Les données du Recensement Général de la Population et de l'Habitat (RGPH) de 2024 ont permis de dresser la cartographie de la pauvreté multidimensionnelle. On enregistre un recul de la pauvreté multidimensionnelle au niveaux rural et communal, notamment grâce aux politiques de ciblage territorial. Cependant, de fortes disparités territoriales persistent. La mesure de la pauvreté multidimensionnelle adoptée par le Haut-Commissariat au Plan (HCP) ne prend pas seulement compte de la distribution sociale des dépenses des ménages, mais repose plutôt sur trois dimensions pondérées de manière égale : à savoir l'éducation, la santé et les conditions de vie. Selon cette approche, est considéré comme pauvre tout ménage cumulant des privations représentant au moins 33 % des indicateurs retenus. La pauvreté multidimensionnelle se rétrécit, en particulier en milieu rural La cartographie dressée grâce aux données du RGPH 2024 a révélé une tendance générale de réduction de la pauvreté multidimensionnelle : de 11,9% de la population en situation de pauvreté en 2014, on est passé à 6,8% en 2024. Cette contraction de la pauvreté s'observe notamment au niveau des régions les plus touchés en 2014 par la pauvreté comme Marrakech-Safi (–7,9 points de pourcentage), Béni Mellal-Khénifra (–7,5 points), Tanger-Tétouan-Al Hoceïma (–6,8 points) et Drâa-Tafilalet (-6,7 points). Impact positif des politiques de ciblage national La tendance à la baisse du taux de pauvreté est particulièrement visible au niveau communal, phénomène que le HCP attribue aux politiques de ciblage territorial. En effet, c'est au niveau des localités aux taux de pauvreté multidimensionnelle les plus élevés en 2014 que la pauvreté multidimensionnelle a été la plus réduite. Les communes rurales où le taux dépassait 30% en 2014 ont connu une réduction de leur taux de pauvreté de 45%, alors que les localités où la pauvreté était inférieure à 5,0% ont vu leur taux de pauvreté réduit de 23%. Les interventions de l'Initiative Nationale pour le Développement Humain (INDH) ont contribué a cette dynamique. Dans les 702 communes rurales ciblées par les deux premières phases du programme, le taux de pauvreté fut réduit de 12,3 points de pourcentage entre 2014 et 2024. En revanche, les communes non ciblées par l'INDH ont vu leur taux de pauvreté réduit de seulement 8,4 points. Les disparités territoriales encore à l'œuvre Toutefois, des disparités régionales, provinciales et communales persistent : six régions affichent encore un taux de pauvreté multidimensionnelle supérieur à la moyenne nationale (6,8%). Les régions de Béni Mellal-Khenifra (9,8%) et Fès-Meknès (9,0%) souffrent des taux les plus élevés. En termes de vulnérabilité à la pauvreté, les régions de Drâa-Tafilalet (11,8%) et Marrakech-Safi (11,5%) sont celles qui affichent des taux à deux chiffres, et trois autres – Fès-Meknès (9,1%), Béni Mellal-Khénifra (9,0%) et Tanger-Tétouan-Al Hoceïma (8,8%) – dépassent également la moyenne nationale (8,1%). Au niveau provincial, les provinces de Figuig (22,9%), Taounate (21,1%), Azilal (17,0%), Chichaoua (21,1%), Essaouira (14,8%), Taza (14,4%) et Ouezzane (20,0%) ont des taux de pauvreté dépassant le double de la moyenne nationale, et représentent ensemble 20% de la population en situation de pauvreté multidimensionnelle dans notre pays. Treize communes affichent en outre un taux de vulnérabilité à la pauvreté multidimensionnelle : ce sont Taounate (22,9%), Chefchaouen (21,7%), Chichaoua (21,1%), Zagora (20,3%), Ouezzane (20,0%), Essaouira (18,6%), Moulay Yaâcoub (17,4%), Youssoufia (15,8%), Al Hoceïma (15,8%), Sidi Kacem (15,6%), Sidi Bennour (15,6%), Azilal (15,4%) et Rehamna (15,1%). Elles concentrent à elles seules 31,6% (soit près d'un tiers) de la population en situation de vulnérabilité. Le milieu rural continue d'être un réservoir de pauvreté multidimensionnelle. 65,1% des communes affichent un taux de pauvreté supérieur à 10%, alors qu'en milieu urbain (municipalités, arrondissements et centres urbains) seuls 1,6% des localités affichent un taux supérieur à 10%.