Bien malin sera celui qui peut prédire ce qui va se passer demain vendredi au Gabon. C'est ce jour que la Cour Constitutionnelle devra rendre sa sentence dans le dossier qui lui été soumis par le camp de Jean Ping, candidat déclaré perdant face à Ali Bongo Ondimba par la Commission électorale permanente, lors du scrutin présidentiel du 27 août dernier. Dans son recours, l'ancien président de la Commission Paix et Sécurité de l'Union africaine reproche à son adversaire d'avoir triché en falsifiant les procès verbaux du vote... La suite est connue. Face à l'intransigeance des deux camps, nul doute, le risque d'embrasement du pays est grand en cas de verdict favorable à telle ou telle partie quand on sait les violences qui ont éclaté après la proclamation des résultats. Les pays amis du Gabon, comme l'a fait le Maroc, doivent se lever maintenant pour réconcilier les deux frères d'hier avant qu'il ne soit trop tard. Au fait pour jouer aux sapeurs pompiers. Le cas gabonais n'est pas unique sur le continent où après chaque élection présidentielle le pays sombre dans l'affrontement, les casses et autres manifestations violentes. Non loin de là, il y a un autre Etat qui donne un signe avant coureur d'une situation inquiétante pour les jours et les mois à venir, et ce dans la perspective de l'élection présidentielle devant se tenir avant la fin de l'année. Après moult tractations, un dialogue national fut organisé au forceps. Une partie des partis d'opposition y a même pris part avant de se retirer au motif qu'un calendrier clair et précis n'a pas été donné pour la tenue de cette consultation. Le président en place, en fin de mandat selon la Constitution (deux mandats non renouvelables), refuse de se retirer de la course pour favoriser l'alternance. Résultat : le dialogue national a été ajourné. Une situation qui inquiète la communauté internationale, laquelle appelle à la reprise des pourparlers. Pendant ce temps, dans les rues, policiers et manifestants s'affrontent, des personnes sont tuées et blessées, des édifices brûlés, des magasins pillés. Comment sortir de l'engrange ? D'aucuns parlent d'une transition, d'autres réclament tout simplement le départ, sans conditions, du chef de l'Etat. Sans se voiler, le risque d'une guerre civile dans ce pays du continent est réel. Dans les deux cas de figure, il faut une mobilisation internationale pour éviter le pire. Les condamnations et autres arguties politico-diplomatiques ne pourront éteindre l'incendie qui se prépare dans ces deux Etats dont la seule victime ne sera que le peuple au nom duquel certains dirigeants africains tripatouillent la Constitution pour se maintenir au pouvoir, arguant qu'ils sont là pour servir le même peuple. Triste réalité.