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Réflexion
La société marocaine ébranlée par ses pathologies de violence
Publié dans Albayane le 12 - 05 - 2013

La société marocaine ébranlée par ses pathologies de violence
La société marocaine va-t-elle s'inscrire dans une logique de dénonciation à long terme ? Est-elle capable de transgresser la règle et élaborer une stratégie pour faire face à celle de ESSATTR qui domine la société actuelle et fait passer sous silence un ensemble de pratiques anti-humaines sans que cette stratégie de dénonciation soit un moyen de contrôle de libertés individuelles et de vie intime ? Cela se fera t-il sans que cette dernière soit récupéré pour instaurer encore et plus fort une moralisation théorique qui ne réponde plus à la réalité sociale ?
Losqu'on discute de la paix de la société marocaine, on aborde essentiellement un semblant de paix construit sur le déni, l'éttouffement et le silence d'un ensemble de pratiques qui violentent la morale sociale idéalisée. La société marocaine dans un sens commun traditionnel est organisé pour ne pas dénoncer le sujet du dérapage. Elle condamne le fait de nommer, de dire , de rendre tangible un fait dérangeant la paix sociale. Elle s'est toujours défendue par ses mécanismes moralistes pour asphyxier la réalité de la violence sexuelle dans la société marocaine. Ainsi, tout ce qui ne se dit pas, ne se nomme pas , n'existe pas comme réalité. La société marocaine a construit tout un système d'idéalisation pour désigner le dysfonctionnement, non comme le sien, mais certes une composante des autres civilisations et d'autres « countries » qui sont à l' origine de perturbations et troubles moraux de notre paix. Toute forme de comportement immoral est vu comme « bâtard », un étranger à notre système de valeurs solide et protecteur. La société marocaine a occulté et occulte toujours dans son auto-perception ses pathologies sexuelles ; viol de femmes et d'hommes, inceste, consommation de prostitution, et pourtant, la violence sexuelle n'est pas inédite en son sein. L'inédit pour les citoyens marocains c'est d'en parler, non entre les portes, non plus dans des cercles protégés et fermés, non avec censure, mais sur l'espace public.
Voir défiler des citoyens marocains pour créer leur colère, leur rejet, leur peur, leur envie d'agir, fait naitre certes dans le plus profond de chaque citoyen marocain un plaisir douleureux, le plaisir d' observer son réveil amer sur une réalité tant occultée et enterrée dans son profond conscient, mais avec amertume, car la société marocaine aurait bien aimé se passer de cette exposition sociale qui fait saigner ses blessures et assassiner sa paix. Le citoyen marocain est brimé dans sa chair, dans son être.
La marche blanche de Casablanca par ses acteurs ; artistes, médias, politique, mouvements associatifs et la société civile laisse entendre sa motiviation de crier sa révolte contre un système qui ne les protège pas. Par leur marche blanche, la société marocaine ne dénonce pas seulement la pathologie sexuelle dans son pays , mais annonce fortement qu'elle y est depuis longtemps. Néanmoins, le danger devient éminent, fortement présent même dans ses lieux profonds considérés les plus protégés et les plus paisibles. La société marocaine fait troquer son idéal imaginaire illusoire, miroité depuis longtemps contre la dénonciation et l'exigence de la protection sociale. Elle vit le sentiment d'être en danger, ses citoyens s'organisent tant qu'ils peuvent pour se protéger, protéger les leurs par un contrôle grandissant sur l'individu ; censure de déplacement, accompagnement d' enfants, multiplication des moyens de transport et pourtant le sentiment d'être exposé au danger s'amplifie. Ils ont peur pour eux, pour leurs enfants, pour leur entourage. Ils prennent conscience du danger, des dangers , du sentiment de vivre dans une société ou l'impunité est devenue par excellence la règle générale qui se confirme.
La banalisation de la violence sexuelle , un acte qui tue l'être en chacun, enfants, adultes, femmes et hommes assassine l'innocence et la pureté du corps et de l'âme. L'humain est éduqué dans l'idée de préservation de son intégrité. Devant ce fait déstructurant , les victimes se sentent défaillantes, elles rejettent leurs corps, sont habitées par un sentiment de souillure, d'impureté. Elles se trouvent assez souvent prisonnières de leur silence, de leur incapacité de réparation. Pour les enfants, c'est un réveil violent sur la sexualité, une « initiation » destructrice de leurs sensations humaines. Dans la société marocaine, par peur d' un ordre social qui les positionne comme des coupables, elles se trouvent isolées face à elles, face à leur silence, sans mots, sans droit de dire, sans thérapie possible. Elles sont otages de leurs sentiments : vivre et mourir avec, sans aucune libération possible.
La marche blanche de casablanca déclare dans ses propos l'envie de vengeance, car notre système moraliste et moralisant est borné. Il impose une vision éducative qui se restreint à faire véhiculer des répères , des valeurs et des principes pour maintenir l'idéalisation de son ordre social, sans remise en cause possible de ses fondements. La marche blanche a marqué aussi un fait insolite, la violence sexuelle, n'est plus une conception intellectualisée , elle est ressentie dans leur chair, dans leur corps, et transmis par des cris et des paroles violentes. Il est important, même essentiel de constater que la marche blanche Casablanca, comme d'autres auparavant a révélé les limites et les dérapages du système de régulation sociale. Elle met en évidence le fait que ce système n'est plus fécond de sécurité ; la recherche d'une alternative possible devient une urgence, elle instruit l'idée de réfléchir sur l'alternative.
La question est de savoir si la société marocaine va user de l'ensemble de ses forces sociales, politiques, de ses acquis pour s'inscrire davantage dans sa modernité et instaurer une gestion plurielle de l'humain, de sa perception et de sa mesure, à savoir que notre système de mesure de l'humain se construit sur les apparences : les manifestations extérieures des appartenances et des convictions.
La question est aussi de s'interroger sur le système juridique en terme de lois et hommes de loi. Evoluera -t –il ? Pourra t-il s'inscrire dans une nouvelle approche pour remettre de l'ordre dans sa vision, une remise de l'ordre dans les rôles et les places, que l'inculpé soit bien identifié et que la victime ait le droit de se sentir non responsable du fait, qu'on cesse de l' agresser, de culpabiliser sa famille pour prouver le degré de défaillance dans son role ?
Le système judiciaire doit revoir sa manière de se positionner comme un representant/régulateur de l'ordre moral et religieux de la société, qu'elle appréhende autrement sa place, sa profession.
Il est important que le législateur se mette à réfléchir sur des notions fortes et déterminantes du viol, comme la notion de la liberté ou l'adhésion de la victime, qui se limite à chercher la relation entre le coupable et la victime. Il est important de saisir le sens exact de l'agression qui est enfouie en elle, la violation d'une liberté, le viol d'un corps humain. Le législateur ne peut continuer à tergiverser sur la notion de la liberté en la réduisant à un accord sur la fréquentation ,l'accompagnement ou la cohabitation avec une personne. Il ne faut pas réduire le corps humain, surtout le féminin à un champ de marchandage afin de qualifier le degré de dégats et de pertes et statuer sur sa qualité, « de virginité ou pas, » etc. Par cette conception du viol, l'humanisme marocain est secoué et n'a pas lieu d'être.
La société marocaine est dérangée dans son organisation morale et sociale par la violence sexuelle, par la pédophilie. Rappelons que celle-ci est codifiée socialement, légitimée par le groupe et un ensemble de pratiques coutumières et des dires réligieux. Le système social dit cohérent légitime le viol des petites filles par l'acte de mariage dans plusieurs régions du Maroc, mariage à huit ans, neuf ans etc. Ces fillettes sont répudiées au lendemain. La société s'empiète de plus en plus, entre l'envie de droit ,de droits humains et le maintien fort du conservatisme dangeureux pour l'humain. Le système conservateur constuit ses propres moyens de légitimation de viol, satisfait ainsi des besoins pathologiques, de pédophilie, réduisant ainsi, la femme enfant, la femme adulte, à un sexe capable de répondre à un imaginaire débordant, fantasmant sur une transe sexuelle et une virilité débordante.
La violence sexuelle, la pédophilie ébranlent la société marocaine. Elles la mettent face à elle-meme, face à son système de régulation, à ses moyens de répondre à son évolution, à sa forme humaine de réfléchir l'humain autrement et dans son intégralité. Il est évident que la société marocaine se fait rattrapper pas ses démons et pathologies sexuelles. La societe marocaine se trouve ainsi, face a sa relation, sa gestion et sa conception de la sexualite.
*Professeure de sociologie à la Faculté des Lettres et des Sciences Humaines-Mohammédia


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