Le constat est alarmant. Le taux de remplissage des barrages ne dépasse pas les 32 % au niveau national, contre 40 % en mai dernier. En cause, une évaporation massive estimée à 650 millions de mètres cubes, due aux vagues de chaleur et une forte sollicitation des ressources pour l'agriculture et l'eau potable. Lors de son passage à la chambre des conseillers, le ministre de l'équipement et de l'eau, Nizar Baraka a précisé que les barrages du Royaume contiennent actuellement près de 5,4 milliards de m3 d'eau, un niveau jugé alarmant malgré les dernières pluies. Certaines régions parviennent à maintenir des réserves correctes, mais d'autres bassins restent sévèrement déficitaires, confirmant la persistance d'un stress hydrique généralisé. Baraka a rappelé que la dernière saison agricole, bien que meilleure que les précédentes, demeure insuffisante pour inverser la tendance. Le pays n'a reçu que 142 mm de précipitations en moyenne, soit un déficit de 22 % par rapport à la normale. « Nous faisons face à une situation structurelle, et non conjoncturelle », a-t-il reconnu. Face à cette crise persistante, le gouvernement a engagé une course contre la montre pour renforcer la sécurité hydrique nationale. Depuis 2021, six grands barrages ont été mis en service, tandis que 14 autres sont actuellement en construction et 11 supplémentaires programmés entre 2025 et 2027. En parallèle, un vaste programme de petits et moyens barrages est en cours, avec 50 projets déjà lancés sur un total de 155 prévus d'ici 2027, afin d'améliorer la résilience locale face au stress hydrique. Sur le front des eaux souterraines, 4.221 puits d'exploration ont été forés, atteignant une profondeur cumulée de 671.000 mètres et un débit global de 8.889 litres par seconde, ce qui a permis de sécuriser l'accès à l'eau potable pour 5,8 millions d'habitants ruraux. Le ministre a également mis en avant la diversification des sources d'approvisionnement, citant le projet d'interconnexion Sebou–Bouregreg, qui a déjà transféré 871 millions de m3 d'eau entre octobre 2023 et octobre 2025, garantissant l'alimentation continue des grandes villes et de plusieurs zones rurales. L'option du dessalement de l'eau de mer gagne aussi du terrain : 110 stations mobiles sont déjà installées, dans le cadre d'une stratégie visant à couvrir plus de 60 % des besoins en eau potable d'ici 2030. Enfin, Nizar Baraka a rappelé que des moyens d'urgence continuent d'être déployés pour les zones rurales les plus touchées. Plus de 1.200 camions-citernes et 10.000 réservoirs sont mobilisés chaque année, assurant l'approvisionnement de près de 2,7 millions de personnes.