La 4e édition du WeXchange Forum, organisée par la Fondation Abdelkader Bensalah, a mis l'accent sur le rôle économique clé du tiers-secteur marocain. Associations, coopératives, mutuelles et groupements citoyens sont aujourd'hui considérés non seulement comme des acteurs sociaux, mais comme des moteurs de croissance, d'innovation et d'inclusion sur le territoire national. Sous le thème « Rôle économique du tiers-secteur : révéler la force cachée », le forum a ouvert ses travaux par des interventions de Fatima Zahra Bensalah et de Lamia Kamal-Chaoui, respectivement administratrice de la Fondation et directrice du Centre OCDE pour l'entrepreneuriat, les PME et les villes. Le message était clair : le tiers-secteur doit être structuré, professionnalisé et soutenu pour transformer son impact social en véritable levier économique. « Le progrès social durable repose sur la collaboration entre les secteurs publics, privés et citoyens », a rappelé Fatima Zahra Bensalah, soulignant que la Fondation accompagne, relie et outille ces acteurs afin qu'ils puissent valoriser pleinement leur contribution à l'économie. Trois défis majeurs pour un tiers-secteur performant Lahcen Saadi, Secrétaire d'Etat chargé de l'Artisanat et de l'Economie sociale et solidaire, a insisté sur les enjeux concrets du secteur. «Ce forum ouvre de véritables perspectives pour notre pays, en particulier pour l'intégration de la femme rurale dans le tissu économique national », a-t-il déclaré. Il met sur la table une équation claire : sans cadre juridique moderne, sans financement structuré, sans maillage territorial fort, le Maroc ne pourra libérer tout le potentiel de transformation de ces acteurs. Il annonce surtout un changement de regard : les coopératives ne doivent plus seulement "créer de l'activité locale", mais aussi "exporter, créer de la valeur, s'affirmer à l'international". Le tiers-secteur, moteur d'innovation et d'inclusion Tarek Maaroufi, directeur général de la Fondation Abdelkader Bensalah, a quant à lui rappelé le rôle central du forum : « WeXchange est un espace de dialogue réunissant secteurs public, privé, associatif et académique. Il permet de partager les meilleures pratiques, de co-construire des solutions concrètes et d'identifier des opportunités de financement pour des initiatives à fort impact. » Il a insisté sur l'importance d'exposer et de promouvoir les initiatives socialement innovantes, qu'elles portent sur l'éducation, la santé, l'inclusion, l'environnement ou le digital. Selon Maaroufi, ces projets illustrent que le tiers-secteur n'est plus un concept abstrait mais un acteur économique puissant, déjà à l'œuvre sur l'ensemble du territoire marocain. Maaroufi a également rappelé les leviers utilisés par la Fondation : incubation de projets, mise en réseau des acteurs, et production de données sur l'impact social réel. Selon lui, ces outils permettent de transformer l'innovation sociale en véritables moteurs économiques. Une vision économique intégrée Mohamed Jadri, économiste, a replacé le rôle du tiers-secteur dans le cadre plus large de l'économie nationale. « Le Maroc dispose aujourd'hui d'une opportunité historique, avec un modèle de développement clairement défini et des indicateurs précis », a-t-il expliqué. Et de préciser: « L'objectif est ambitieux : doubler le PIB, de 130 milliards de dollars en 2021 à 270 milliards d'ici 2035. Pour y parvenir, il est indispensable que le secteur public, le privé et le tiers-secteur jouent pleinement leur rôle. » Jadri a mis l'accent également sur le défi des disparités régionales et la nécessité de transformer les associations et coopératives en acteurs économiques à part entière : « Il faut renforcer leurs capacités, leur fournir des outils et un cadre juridique adapté, pour qu'elles puissent générer de la richesse, créer des emplois et favoriser l'inclusion, notamment celle des femmes dont la participation active devrait atteindre 45 % ». Il reste par ailleurs convaincu que « cela ne pourra se faire qu'à condition que le tiers secteur sorte de la logique d'assistanat et devienne producteur de valeur. Il doit cesser d'être uniquement un opérateur social pour devenir un acteur économique assumé. C'est une transformation mentale, juridique et stratégique. Une plateforme pour la coopération Sud-Sud Le forum a également accueilli des intervenants internationaux, à l'instar de Régis-Franck Segbenou, directeur exécutif de la Fondation NSIA, basée en Afrique de l'Ouest. « Participer à WeXchange est pour nous une opportunité unique. Ce n'est pas seulement un événement RSE, c'est une véritable plateforme de coopération Sud-Sud entre le Maroc et l'Afrique de l'Ouest », a-t-il indiqué. « Le Maroc est un modèle en matière de RSE et d'innovation sociale. Nous souhaitons faire de ce pays un relais stratégique pour intensifier nos partenariats, en particulier dans l'éducation, l'entrepreneuriat et la scolarisation des jeunes filles. Nous venons pour co-construire ».