L'Organisation internationale pour les migrations (OIM) tire aujourd'hui la sonnette d'alarme : le nombre de décès de migrants tombés entre les mains de trafiquants et de passeurs continuera d'augmenter si la communauté internationale ne s'attaque pas aux causes de la migration irrégulière. A l'occasion de la Journée internationale des migrants (18 décembre), le Directeur général de l'OIM, William Lacy Swing, relève qu'un record de décès de migrants tentant de franchir clandestinement des frontières internationales aura probablement été atteint en 2013. «Nous ne connaîtrons jamais le nombre exact, puisque de nombreux migrants meurent incognito dans les déserts, les océans ou d'autres accidents», déclare l'Ambassadeur Swing. «Cependant, les chiffres dont nous disposons font apparaître qu'au moins 2 360 migrants ont péri cette année en poursuivant le rêve d'une nouvelle vie. Ces personnes sont aux abois - pas même la peur très réelle de la mort ne les dissuade d'entreprendre le voyage». La Méditerranée, et notamment l'île de Lampedusa, les Caraïbes et les eaux thaïlandaises et indonésiennes ont toutes été le théâtre de tragédies dans lesquelles des dizaines de migrants à bord d'embarcations surchargées et impropres à la navigation ont péri. La région frontalière entre les Etats Unis et le Mexique, et les étendues désertiques entre l'Afrique de l'Ouest et la Libye sont les voies terrestres les plus dangereuses empruntées par les migrants en quête d'une vie meilleure. Ils y périssent dans des accidents de train ou des assassinats, ou meurent de soif. «En cette Journée internationale des migrants, nous sommes préoccupés par le bien être et la sécurité de ces personnes. L'OIM lance un appel en faveur d'un renforcement des politiques en place ou de nouvelles politiques qui protègent les droits humains de ceux qui quittent leurs foyers pour trouver des perspectives plus souriantes. Nous sommes prêts à aider nos Etats Membres et d'autres partenaires à élaborer et à mettre en œuvre de telles politiques». M. Swing souligne que de plus en plus de pays qui, auparavant, faisaient bon accueil aux migrants, ferment leurs portes aux plus pauvres et aux plus désespérés d'entre eux. L'OIM a constaté un lien direct entre le durcissement des contrôles aux frontières et l'augmentation du trafic illicite de personnes, un secteur dont le chiffre d'affaires se situe aujourd'hui à 35 milliards de dollars E. U. par an. «Il est temps d'agir pour sauver les vies de migrants qui, sinon, risquent de périr en tentant par tous les moyens de franchir des frontières toujours plus étroites. Nous recommandons l'adoption de mesures qui permettent aux employeurs des pays connaissant une pénurie de main d'œuvre d'accéder aux migrants souhaitant travailler, et qui offrent la garantie que ces personnes ne sont pas exploitées ni exposées à des violences sexistes». «Il est indispensable d'adopter une approche qui associe l'ensemble des pouvoirs publics et de la société, dans l'intérêt des pays, des communautés et des populations, et plus particulièrement des migrants», poursuit M. Swing. Les conflits et les catastrophes naturelles renforcent encore le phénomène migratoire. Chaque jour, le mois dernier, quelque 5 000 personnes ont quitté le centre des Philippines au lendemain du typhon Haiyan. Lors des quinze premiers jours de décembre, 100 000 autres ont fui les combats en République centrafricaine. En 2016 se tiendra un sommet mondial sur l'aide humanitaire : L'OIM posera la question des moyens que la communauté humanitaire mondiale peut mettre en œuvre pour que les bouleversements politiques, les pressions économiques et les catastrophes naturelles ne débouchent pas systématiquement sur une nouvelle série de difficultés en contraignant les migrants à prendre des mesures désespérées. Un aperçu complet des tendances et des chiffres ainsi qu'une analyse figureront dans un prochain rapport de l'OIM.