La Fédération de la Gauche démocratique (FGD), cartel de formations politiques composé du parti socialiste unifié (PSU), du parti de l'avant-garde démocratique et socialiste (PADS) et du congrès national ittihadi (CNI), ambitionne de fusionner en un seul parti. C'est l'annonce faite par un communiqué de la FGD paru le 9 juillet dernier. Un vœu exprimé depuis 2007 et qui peine toujours à voir le jour, bien qu'en 2017, les parlements des trois partis aient finalement voté pour cette fusion. Cela veut-il dire que la fusion tant attendue verra enfin le jour ? Pas si sûr, car même les partis de la FGD ne sont pas d'accord sur le calendrier à respecter pour y arriver. Quand le PSU donne comme échéance 2020, soit une année avant les prochaines élections législatives, comme nous le confirme le député Mustapha Chenaoui, cette échéance reste ouverte pour le PADS et le CNI, nous informe Lahcen Khattar, membre du secrétariat national du PADS. Ce qui est certain, en revanche, c'est que la collaboration entre les partis de la FGD, qui est passée d'une alliance électorale avec l'AGD (Alliance de la gauche démocratique) en 2007 à une alliance politique avec la FGD en 2014, basculera en une nouvelle forme de coordination plus soutenue que ce qu'elle est actuellement, mais dont les contours restent à définir. Pour cela, comme nous l'explique Lahcen Khattar, la FGD entend se structurer dans les régions afin d'ouvrir les débat au niveau des bases pour discuter entre autres de l'identité et du référentiel, de l'harmonisation des positions et enfin de la forme organisationnelle, le tout dans l'objectif de « mûrir les conditions de la fusion». Pour comprendre la genèse longue et douloureuse de cette idée, il faut remonter à 2007. Les trois partis avaient alors scellé une alliance électorale, l'AGD, en perspective des élections législatives qui de cette année, qui a connu aussi la première participation du PADS à un scrutin électoral depuis sa création dans les années 80. Mohamed Moujahid, alors secrétaire général du PSU, déclarait avec enthousiasme que cette alliance « annonce une prochaine fusion des trois composantes pour se constituer en un seul parti ». Depuis, 10 ans se sont écoulés et la fusion peine encore à voir le jour. Mais qu'est-ce qui explique ce retard ? Ni les législatives de 2007 ni les communales de 2009 n'ont été un franc succès pour cette alliance qui a respectivement recueilli 9 sièges de députés et 475 conseillers communaux, et en 2011, les partis de l'AGD sont partis au scrutin en rangs dispersés. Bien qu'ils fussent en accord sur la nécessité d'une réforme constitutionnelle pour passer à une monarchie parlementaire, les tactiques à adopter ont été différentes. On avait ainsi vu le PADS et le CNI participer aux réunions de la commission de la révision de la constitution à laquelle ils avaient remis leurs mémorandums, le PSU quant à lui ayant alors préféré boycotter cette commission, à l'instar du Mouvement du 20 février, et d'annoncer ces propositions dans une conférence de presse. Ces divergences se sont creusées davantage au moment des élections législatives anticipées de 2011. Cette année-là, le PSU et le PADS avaient boycotté le scrutin, alors que le CNI avait participé tout seul, donnant ainsi un coup d'arrêt à cette alliance électorale que fut l'AGD. De ce cafouillage, les trois partis ne vont se remettre qu'en 2014 en mettant en place la Fédération de la gauche démocratique. Il a fallu encore attendre l'année 2015 pour que les trois partis raccordent leurs violons et participent aux communales et en 2016 aux législatives, sans pour autant que le succès électoral soit au rendez-vous. Cette fois-ci sera-elle la bonne pour la fusion ? On peut en douter, d'autant plus qu'elle reste enveloppée de mystères. Cependant elle est appelée à se clarifier à l'horizon des congrès nationaux du PSU et du CNI, prévus dans les mois prochains. Nizar Bennamate et Wiam Amiri