C'est demain, jeudi et vendredi que se tient à Malabo (Guinée Equatoriale), le 23ème Sommet des chefs d'Etat et gouvernement de l'Union Africaine. Déjà, depuis dimanche, les ministres des Affaires étrangères des pays membres de cette organisation continentale ont entamé au sein du Comité exécutif leurs travaux dans la capitale de ce pays. Les sujets ne manquent pas et pour cette année 2014 le thème retenu est « l'agriculture et la sécurité alimentaire en Afrique ». Le choix de l'axe des discussions n'est pas fortuit car il s'agira de revoir les progrès accomplis dans le domaine agricole selon les engagements pris en 2003 en faveur de l'agriculture. En effet, à en croire à Oxfam International, dix ans après Maputo et la résolution des chefs d'Etats africains d'investir au moins 10 % des budgets nationaux dans l'agriculture, seuls 8 pays ont respecté leur engagement de manière continue (Burkina Faso, Niger, Guinée, Sénégal, Mali et Ghana en Afrique de l'Ouest). Un piètre constat dans un contexte où en Afrique, plus de 223 millions de personnes souffrent de la faim alors qu'au même moment les producteurs et les éleveurs clament leurs capacités à nourrir le continent si les conditions sont réunies. Mais comment peut-on parler d'une agriculture abondante dans un continent miné de conflits, de guerres fratricide, de mal-gouvernance, de tripatouillage de la Constitution, en proie à l'islamisme aveugle et intolérant ? D'ailleurs, les Chefs d'Etat qui se réunissent, ces 26 et 27 juin à Malabo, combien seront-ils, au terme de leur mandat, à renoncer au pouvoir de façon pacifique dans un climat apaisé ? Non le défi agricole pour nourrir ces centaines de millions d'Africains passe inéluctablement par la paix et la sécurité. Cette capacité de nos Etats à assurer l'intégrité physique de chaque citoyen et dans chaque contrée du continent. Mais cette sécurité peut-elle être assurée si l'Union Africaine ne revient-elle pas sur ses fondamentaux qui ont été même à l'origine de la création de l'organisation mère qu'est l'Organisation de l'unité africaine par les paires de l'indépendance de nos Etats d'aujourd'hui ? Il s'agit avant tout du respect de l'intégrité territoriale, le respect des tracés des frontières. Dans ce contexte, le retour du Maroc au sein de cette instance panafricaine ne sera que justice rendue. D'ailleurs, les revendications bellicistes du MNLA au Mali, l'aveuglement de la fantomatique république arabe saharaouie, l'inacceptable balkanisation du Sud Soudan, encore moins la partition de la RCA ou le morcellement de la RD du Congo, la bande à Boko Haram au Nigeria, les Chebabs de la Somalie, sont autant de menaces pour la paix et sécurité en Afrique qu'il va falloir conjuguer les efforts par une approche globale pour relever les défis du développement. Face à ces réalités inquiétantes, on ne peut que paraphraser Karim Lahidji, Président de la FIDH qui dit : « dans un contexte de dégradation alarmante de la situation sécuritaire sur le continent africain, la priorité du Sommet de l'Union africaine doit être de décider de mesures concrètes pour enrayer et prévenir les cycles de violences qui n'épargnent aucune région du continent et affectent en premier lieu les populations civiles ». Et cela est possible dans l'union car c'est elle qui fait la force. »