Les réflexions et discussions autour des alliances et de l'unité de la gauche se poursuivent. Le Parti socialiste (PS) vient d'initier un séminaire national sur l'alliance des partis de gauche auquel ont pris part des responsables des huit partis de cette famille politique : PS, PPS, USFP, PSU, PADS, FFD, PT, en plus d'Annahj Dimocrati. Seul le Congrès nationale ittihadi (CNI) n'a pas répondu à l'invitation. «La finalité ultime de ce séminaire consiste en la création d'une opportunité à la famille de gauche pour interpeller son passé et sa réalité avec impartialité, objectivité et esprit de camaraderie, loin de toute exaltation de son ego. Elle consiste également en la recherche de formules d'action commune à travers l'adoption d'une charte d'honneur définissant les fondements et objectifs dans la perspective d'élaboration d'un projet sociétal au sein d'une structure nationale démocratique de gauche qui respecte la différence et la défend » souligne la plate-forme d'orientation de ce séminaire. Intervenant à deux reprises, Dr Abelmajid Bouzoubaâ, secrétaire général du PS qui brosse un diagnostic inquiétant de la crise de la gauche qui est une manifestation d'une crise générale et globale que traverse le pays, a lancé une idée concrète sur la table des discussions en proposant la tenue d'une rencontre annuelle des partis de gauche à l'hiver ou au printemps 2011. Ce forum annuel sera dédié aux débats autour du renouvellement de la pensée socialiste, l'économie solidaire, les formes et mécanismes organisationnels d'alliance pour l'avenir et aussi autour de l'élaboration d'un projet sociétal de gauche. Réconforté par l'accueil favorable de cette proposition par les intervenants, Bouzoubaâ a suggéré de passer au travail pour l'élaboration d'un «programme minimum» qui dessine une stratégie commune intégrée couvrant tous les domaines d'action notamment électoral et syndical. L'orateur a aussi plaidé pour le renforcement des liens avec les masses laborieuses en vue d'œuvrer pour le changement des rapports de force pour pouvoir arracher des acquis. De son côté, Rachida Ben Messoud, membre du bureau politique de l'USFP a rappelé que la création d'un grand pôle de gauche constitue une préoccupation centrale de son organisation mettant l'accent sur la nécessité de «ne pas minimiser» l'importance des échéances de 2012 et proposant de travailler conformément à un agenda à court, moyen et long termes. L'oratrice a aussi suggéré l'élaboration d'une «plate-forme consensuelle» guidant l'action commune de la gauche sur la base du respect de la «culture de tolérance et de reconnaissance et de gouvernance partisane». Les réformes constitutionnelles et politiques dont la révision du mode de scrutin et de la loi sur les partis politiques figurent au centre des priorités de l'action commune, constate la dirigeante de l'USFP. Pour Mohammed El Ouchari, du bureau exécutif du Parti travailliste (PT), la gauche devra œuvrer pour devenir une force électorale majoritaire pour pouvoir mettre en œuvre son programme, d'où la nécessité de revoir la loi sur les partis politiques et le mode de scrutin actuel et opter pour un scrutin à deux tours. Les forces de gauche devraient reprendre l'initiative politique et franchir des pas pratiques d'unification de la gauche, a martelé Omar Hassani, membre du Bureau exécutif du FFD. « Les règles du jeu politique en vigueur actuellement sont contradictoires avec les règles du jeu démocratique » a affirmé l'orateur mettant la nuance entre l'alliance de la gauche fondée sur un projet sociétal commun et une alliance conjoncturelle basée sur un calcul électoral. Pour sa part, Abderrahmane Ben Ameur, secrétaire général adjoint du PADS, a considéré que l'alliance de gauche commence d'abord par une coordination autour d'un programme commun délimité dans le temps et l'espace pour aboutir ensuite à une étape avancée d'alliance. Les questions constitutionnelle et institutionnelle et aussi sociale constituent de son point de vue les fondements de cette action de la gauche. «C'est à travers des luttes concrètes que se forge l'unité entre les véritables forces de gauche» a insisté Ben Ameur. Quant à Mohamed Aouni, membre du bureau politique du PSU, il a appelé à la constitution d'un pôle de gauche pour faire face à ses adversaires sur le terrain, considérant que le pays continue de vivre sous une «démocratie de façade» et s'inquiétant de la situation de recul et d'effritement que vivent les partis de gauche. Aouni a aussi rappelé la proposition de son parti relative à la création d'une fédération de gauche et qui a été précédemment soumise aux partis concernés. Et parmi les tâches de la gauche marocaine aujourd'hui, selon Mohamed Moussaoui, membre du secrétariat national d'Annahj Addomocrati, il ya lieu de souligner la réhabilitation de l'analyse marxiste, la dénonciation des choix économiques officiels et l'implantation sur le terrain pour adhérer et renforcer les luttes populaires. «Il est temps de bâtir des alliances et coordinations de lutte pour contribuer au changement des rapports de force à la faveur des forces de gauche» a-t-il insisté. Said Fekkak, membre du nouveau comité central a considéré que l'unité de gauche qui est un «processus objectif» ne peut se faire que progressivement et dans le cadre du respect des fondamentaux du pays. La création d'un groupe parlementaire de gauche constitue, de son point de vue, un exemple pour commencer à concrétiser l'unité souhaitée. Appelant à la création d'une commission conjointe pour débattre des futures échéances électorales, Fekkak a proposé la tenue d'un séminaire plus large dédié au projet d'unité de la gauche. Mais cette unité ne peut se forger «en dehors des fondamentaux du pays», a-t-il tenu à préciser. L'unité de gauche est utile non pas pour gagner le pari électoral seulement, mais pour permettre au pays de s'inscrire dans le processus de son développement durable futur, a noté pour sa part, Moulay Ahmed Laraki, secrétaire général adjoint du PS. La gauche pourra sauver non seulement le Maroc, mais aussi l'humanité tout entière dépourvue d'une vision
