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MAGAZINE : Zineb Bouchra, et que revive la mort
Publié dans L'opinion le 04 - 02 - 2024

Un premier solo show et c'est l'étonnement. A la galerie Kent de Tanger, l'artiste, fraîchement diplômée, expose des œuvres (jusqu'au 27 février) racontant le tremblement de terre ayant bouleversé sa région natale en 1960. Elle n'y était pas, sinon son récit pictural n'aurait jamais existé. Une créatrice à suivre, à essayer de comprendre.
Tutoyant à peine la vingtaine, la lauréate de l'Ecole des Beaux-arts de Tétouan raconte une histoire qu'elle n'a pas vécue, dont elle ignore tout jusqu'à ce qu'elle décide de remuer les méninges d'un entourage lui-même à court de faits mais qui creuse dans des mémoires alentours. Elle se documente, entend et feuillette, réfléchit, décide et crée. A voir ce petit bout de créature, à scruter ses expressions aussi corporelles que faciales, on continue à chercher l'artiste dans la galerie. Mais c'est elle pardi ! Elle qui transforme ses petits doigts en une sulfateuse, son âme délicate en des cris sourds. Qu'est-ce à dire de ces œuvres, de cette panoplie de réalisations sorties d'un passé où la frappe est douloureuse et où le débridement naturel ne sont que désolations ? Un tremblement de terre survenu des décennies avant la naissance de la fouineuse peut-il continuer à secouer les sensibilités ? Ce ne sont pas des questions, mais des questionnements. Si ceci revient à la surface, c'est que Zineb Bouchra est originaire de la région où le mal prend ses quartiers en un temps hallucinant de rapidité et « d'efficacité ». Une cité s'effondre, exterminant toute une population. La jeune artiste pense-t-elle subitement à d'éventuels proches ensevelis et dont elle aurait connu les rejetons ? En tout cas, elle paraît maudire grandement la gronde de ces sous-sols qui épongent méprisamment sa ville chérie, Agadir.
Hacher le conventionnel
Et que fait Zineb Bouchra pour exprimer ce qu'elle propose dans ce premier solo show ? Elle convoque l'imagination, l'enveloppe d'ouïe-dires, la vautre dans des déroulements où la tête du dessin est vigoureusement maintenue sous l'eau. Elle chiade avec fureur des scènes qu'elle déchiquète à tout-va, qu'elle enlace pour les jeter en pâture et qu'elle signe, histoire de les broyer définitivement dans les plus atroces bennes respirant le soufre. Mais cela relève d'un vécu macabre, d'une vie après la mort que seuls les vivants palpent. Bouchra conte l'emmêlement avec retenue, quoiqu'elle le représente avec fracas. Elle jette tout en gardant l'essentiel. Peut-être changera-t-elle de fusil d'épaule et c'est tout ce qu'on ne lui souhaite pas, puisque la mise en place est assez bien établie. Dans ces premières productions, le ton monte tellement qu'il serait difficile de le ramener à la raison. Hacher le « conventionnel » est le projet de tout nouveau venu qui n'omet jamais de se mener d'un rétroviseur, de s'inspirer sans forcément se faire phagocyter par un ou plusieurs aînés. Ainsi va l'envie, ainsi se perpétue l'existence. Dans l'approche de cette artiste qui choisit de cogner en force, on détecte un fol amour de la matière. Des matières. Pour elle, l'art est un encadrement indéterminé, une philosophie où le philosophe est spectateur. On imagine que Zineb Bouchra ne fréquente que ce qui la tire vers le haut. Elle ne se laisse diagnostiquer que par ses propres pulsions. Son art, débutant, est un agrégat logé dans le devenir.

Rétablissement, reprise, remontée
Cette artiste qu'on ne définit pas encore (et pourquoi le faire ?) défonce les portails de l'art marocain par effraction. Elle y déploie son sincère savoir-faire sans juger nécessaire de le revendiquer. Ce qu'elle propose dans « Recovery » (rétablissement, reprise, remontée, récupération...) est un amas sans nom de fragments issus d'une destruction massive. On y croise de tout : la pesante avalanche de pierres, l'insolent déchirement de quelques rescapés, les effets de familles aux âmes aux cieux, les bouleversants jeux que des enfants n'ont souvent pas eu le plaisir de manipuler, l'amour que le présent ressent pour l'absent, les pleurs qu'un artiste ne peut traduire qu'en écrasant de chaudes larmes. Est-ce le cas ? On ne force pas un artiste d'être artiste lorsqu'on sait qu'il l'est déjà. Maintenant, on souhaite à Zineb qu'elle se fasse balancer dans les eaux de la Méditerranée jusqu'à accoster là où elle peut se frotter et s'affirmer avec son Maroc et son Sud en bandoulière.


Anis HAJJAM


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