West ou de la voix rocailleuse de Joe Cocker ? C'est un plaisir que nous nous offrons une fois dans l'année, un peu à la manière du dernier chocolat grignoté avant un régime draconien. Tellement bon que s'en priver serait bien dommage. 2. Un coup de pouce pour l'hôtellerie Qu'on se le dise, la capitale du royaume n'est pas dans le top of mind des estivaux, au grand dam des hôtels de la place. Faut-il rappeler que ces mêmes hôtels sont des pourvoyeurs d'emplois pour bon nombre de Marocains, contribuant à augmenter le nombre de nuitées de touristes locaux et étrangers au Maroc ? Faut-il aussi rappeler que cette année, la capitale est privée d'un des rares événements pourvoyeurs de touristes, à savoir le trophée Hassan II de golf? Alors, de grâce laissons aux R'batis l'occasion de brasser du touriste et de générer quelques revenus salutaires. 3. Un festival pas si cher que ça Que l'on s'indigne de la dilapidation des deniers publics est une chose, mais que l'on impute le «gaspillage» à un seul et unique rendez-vous en est une autre. Mawazine est le festival qui coûte le moins cher aux contribuables. Au cours de ses 10 ans d'existence, le modèle économique de Mawazine a évolué, privilégiant de plus en plus la contribution des sponsors et des festivaliers, en dépit de la mise préfectorale. Cette dernière ne constitue que 9% du budget alloué, alors que le plus gros des rentrées, soit 54%, est généré par les recettes de la billetterie et des autres activités commerciales annexes aux manifestations. 4. Du pain béni pour les artistes locaux Nous connaissons tous le manque de reconnaissance dont souffrent nos artistes. Il y en a bien qui tirent leur épingle du jeu, mais les autres salueraient bien une scène de 60000 compatriotes. Mawazine rassemble plus de 50 artistes et troupes marocaines. Des concitoyens à qui tous les honneurs sont dus pour leur contribution artistique et qui méritent de briller, ne serait-ce que le temps d'un festival. 5. Faites-vous plaisir, c'est gratuit ! 98% de places sont gratuites, autant dire qu'il y en a pour tout le monde ! Mawazine est l'un des rares rendez-vous nationaux à donner accès à un florilège musical et artistique aussi riche pour… 0DH. En d'autres termes, en 10 ans, nous avons été un peu moins de 7 millions de spectateurs à venir danser, chantonner et nous émerveiller devant les plus grands artistes d'ici et d'ailleurs. La donne n'a pas changé depuis et Mawazine continue à promouvoir l'ouverture, la paix et la tolérance et l'accès à la musique au plus grand nombre de citoyens. 6. Une belle carte de visite Le Maroc, pays hôte de l'une des plus grandes manifestations artistiques au monde, des spectacles inoubliables, des stars… Mawazine est ainsi une excellente publicité pour le pays et un moyen de briller à l'international. En ces temps d'instabilité dans le monde arabe, Maroc Culture nous fait cadeau de l'image d'un Maroc serein, qui a su se préserver de la fièvre révolutionnaire et qui a su gérer les revendications du peuple dans la sérénité. Maintenir un festival aussi grand n'est-il pas la meilleure manière de montrer au monde (et aux partenaires et investisseurs étrangers) que le Maroc est un pays de paix et de stabilité ? 7. Une manne économique et une source d'emplois Rappelons qu'un festival ne se fait pas seul. Chaque année, Mawazine mobilise des ressources humaines, emploie des centaines de travailleurs locaux, saisonniers ou contractuels. Des personnes et des entreprises dont les revenus dépendent de manière directe de l'existence des festivals. Annuler Mawazine ou toute autre manifestation de cet acabit équivaudrait purement à condamner nombre de Marocains au chômage. Une perspective pas très citoyenne en somme. 8. La chance à la jeunesse Mawazine n'est pas seulement une scène pour les grands artistes du monde. Chaque année, Génération Mawazine précède le festival et donne la parole à ceux qui ont du talent, à ceux qui font la nouvelle génération artistique marocaine. Génération Mawazine est une pépinière de talents qui nous a révélé bon nombre de stars nationales, alors pourquoi s'arrêter en si bon chemin et tuer le vivier dans l'œuf ? 9. Une grande consolation Le festival de Dakhla a été raccourci, le Marrakech Grand Prix tout bonnement annulé, celui du film de Tétouan a eu autant d'écho qu'un murmure. A ce rythme, l'année 2011 risque d'être celle d'un Maroc sans festival. Le pays a besoin des manifestations qui rassurent et confortent la politique d'ouverture culturelle et de stabilité. 10. Dix ans, un bilan En une décennie, Mawazine a accueilli l'art de 60 pays. Il a contribué à 12 créations musicales uniques. Il nous a offert 90 jours de spectacles inoubliables et 746 représentations mémorables. Le festival a aussi propulsé 100 nouveaux talents marocains et a reçu 6500 artistes confirmés. Le tout a été décliné sur 1000 heures de spectacles, suivies par 70 millions de téléspectateurs et couvert par 6000 journalistes nationaux et internationaux. Un bilan plus que satisfaisant. Yassine Ahrar