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Entretien avec le Pr Chafik Chraibi, Président de l'Association marocaine de lutte contre l'avortement clandestin (AMLAC) : L'avortement augmente le taux de mortalité maternelle, induit des abandons d'enfants et des infanticides
Publié dans L'opinion le 23 - 03 - 2015

L'Opinion : Ne trouvez-vous pas que c'est vous et la cause que vous défendez qui avaient suscité tout ce débat, avec
la mobilisation des médias ?
Pr Chafik Chraibi : Oui, on dit : « A quelque chose malheur est bon ». C'est vraiment le cas de le dire. Effectivement, c'est ce reportage qui a montré une réalité bien peu connue qui a été la source d'un scandale, à l'origine de ma destitution de mon poste de chef de service. Pour moi, c'est véritablement secondaire par rapport à ce combat que je mène depuis une dizaine d'années. Ceci a fait bouger tous les réseaux sociaux - que je remercie, car ils m'ont soutenu de façon extraordinaire - et a poussé le gouvernement à prendre le taureau par les cornes et organiser très vite cette journée.
Tout le monde a pris ce débat véritablement au sérieux. Il y a eu une réunion en interne au niveau du ministère de la Justice, le débat national organisé par le ministre de la Santé et un autre par l'AMLAC organisé le 16 mars à la bibliothèque nationale. Tout tourne autour de l'article 453 qui donne le droit à l'avortement lorsque la santé est mise en jeu. Dans les deux panels, on a spécifié la vraie définition de la santé selon l'OMS et qui est physique, psychique et sociale mais aussi le retentissement de la grossesse non désirée sur la santé mentale et sur la santé sociale.
L'avortement augmente le taux de mortalité maternelle, induit des abandons d'enfants et des infanticides. Donc, il faut une loi qui puisse permettre, dans certaines situations, de faire l'avortement dans de bonnes conditions. Ce débat est très important et rassemble ministres, partis politiques, société civile, médecins, oulémas, ce qui nous permet de discuter l'avortement clandestin au Maroc.
Il est très important et urgent de réviser la loi et amender l'article 453 qui donne le droit de faire une interruption de grossesse quand la santé de la mère est menacée et l'élargir à quelques cas de situations dramatiques, en cas de viol, de filles mineures, de femmes en périménopause, de pathologies psychiatriques, de malformations fœtales. On met un voile devant les yeux jusqu'à ce que cela s'explose, il faut régler définitivement le problème. C'est dans les pays non légalisés où il y a le plus haut taux de mortalité maternelle.
Les gens qui ont de l'argent partent en Europe faire l'avortement. La deuxième catégorie se fait avorter clandestinement dans des cabinets, l'avortement est très lucratif, il coûte entre 3000 et 10.000. La catégorie démunie cherche les herboristes. Ce qui me révolte, c'est de voir tous les jours ces complications. Sinon, c'est l'expulsion de la mère du domicile familial, les crimes d'honneur, l'incarcération des médecins parce qu'ils ont pratiqué à tort ou à raison l'avortement. Le volet prévention est aussi primordial à travers l'éducation sexuelle, la promotion des méthodes de contraception...
L'Opinion : Que pouvez-vous dire après la décision Royale?
Pr Chafik Chraibi : La décision royale est tombée dans un moment crucial dans le temps et dans l'espace. Dans le temps car le débat semble arriver à maturité et qu'il est maintenant urgent de prendre une décision. L'arbitrage Royal du commandeur des croyants pour une question aussi sensible va pouvoir faire accélérer le processus. Ceci prouve encore une fois l'intérêt que porte SM à la classe sociale défavorisée qui pâtit le plus devant cette situation, et nous l'en remercions vivement. 
Dans l'espace, car le communiqué Royal est tombé le jour même où l'AMLAC organisait son débat national sur l'amendement de la loi sur l'avortement au sein de la bibliothèque nationale, un débat de grande envergure regroupant plus de 300 personnes de la société civile, le ministre de la Santé, 8 partis politiques , les ONGs, les associations de droits humains, de droit à la justice et de droits à la santé à qui en partie revient ce succès.
A l'arrivée de ce communiqué, j'étais tellement heureux que j'ai dû arrêter les débats un moment pour lire avec beaucoup d'émotion le communiqué Royal. De grands cris de joie, des youyous et des « vive le Roi » jaillissait dans la salle.
Maintenant, j'espère que l'AMLAC sera au centre de cette commission, afin de donner notre avis et de partager des années d'expérience sur le terrain. Notre position reste et restera la même c'est l'amendement de l'article 453, dans le seul but de sauvegarder la santé physique, psychique et sociale de la citoyenne marocaine et nullement d'encourager la débauche ou le libertinage.


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