Le ministère de la jeunesse, de la culture et de la communication a annoncé la restauration du site historique de Dar Moulay Hachem à Demnate, qui sera converti en centre consacré à la mémoire hébraïque. Ce projet s'insère dans un vaste effort national de préservation de l'héritage juif marocain, reconnu par la Constitution comme l'un des fondements de l'identité du royaume, rapporte Ynet News. Demnate, jadis foyer d'une communauté juive florissante, ne compte plus aujourd'hui de résidents de confession mosaïque. Toutefois, l'ancienne école de l'Alliance israélite universelle s'y dresse encore, et le cimetière juif voisin a récemment été restauré avec l'appui des autorités marocaines. Le futur centre culturel sera érigé à proximité immédiate de cette nécropole, précise Ynet News. Un responsable marocain cité par le média israélien a déclaré qu'il s'agissait «d'une stratégie globale conduite par le roi Mohammed VI pour préserver la mémoire juive du Maroc». Il a ajouté que cette entreprise prolonge des années de restauration de synagogues et de cimetières juifs à travers le royaume, rappelant que la Constitution érige la composante hébraïque en élément constitutif de la culture nationale. Ce même responsable a souligné que «cet effort, auquel s'ajoutent le rôle du conseiller royal André Azoulay, l'action de la commission royale chargée de la réhabilitation des cimetières juifs, et la création de musées, synagogues et événements culturels, témoigne d'une politique constante et cohérente, et non de gestes isolés», selon Ynet News. Le contraste algérien : disparition d'un édifice de culte Le quotidien israélien rapporte que ce responsable a opposé la démarche du Maroc à celle de l'Algérie, où les autorités ont récemment démoli la synagogue «Shalom Labhar», construite en 1894 dans le quartier de Bab El Oued à Alger. D'après Ynet News, cet édifice n'était plus en usage depuis l'indépendance en 1962, après le départ quasi complet de la communauté juive. Les autorités algériennes ont justifié la destruction en invoquant l'état de délabrement du bâtiment et sa proximité avec des établissements scolaires. Des habitants se seraient rassemblés pour assister à la démolition, incluse dans une campagne plus large d'élimination des constructions menaçant ruine. Le responsable marocain a toutefois affirmé, selon Ynet News, que «cet acte relève d'une politique ancienne tendant à effacer la trace du patrimoine juif d'Algérie, jadis l'un des plus vastes d'Afrique du Nord». Un modèle de coexistence salué Léa Ben Shitrit, personnalité engagée dans la préservation du patrimoine juif marocain et dans le rapprochement entre le Maroc et Israël, a salué la décision de créer le centre de Demnate. Elle a déclaré à Ynet News que «depuis des millénaires, le Maroc demeure un modèle de coexistence entre civilisations, cultures et religions» et que «par son modèle singulier, le royaume a fait de la religion une force de paix, permettant aux communautés musulmane et juive de vivre dans l'harmonie et le respect mutuel». Ayant pris part à la rénovation du cimetière attenant, Mme Ben Shitrit a diffusé des photographies montrant des sépultures fraîchement restaurées et blanchies à la chaux. Elle a ajouté que «le Maroc, en honorant son histoire et son identité en intégrant le patrimoine juif dans les programmes scolaires, offre un exemple que l'Etat d'Israël devrait suivre», soulignant qu'«il ne faut pas oublier le courage du roi Mohammed V, qui protégea les Juifs marocains durant la Shoah», rapporte Ynet News. Dans un autre propos cité par le média, Mme Ben Shitrit a appelé Israël à rétablir les vols directs vers le Maroc, suspendus depuis l'éclatement du conflit entre Israël et le Hamas en octobre 2023. Elle a affirmé que «la communauté juive marocaine reste profondément attachée à son pays d'origine» et qu'«nombre d'entre eux n'attendent qu'une chose : fouler à nouveau la terre de leurs ancêtres dès la reprise des liaisons aériennes», écrit Ynet News.