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Gazoduc Maroc-Nigeria : des interrogations sur la viabilité du projet (agence)
Publié dans PanoraPost le 11 - 02 - 2019

En décembre 2016, le président nigérian Muhammadu Buhari et le roi du Maroc Mohammed VI ont signé deux protocoles d'accord qui aboutiront à la construction de l'un des plus longs gazoducs du monde : la ligne Nigeria-Maroc. L'infrastructure de plus de 5000 km est censée relier les ressources gazières du Nigeria à celles de plusieurs pays d'Afrique de l'Ouest et du Maroc pour satisfaire la demande régionale et opérer une incursion sur le marché européen. Mais de nombreuses difficultés émergent, qui amènent plusieurs analystes à remettre en question le projet dans son ensemble.
Selon les documents préliminaires signés le 3 décembre par Buhari et Mohammed VI, le gazoduc devrait coûter entre 20 et 25 milliards de dollars, traverser jusqu'à 14 pays pour desservir plus de 300 millions de personnes sur le continent. Il s'agit du Nigeria, du Bénin, du Togo, du Ghana, de la Côte d'Ivoire, du Liberia, de la Sierra Leone, des trois Guinée, de la Gambie, du Sénégal, de la Mauritanie et du Maroc. La construction couvrira 25 ans et se déclinera en plusieurs phases.
Le gazoduc doit traverser jusqu'à 14 pays pour desservir plus de 300 millions de personnes sur le continent.
L'infrastructure devrait entraîner la création de plusieurs dizaines de milliers d'emplois, favoriser l'éclosion d'un marché régional compétitif de l'électricité dans les pays qu'elle traversera et un développement économique intégré. Rapidement, plusieurs organisations de défense de l'environnement vont se liguer contre le caractère polluant de la ligne.
Risques environnementaux majeurs
Les premières études de faisabilité ont été annoncées au troisième trimestre de 2017. Leurs résultats suggèrent que le tracé de la ligne suive une route combinée onshore et offshore, le long de la côte ouest-africaine. Une annonce qui va déclencher en mars 2018 l'opposition d'un collectif composé de 40 ONG qui a signé une déclaration commune dénommée « Gazoduc Nigeria-Maroc : aucun intérêt pour nous ».
Une annonce qui va déclencher en mars 2018 l'opposition d'un collectif composé de 40 ONG qui a signé une déclaration commune dénommée « Gazoduc Nigeria-Maroc : aucun intérêt pour nous ».
Le document du collectif indique que si le gazoduc transite par les eaux, il pourrait avoir des effets perturbateurs sur la faune marine à cause des risques de fuite et de corrosion auxquels font généralement face les pipelines sous-marins. Pour l'organisation, cela pourrait détruire les moyens de subsistance de millions de personnes, en raison des activités de pêche dans les eaux régionales.
Comme au Nigeria, dans la région du Delta, le gazoduc pourrait en effet, faire face à des défaillances, polluer les eaux et, à terme, rendre l'activité de pêche impossible. Par conséquent, plusieurs milliers de personnes pourraient se voir privées de sources de revenus, ce qui entrainerait de nombreux problèmes sociaux.
Au Nigeria, Shell qui a été reconnu coupable de plusieurs cas de pollution fait actuellement face aux justices britannique et nigériane. Des centaines de familles de pêcheurs, dont les nouveau-nés, souffrent de diverses malformations attribuées aux rejets de la firme anglo-néerlandaise, demandent réparation.
Des centaines de familles de pêcheurs, dont les nouveau-nés, souffrent de diverses malformations attribuées aux rejets de la firme anglo-néerlandaise, demandent réparation.
Pour le collectif, ce projet risque aussi de devenir un gouffre financier, étant donné que les 20 milliards de dollars évoqués ne seront pas suffisants et seront sans doute doublés. Cela conduira, estime-t-il, à une augmentation exponentielle du fardeau de la dette des pays concernés.
Mais d'après un rapport de Fitch, publié en janvier dernier, le mal est plus profond et les difficultés qui pointent à l'horizon sont nombreuses et de nature à douter du succès du projet.
Pour l'agence américaine, le premier obstacle, et le plus évident, réside dans le nombre de pays qui devraient se mettre d'accord pour que le projet puisse aller de l'avant.
Un projet de cette taille nécessite que le schéma directeur soit conforme à la législation en vigueur dans chaque pays. Il faut donc tenir compte des préoccupations sécuritaires et socio-politiques de chaque pays. Cela nécessite des années de discussions et les pourparlers pourraient prendre une tournure différente en cas de changement de régime.
A titre de référence, 12 ans ont été nécessaires pour mener les pourparlers relatifs au gazoduc ouest-africain, notamment entre la première étude de faisabilité et le démarrage des opérations commerciales. Or, il n'y avait que quatre pays concernés.
En outre, il est primordial qu'un cadre politique, juridique, technique et financier global soit défini entre les 14 pays, avant que le projet ne puisse se concrétiser. Il est donc très probable que le temps nécessaire pour parvenir à des accords avec tous les pays impliqués soit encore plus long.
Techniquement, cela placerait le lancement de l'infrastructure dans une perspective à très long terme, entre 2035 et 2040. Il apparait donc clairement que le gazoduc est confronté à des défis commerciaux, techniques, juridiques et financiers considérables qui le rendent peu susceptible de se concrétiser à court ou moyen terme.
Difficile d'opérer une incursion sur le marché européen où sont bien installées la Russie, la Norvège et l'Algérie.
Il ne faut pas perdre de vue que le projet vise à capitaliser sur les revenus financiers en exportant du gaz naturel vers l'Europe. Si la demande croissante de gaz en Europe peut s'avérer particulièrement intéressante pour le gazoduc Nigeria-Maroc, ce marché reste très concurrentiel. En effet, il serait techniquement difficile pour le gazoduc d'opérer une incursion sur ce terrain où sont bien installées la Russie, la Norvège et l'Algérie, sans parler des ambitions égyptiennes. Ces exportateurs ont des contrats de livraison à long terme avec les pays européens, qui s'étalent sur une dizaine, voire une vingtaine d'années.
En effet, il serait techniquement difficile pour le gazoduc d'opérer une incursion sur ce terrain où sont bien installées la Russie, la Norvège et l'Algérie.
Interpellé le 29 janvier dernier par des journalistes, lors d'une conférence de presse, Maïkanti Baru, le directeur de la société publique du pétrole du Nigeria, a tenu à rassurer l'opinion publique sur l'opportunité de la ligne. « Ce gazoduc contribuera à l'industrialisation de nos pays. Il répondra également aux besoins des consommateurs en matière de chauffage et pour d'autres utilisations », a-t-il déclaré.
Défis géopolitiques
Si les groupes de militants armés du Delta du Niger sont arrivés à déstabiliser la fourniture et l'approvisionnement en gaz dans quatre pays, pendant plus d'un an, les conséquences d'une telle action, si elle se reproduit, pourraient être catastrophiques sur une échelle de 14 pays.
En effet, au premier trimestre de 2016, déçus par la mauvaise redistribution de la manne pétrolière et des inégalités qu'elle engendre, les militants armés du Delta, principal bassin de production du pays, ont pris les armes. L'objectif était alors de détruire les installations de production et de transport de la région afin de réduire à néant la production du pays. Pendant plusieurs mois, de nombreux champs ont fermé et des pipelines ont été détruits. La situation a eu pour conséquence de réduire de plus de 70% la production énergétique du pays. L'offre destinée aux centrales thermiques locales et aux pays traversés par le gazoduc ouest-africain (Bénin, Togo et Ghana) a été réduite de façon conséquente.
Le Togo qui s'est retrouvé en manque de gaz, a dû faire tourner sa centrale thermique de Lomé au fioul lourd pendant plusieurs mois. Le Ghana, quant à lui, s'est tourné vers la Côte d'Ivoire pour assurer le minimum d'approvisionnement gazier. Le gouvernement nigérian avait alors expliqué que le peu de gaz disponible était utilisé par ses centrales. Si au troisième trimestre de 2017, l'accalmie est revenue dans la région, la situation est toujours fragile. Selon la presse locale, elle pourrait dégénérer à n'importe quel moment. Dans ces conditions, il devient difficile de compter sur un flux régulier de gaz naturel en provenance du Nigeria.
Selon Morocco World News, l'issue des élections présidentielles de février au Nigeria pourrait avoir un impact négatif sur le projet.
Il faut dire qu'au terme de son mandat de quatre ans, Buhari est crédité d'un bilan mitigé, notamment sur le plan économique. Atiku Abubakar, ancien vice-président d'Olusegun Obasanjo et principal challenger de Buhari, bénéficie d'une très grande popularité dans le pays et pourrait remporter les élections.
Or, l'ensemble des observateurs et des analystes s'accorde à dire qu'un changement de régime pourrait faire courir le risque de réévaluer ou d'abandonner tout projet majeur de ce genre. Et les récentes déclarations d'Atiku Abubakar jettent d'ailleurs le doute.
Si les critiques vis-à-vis du projet fusent de toutes parts et que l'ancien numéro 2 du Nigeria ne s'est pas expressément exprimé sur le sujet, ce dernier s'est dit totalement opposé à la politique pétrolière de Buhari. Il envisage d'ailleurs, s'il est élu, de privatiser la NNPC et de restreindre ses activités de à la régulation du secteur.
C'est au regard de ces nombreux défis que l'économiste français Philippe Chalmin déclarait, le mois dernier, à l'Agence Ecofin, que le gazoduc est « une entreprise qui est extrêmement complexe du point de vue géopolitique et qui représente un défi considérable. Et de poursuivre : « Je me demande si un investissement aussi colossal avec tous les risques de traverser des pays, dont la stabilité n'est pas forcément la qualité principale, est bien raisonnable… ».


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