Cette fois, c'est officiel : la pandémie 2009-2010 due au nouveau virus grippal A (H1N1) est terminée. La directrice générale de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), le docteur Margaret Chan, l'a annoncé mardi 10 août, suivant l'avis du Comité d'urgence réuni le matin même à Genève. L'OMS a aussi mis en ligne, mercredi 11 août, la liste des 16 membres de ce comité et la déclaration d'intérêts faite par six d'entre eux. usqu'ici, seul le nom du président de ce Comité d'urgence, l'Australien John McKenzie, avait été rendu public. Ce qui alimentait les critiques sur le manque de transparence de l'OMS. Aucun expert français ne figure sur la liste. Parmi les six membres ayant effectué une déclaration d'intérêt, certains dirigent des centres de recherche ayant reçu des fonds de l'industrie pharmaceutique. L'OMS a cependant estimé qu'il n'y avait pas de conflit d'intérêts tels que les six experts auraient dû s'abstenir de participer aux travaux du Comité. Le dossier du professeur Arnold Monto (Université du Michigan), déjà épinglé en juin par le British Medical Journal, apparaît pourtant copieux. Il a déclaré des activités de consultant, passées et présentes, pour un montant n'excédant pas à chaque fois 10 000 dollars (7 660 euros), auprès des laboratoires GSK, Novartis, Roche, Baxter et Sanofi. Soit les quatre principaux fabricants de vaccins, mais aussi les deux producteurs d'antiviraux (Roche et GSK). Concernant la gestion de la pandémie, le docteur Chan estime que "nous avons eu beaucoup de chance ". La directrice générale a invité les Etats à maintenir leur vigilance. "Le nouveau virus H1N1 a pratiquement cessé de sévir, a-t-elle indiqué. Cela ne signifie pas qu'il a complètement disparu." Il devrait adopter "le comportement d'un virus grippal saisonnier et [continuer] de circuler quelques années encore". 18 500 DECÈS Depuis son début en avril 2009, la pandémie a fait au total 18 500 décès, selon l'OMS – contre 250 000 à 500 000 attibuées chaque années à la grippe saisonnière. Mais pour le virus A(H1N1), il s'agit de morts confirmées en laboratoire, une procédure inédite qui s'appliquera à l'avenir, a précisé le docteur Keiji Fukuda, conseiller spécial de Mme Chan. "De 20 à 40 % des populations de certaines régions ont été infectés par le virus H1N1 et ont donc acquis un certain degré d'immunité protectrice." Pour Mme Chan, l'OMS n'a pas surréagi, comme il lui en a parfois été fait le reproche. L'institution a été "constante dans ses messages", indiquant que "la pandémie avait une sévérité modérée et la plupart des personnes touchées guériraient, mais qu'il existait des formes graves chez les jeunes adultes et les femmes enceintes". Mme Chan a estimé que son organisation avait trouvé "le bon équilibre". Elle a toutefois tiré quelques leçons plus critiques. La période postpandémique doit inciter les Etats tout comme l'OMS à "revoir leurs plans de réponse ". "Il faudra peut-être plus de flexibilité, avec des scénarios optimistes, intermédiaires et pessimistes", a-t-elle déclaré. Dans la perspective d'une future pandémie, il faut aussi "examiner les phases, y compris la sévérité". L'OMS a été fortement critiquée en 2009 pour avoir supprimé ce critère dans la définition d'une pandémie.