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«Regards croisés sur les sociétés amazighes»
Publié dans Albayane le 08 - 03 - 2022


Trois questions au chercheur, Mohamed Oubenal
Propos recueillis par Moha Moukhlis
Ouvrage collectif qui a mobilisé tous les chercheurs du Centre des Etudes Anthropologiques et Sociologiques (CEAS-IRCAM), ce livre est le résultat d'un travail transversal fondé sur une approche plurielle, des regards croisés sur les sociétés amazighes, avant, pendant et après l'ère coloniale. Le chercheur Mohamed Oubenal, co-auteur de l'ouvrage, nous en parle en répondant à nos questions. Les détails.
Dans un premier temps, parlez-nous de l'apport de cet ouvrage et du choix des thématiques.
Mohamed Oubenal : Dans cet ouvrage, nous avons choisi, au sein du centre, de prendre le temps de mener une revue critique de la littérature existante sur des domaines précis touchant aux sociétés amazighes. Il ne s'agissait pas de faire une anthologie avec une sélection de textes fondateurs précédemment publiés mais de produire notre propre lecture des écrits de la période coloniale et postcoloniale sur des sujets déterminés. Cela commence d'abord par l'inventaire de ce qui a été fait sur le sujet avant d'en livrer une lecture critique. Par exemple, lorsque Hammou Belghazi s'intéresse au regard porté sur les tribus amazighes Zemmour, il constate que le mot «siba» est souvent utilisé pour les qualifier. Il commence alors par déterminer les textes où l'on utilise ce terme en rapport avec la caractérisation de la société amazighe que ce soit chez les historiens du Makhzen (Ahmed Ennassiri), dans la correspondance des sultans, chez les Français durant la période coloniale (Pierre Loti, Charles de Foucault, Marcel Lesne) ou encore chez les Marocains après l'indépendance (Abdallah Laroui, Paul Pascon et Mohamed Guessous). Il discute ensuite la notion de «siba» au regard des travaux qu'il a lui-même consacrés aux pratiques juridiques locales ainsi qu'au pacte de coalition tribale ⵜⴰⴹⴰ (taDa) chez les Zemmour.
En quoi l'approche pluridisciplinaire au sein de votre centre est-elle pertinente ?
Regards croisés sur les sociétés amazighes s'inscrit dans la suite des volumes publiés par le Centre des études anthropologiques et sociologiques (CEAS) sous forme d'ouvrages collectifs. Je citerai, à titre d'exemple, deux livres que nous avons publiés depuis que je suis au CEAS : l'un sur le droit communautaire, plus connu sous le nom de l'ⴰⵣⵔⴼ (azrf) ou ⵍⵄⵓⵔⴼ (lôrf) ; l'autre, sur les mutations des musiques amazighes. A chaque fois, il s'agit pour nous de choisir une thématique commune pour ensuite mobiliser nos domaines respectifs de spécialisation disciplinaire (anthropologie, histoire et sociologie). Par exemple, dans notre ouvrage Regards croisés..., El Khatir Aboulkacem interroge la conceptualisation des structures sociales des tribus amazighes dans l'anthropologie coloniale notamment chez Robert Montagne, Jacques Berque et André Adam. Pour sa part, Mbark Wanaim mobilise un matériau historique pour étudier les notions de territoire et d'institutions des tribus amazighes dans les récits des voyageurs/explorateurs français ainsi que les conséquences de la conquête militaire française sur l'organisation sociale des tribus qui furent désarmées et leurs territoires placés sous autorité militaire.
En plus de cette diversité disciplinaire, chacun parmi nous peut mobiliser sa propre approche méthodologique ou privilégier l'étude d'un matériel particulier : l'archive coloniale ou personnelle, l'entretien, l'observation et une revue de littérature. Et même, lorsqu'on mobilise le même matériel, on peut l'analyser de manière différente. C'est d'ailleurs cette idée de croiser des regards différents qui a motivé le choix du titre de l'ouvrage.
La question des «regards croisés» est également présente dans notre façon de travailler. Les réunions durant lesquelles on choisit la thématique abordée ou pour évaluer l'état d'avancement de nos travaux respectifs, nous permettent de nous enrichir mutuellement. Par exemple, à mon arrivée à l'IRCAM, j'avais surtout une approche de sociologie économique basée sur les entretiens qui permettaient d'étudier les interdépendances entre acteurs, la collaboration avec des collègues qui mobilisent les archives m'a permis de diversifier le regard que je portais sur mes objets d'étude. Je tiens également à signaler qu'en dehors des réunions formelles de travail, les discussions informelles avec différents collègues de l'IRCAM m'ont aussi permis d'explorer de nouvelles pistes de réflexion.
Pouvez-vous nous présenter l'impact des mutations socioéconomiques sur les structures des communautés étudiées.
Dans le dernier ouvrage, j'ai surtout travaillé sur les mutations socioéconomiques qui ont impacté la région de l'Anti-Atlas. Il faut d'abord signaler que la pénétration des produits européens (sucre, thé et cotonnades), qui se fait bien avant la signature du traité du protectorat, va transformer les habitudes de consommation des Imazighen et des Marocains en général. Le développement des villes du Nord notamment Tanger et Casablanca va ensuite conduire plusieurs Issoussiyn des tribus qui jouxtent la montagne de Lkest (Tafraout, Ida ou Gnidif, etc.) à migrer vers les villes du Nord pour travailler comme ibeqqaln et épiciers avant que certains parmi eux ne parviennent à réussir dans des secteurs d'activités diversifiés. Ce sont ceux-là que j'appelle les Iboudrarn (montagnards) du commerce parce qu'ils sont originaires de l'adrar (montagne) n'Lkest et qu'ils ont connu une importante ascension sociale.
ⵜⴰⵖⵏⵏⴰⵏⵜ (Taghnnant) que je définirai, ici, comme la compétition de statut entre paires pousse ces Iboudrarn, ayant accumulé de l'argent dans leur commerce, à faire des dépenses prestigieuses qui vont transformer le mode de vie et l'aspect même des vallées de l'Anti-Atlas. On y voit émerger de grandes constructions en béton dispersées qui contrastent avec les vieux villages comportant des maisons traditionnelles collées les unes aux autres.
En somme, notre ouvrage est l'aboutissement d'un travail collectif pour faire le point sur les transformations sociales et culturelles qui ont affecté les communautés amazighes.


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