Benyamin Netanyahu connait aussi bien les arcanes de Washington que le plan doccupation des sols de Jérusalem-Est. Ici et là-bas, comme chez lui. Il se comporte en terrain conquis, impose le fait accompli. Il a débarqué dans la capitale américaine alors que Barack Obama savourait son triomphe au Congrès dont il a obtenu quil vote à contrecur la réforme de lassurance maladie. Vote historique dans le sens où sept présidents américains depuis un siècle avaient échoué à limposer. Barack Obama ne tient pas seulement une promesse de campagne. Il prouve quil est obstiné et que sa détermination parvient à faire bouger les choses. Cest le moment clef de son premier mandat. Son entourage y voit une heure de vérité. Benyamin Netanyahu sest employé à démontrer que la relance du processus de paix israélo-palestinien serait un autre travail dHercule, quil en serait le maître duvre, quil nobéirait quà son propre agenda. Avant la Maison-Blanche, le Premier ministre a fait le détour par le Congrès. A quelques mois délections incertaines, il y a obtenu un soutien enthousiaste. Nancy Pelosi, présidente démocrate de la Chambre des Représentants et John Broehner, le chef de la minorité républicaine lont assuré quils étaient et seraient toujours aux côtés dIsraël. Un soutien aussi aveugle que celui de lAIPAC, le principal lobby pro-israélien. Parmi les 7500 délégués réunis pour le congrès annuel, on comptait 300 élus du congrès dont la plupart des sénateurs. Ensemble, ils ont fait une ovation debout au Premier ministre quand il a proclamé que «Jérusalem nest pas une colonie. Cest notre capitale. Le peuple juif a construit Jérusalem il y a 3000 ans et le peuple juif construit Jérusalem aujourdhui». Ladministration américaine exigeait des gestes de bonne volonté ? Il réplique en la défiant. Et pour sceller cette fin de non recevoir, lundi et mercredi louverture de nouveaux chantiers dans la ville arabe a été annoncée. Barack Obama a réagi en le privant de photographes et de tapis rouge. Il la reçu en catimini. Et sans commentaires. Est-ce que la tension entre les deux équipes au pouvoir se cantonnera à cette bouderie digne dun vieux couple ou est ce que lhumiliation infligée à Barack Obama laissera des cicatrices profondes et durables ? A court terme, tout dépendra de lévolution du dossier iranien. Les Américains ont besoin du soutien des pays arabes face à lIran et de leur coopération pour se replier dIrak et enrayer la révolte en Afghanistan. Après 9 ans de guerre, le regard des Américains a changé sur le Moyen-Orient. Le Pentagone pèse désormais de tout son poids sur le Département dEtat. Les conséquences à long terme, notamment sur la relation stratégique avec Israël, sont difficiles à mesurer. Mais les Américains savent désormais que linflexibilité des gouvernements israéliens met en danger leur position, leur stratégie et la vie de leurs soldats. Cela ne remet pas en question leur soutien à la sécurité dIsraël. Mais ils accepteront de moins en moins quun gouvernement dautant plus intransigeant quil est fragile leur impose une politique contraire à leurs intérêts. Le triomphe de Benyamin Netanyahu à Washington est une victoire à la Pyrrhus.