Liberté d'expression : le gouvernement adopte un nouveau projet de loi sur le statut des journalistes    Attijari Payment lance officiellement son activité d'acquisition commerçants    Taxe d'habitation : la TGR met un terme à l'opacité autour du transfert des taxes locales    Projet Saïss : la résurrection d'une plaine agricole asphyxiée par la sécheresse    Wimbledon : les gains des joueurs ont progressé plus vite que l'inflation    Nostalgia Lovers Festival : la 2ème édition tient toutes ses promesses    Jazzablanca 2025 : une 18e édition vibrante, entre icônes planétaires et souffle marocain    Nostalgia Lovers : quand les tubes d'hier rallument les feux d'aujourd'hui    Energie. La plus grande centrale hydroélectrique d'Afrique bientôt inaugurée    Mali. Le chef de l'Etat aura un mandat de 5 ans renouvelables sans élections    Benkirane : le faux guide    Record de l'année sur 10.000 m : Biniam Mehary brille au sommet mondial    Gabon. Brice Oligui Nguema lance son parti « l'Union Démocratique des Bâtisseurs »    Le Premier ministre malaisien : les BRICS, un espoir pour un ordre mondial plus juste pour le Sud global    AES : Bamako accueille le 2ème sommet en décembre    Angélique Kidjo, première diva africaine à briller sur le Walk of Fame    Jazzablanca 2025 Black Eyed Peas, Caravan Palace et Nubya Garcia enflamment la scène    Lancement de la 16e édition de l'Université d'été en faveur des jeunes MRE    Morocco : A parallel event at the World Sociology Forum dedicated to Palestine    Abdelilah Benkirane appelle le Polisario à revenir au Maroc et critique le soutien de l'Iran    Marrakech - Majorque : Un vol privé contraint à un atterrissage d'urgence à Casablanca    Ahmed Ouichmane interdit d'entrée au Forum mondial de sociologie à Rabat en raison de la participation israélienne    Canaries : la présence du Front Polisario à la conférence du Parti populaire espagnol critiquée par les victimes du terrorisme    Filiale marocaine d'Orange, Teleperformance épinglée par la CGT en France    Aïta mon amour à Jazzablanca 2025 : «Les Marocains sont de grands fêtards !» [Interview]    Billetterie Réinventée : Place à la 3D    Signature à Genève d'un protocole d'accord entre le Maroc et l'OMPI pour la protection juridique du patrimoine culturel marocain    La Cybersécurité au Cœur du Notariat Marocain    Bank of Africa UK doublement primée aux Business Chamber Awards    Le président comorien met en avant le partenariat stratégique entre son pays et le Maroc    Les prévisions du lundi 7 juillet    El Partido Popular de España reafirma su postura sobre el Sáhara Occidental en su congreso    Yassine Bounou vers un départ d'Arabie Saoudite    L'AS ROME FAIT UNE OFFRE POUR NEIL EL AYNAOUI    Équité sportive : le football féminin africain face à un débat délicat    Nouveau terminal de l'aéroport Mohammed V : Lancement des travaux de terrassement    TGCC: Feu vert de l'AMMC à l'augmentation de capital    France : Expulsée d'une plage pour son burkini, une jeune femme renonce à se baigner    Jazzablanca 2025 : Seu Jorge, samba de feu et nuit électrisée    USA: Les inondations au Texas font 59 morts selon le dernier bilan    Les FAR participent à un défilé militaire aux Comores    Province de Nouaceur : Un garçon se noie dans un bassin de collecte des eaux usées (autorités locales)    Mondial des clubs : Le PSG dans le carré d'as, Achraf Hakimi passeur décisif    Jazzablanca : La nuit la plus folle est signée Caravan Palace et Black Eyed Peas    Settat : 450 bénéficiaires d'une caravane médicale pour le traitement de la cataracte    M'diq-Fnideq: Le « Pavillon Bleu » hissé au port de Marina Smir et sur quatre plages    Le Maroc mise sur un million de touristes chinois d'ici 2030    Un acte de sabotage du réseau d'eau menace la fermeture de la piscine municipale de Meknès    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Histoire : La Reconquista ou la douleur d'un départ forcé pour les familles juives
Publié dans Yabiladi le 16 - 09 - 2019

La chute de Grenade (1492) annonça une fin victorieuse de la Reconquista, menée par les armées catholiques depuis 722 dans la péninsule ibérique. Le roi espagnol expulsa nombre de familles juives et força les musulmanes à quitter la région. Depuis les dernières années du règne califal sur Al-Andalus, certaines commençaient à partir par contrainte, trouvant refuge du côté de la rive sud.
Les communautés juive et musulmane d'Al-Andalus vécurent les conséquences de la Reconquista (722-1492) dans leur chair. Plusieurs voyaient là les prémices de la chute des principautés musulmanes aux aurores du XVe siècle, ce qui les poussa à quitter la péninsule ibérique pour s'installer ailleurs, notamment dans des villes du nord et du centre du Maroc.
Certaines d'entre elles, à l'image de Chefchaouen, virent ainsi le jour sur les vestiges du règne califal andalou. Elles finirent par accueillir une bonne partie de ces familles poussées à l'exode, qu'elles fussent juives ou musulmanes. L'accession au pouvoir du roi Ferdinand II d'Aragon (1474-1503), dit Le Catholique, précipita en effet ce déplacement.
Avec la chute de Grenade (2 janvier 1492), dernier bastion des principautés musulmanes d'Al-Andalus, l'expulsion des non-chrétiens fut ordonnée expressément. Depuis, des familles tentèrent de panser les plaies de ce déracinement en élisant domicile au Maroc.
La même année, un édit fut publié dans ce sens. Appelé le «décret de l'Alhambra», ce texte daté du 31 mars 1492 et prenant effet premièrement à Grenade, trois mois après sa prise aux musulmans, énonçait que les juifs n'étaient «pas autorisés à rester dans le royaume espagnol et que [toute personne] désirant se convertir était la bienvenue».
Les récits du départ des familles juives
Aussi le «décret de l'Alhambra» confirma-t-il le plein pouvoir des inquisiteurs. Il leur ordonna en effet de continuer à «démasquer» des non-chrétiens qui auraient caché leur foi, ou encore des chrétiens les ayant aidés à ne pas se faire repérer, comme ils le firent au cours des dernières années avant la chute de Grenade, plus précisément à partir de 1478, avec la création officielle du tribunal du Saint-Office de l'Inquisition.
Histoire : Lorsque les Nasrides andalous firent de Chefchaouen leur forteresse
Dans l'un de ses écrits documentés, l'enseignant-chercheur Mohamed Chtatou, de l'Université Mohammed V à Rabat, se basa sur les versions relatées par des juifs qui vécurent ce douloureux épisode de l'histoire, couché sur papier entre avril et mai 1495. En filigrane, il souligna que «la majorité de la population de ce pays était juive jusqu'à l'arrivée du christianisme», de même que la conversion des habitants se fit «tantôt par la persuasion, tantôt par la force», au cas où une taxe ne devait pas être versée obligatoirement dans l'espoir de s'épargner une persécution, restée pourtant une réalité quotidienne.
A l'achèvement de la Reconquista, Le Catholique ordonna ainsi l'expulsion immédiate de tous les locaux de confession juive, dans un délai de trois mois. En parallèle, il procéda à l'expropriation de tous leurs biens, dans l'idée que l'influence de l'Eglise catholique devait confirmer sa reprise de contrôle sur la région. Selon Mohamed Chtatou, près de 250 000 juifs prirent le large à bord de navires marchands à destination de pays européens ou nord-africains, pratiquement sans bagages.
Le chercheur se basa sur des descriptions reproduites en hébreux par l'un des déplacés, où celui-ci évoquait des familles d'«artisans, pour la plupart», propriétaires de «maisons, de champs, de vignes et de bétail» et qui fréquentaient assidûment «les académies [talmudiques]». Ce fut notamment le cas des rabbins «Isaac Aboab à Guadalajara [probablement le plus grand rabbin espagnol de son temps], Isaac Veçudo à León» ou encore «Jacob Habib à Salamanque [plus tard auteur d'une collection de pièces célèbres du Talmud]».
Le sort qui fut réservé aux familles non-chrétiennes vivant dans la partie portugaise de la péninsule ibérique fut tout autant tragique. En 1493, le roi catholique Juan (1481-1495) exploita en effet les «séfarades et leurs enfants sur l'île de Santo Tomas, au large des côtes africaines». Par ailleurs, le monarque ordonna aux juifs de Lisbonne «de ne pas élever leurs voix dans leurs prières, afin que Dieu n'écoute pas leurs plaintes au sujet de la violence qui leur fut infligée», comme le rappela Mohamed Chtatou.
L'antériorité du judaïsme ibérique
Pourtant et sur la péninsule ibérique, l'existence de ces communautés aurait été plus antérieure que la chrétienté, de la même manière que ce fut le cas dans le Maroc actuel. Ce point de vue fut soutenu par nombre d'historiens et de spécialistes, comme l'enseignant-chercheur Mohamed Chtatou.
Les recherches de celui-ci soulignèrent que les juifs vivaient au Maroc depuis plus de deux millénaires, constituant la communauté juive la plus importante du monde musulman. Avec la destruction du deuxième temple de Jérusalem par les Romains en l'an 70, ils auraient afflué en nombre et élirent domicile en Afrique du Nord, mais également sur la péninsule ibérique.
De là au XIe siècle, les Almoravides (1040-1145) lorgnaient toujours sur une alliance efficace avec les communautés juives pour élargir leur zone d'influence à Al-Andalus. Là-bas, les familles juives constituèrent en effet un allié de taille pour les sultans amazighs musulmans. En revanche, cela ne fut pas toujours le cas de l'autre côté de la Méditerranée, où Mohamed Chtatou rappela des évènements violents ayant visé cette communauté entre 1121 et 1269.
Après les Almoravides, les Mérinides (1244-1465) firent des juifs leurs alliés. Le fait de leur accorder certains privilèges de pouvoir leur valut même la contestation de certains oulémas. A rebours de ces dernières, les juifs furent logés par les sultans mérinides «dans un quartier proche du palais de Fès Jdid, où se trouvait une ancienne mine de sel, d'où l'appellation du Mellah donnée aux quartiers juifs», nota encore Mohamed Chtatou.
Au fur et à mesure des pouvoirs qui se succédèrent sur le Maghreb occidental et Al-Andalus, la cohabitation pacifique dans l'ensemble, avec les musulmans; dura jusqu'à la chute de Grenade. Les liens ne se coupèrent pas pour autant, puisqu'ils trouvèrent leur continuité dans la rive sud de la Méditerranée.
Entre ces deux longues périodes, certains juifs finirent par se convertir à l'islam. La publication du «décret de l'Alhambra» annonça l'exode, mais quelques familles d'ascendance juive décidèrent de résister. Ainsi, elles pratiquèrent clandestinement leur culte dans les royaumes portugais et espagnol, où ils étaient qualifiés de «marranes» (porcs).
Le nombre d'Ibériques de confession juive ne cessa de baisser depuis. En Espagne, on en comptabilisa quelques 12 000 au cours des années 2000, dont les héritiers séfarades constituèrent près d'un cinquième de la population mondiale de confession juive.
Dans ce sens, l'étude intitulée «L'héritage génétique de la diversité religieuse et l'intolérance : Lignées paternelles des chrétiens, des juifs et des musulmans dans la péninsule ibérique», appuyée par l'Université de Leicester en Angleterre, souligna que près de 20% de la population espagnole aurait au moins un aïeul séfarade.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.