Selon le Global Crypto Adoption Index 2025 publié par Chainalysis, le Maroc se classe 24e au niveau mondial et 3e en Afrique pour l'adoption des cryptomonnaies. Un résultat qui reflète l'engouement des Marocains pour les actifs numériques, malgré un cadre réglementaire encore en construction. Forte adoption malgré l'interdiction Cette progression est d'autant plus remarquable que l'usage des cryptomonnaies reste officiellement interdit par l'Office des Changes et non régulé par Bank Al-Maghrib (BAM). Selon des experts, environ 6 millions de Marocains utiliseraient néanmoins des cryptomonnaies, principalement par le biais d'échanges peer-to-peer. Plusieurs facteurs expliquent l'adoption rapide des cryptomonnaies au Maroc. D'abord, les transferts d'argent : nombreux sont ceux qui utilisent les actifs numériques pour envoyer ou recevoir des fonds depuis l'étranger, évitant ainsi les frais élevés et les délais des services traditionnels. Ensuite, l'investissement et la spéculation : face à l'inflation et au manque d'opportunités d'épargne, certains voient dans les cryptomonnaies un moyen de diversifier leur portefeuille et de générer des rendements. Enfin, la défiance envers le système bancaire classique pousse une partie de la population à privilégier ces solutions, perçues comme plus transparentes et accessibles que les institutions financières traditionnelles. Vers une régulation imminente Consciente de ce phénomène, Bank Al-Maghrib prépare un cadre réglementaire pour encadrer l'usage des cryptomonnaies sans freiner l'innovation. Son gouverneur, Abdellatif Jouahri, a annoncé qu'un projet de loi était en cours d'élaboration. Parmi les premières initiatives figure l'expérimentation d'une monnaie numérique de banque centrale (MNBC), le e-dirham, qui pourrait servir de base à une adoption encadrée de la blockchain. La régulation offrirait une opportunité stratégique : transformer l'engouement pour les cryptomonnaies en moteur de développement économique, attirer des investissements étrangers et sécuriser les transactions pour les utilisateurs. L'enjeu est double : protéger les consommateurs des risques liés à la volatilité et à la cybercriminalité, tout en créant un environnement favorable à un écosystème fintech robuste.