Nabil EL BOUSAADI Bien que n'ayant jamais critiqué publiquement l'offensive russe contre l'Ukraine, alors qu'elle a toujours exprimé son soutien à la Russie face aux sanctions occidentales « unilatérales » et utilisées de « manière abusive » et qu'elle n'avait eu de cesse d'appeler au respect de l'intégrité territoriale de l'Ukraine quand Poutine avait revendiqué l'annexion de cinq régions ukrainiennes, la Chine essaie de se positionner en tant que médiateur dans le conflit qui oppose les deux pays. C'est à ce titre que, ce vendredi 24 Février 2023, qui correspond au premier anniversaire de ce que l'Histoire retiendra comme étant la Guerre d'Ukraine, Pékin a publié, sur le site du ministère chinois des Affaires étrangères, un plan de paix appelant à la reprise du dialogue direct entre Moscou et Kiev et s'opposant à tout recours à l'arme nucléaire. Il ressort de ce document que la Chine, soucieuse de jouer « un rôle constructif », appelle à « respecter la souveraineté de tous les pays » et à « renoncer à la mentalité de la guerre froide », promeut l'« application égale et uniforme du droit international », rejette le fameux « deux-poids, deux mesures » qui préside aux relations internationales, met en garde contre la logique de l' « expansion des blocs militaires », invite les parties à « œuvrer ensemble à la paix et à la stabilité sur le continent eurasiatique » en s'interdisant toute « aggravation des tensions », s'oppose à « la recherche », au « développement » et à « l'utilisation » des armes chimiques et biologiques « par quelque pays que ce soit dans quelques circonstances que ce soient » ainsi qu'aux « attaques armées contre les centrales nucléaires » et appelle, enfin, à « prévenir résolument les accidents nucléaires d'origine humaine ». Il y a lieu de signaler qu'après avoir, à plusieurs reprises, agité la menace nucléaire en guise de réponse à l'aide militaire massive apporté à l'Ukraine par l'Europe et les Etats-Unis, le président russe Vladimir Poutine a suspendu, à compter de mardi dernier, sa participation à l'accord New Start sur le désarmement nucléaire ; une décision jugée « décevante et irresponsable » par Washington et « regrettable » par l'OTAN. En s'opposant, par ailleurs, à une « politisation de l'économie mondiale » en vue de son utilisation comme « arme », Pékin appelle à « faciliter l'exportation des céréales » et à « assurer la stabilité des chaînes industrielles et d'approvisionnement », à respecter les convois humanitaires et à défendre le rôle de l'ONU dans la coordination de l'acheminement des aides humanitaires dans les zones de conflit. En matière de respect des droits humains, la Chine appelle à protéger les populations civiles et somme les belligérants à « éviter d'attaquer les installations civiles (et) à protéger les femmes, les enfants et les autres victimes du conflit ». Mais au moment où la Chine tente de s'ériger en médiateur dans le conflit qui oppose la Russie à l'Ukraine, Washington l'accuse d'envisager de fournir des armes à la Russie – ce que Pékin dément formellement – et l'Ukraine dénonce, de son côté, le « parti-pris » du plan de paix présenté par la Chine au motif qu'il ne parlerait pas « aux deux parties » intéressées ; à savoir, l'Ukraine et la Russie, mais seulement à la Russie. Aussi, en faisant part, ce vendredi, de son intention de rencontrer son homologue chinois pour discuter des propositions de Pékin visant à résoudre le conflit opposant Kiev à Moscou, le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a souhaité que la Chine, qui affirme « respecter l'intégrité territoriale » de l'Ukraine, fasse le nécessaire « pour que la Russie quitte le territoire ukrainien ». Le plan proposé par Pékin va-t-il réussir à faire taire les grondements des canons russes et ukrainiens et ramener la paix dans la région ? Rien n'est moins sûr au vu du rôle joué, dans ce conflit, par Washington et ses alliés de l'OTAN et de leur intransigeance mais attendons pour voir...