Nabil El Bousaadi C'est sur fond de tensions avec la Chine, exacerbées depuis l'arrivée au pouvoir de la présidente taïwanaise Tsai Ing-wen, qu'après avoir échoué à obtenir l'investiture du Kuomintang (KMT), principal parti d'opposition, réputé plus proche de la Chine que le Parti démocratique progressiste (PDP) qui est actuellement au pouvoir, le magnat des affaires Guo Taiming, 72 ans, plus connu sous le nom de Terry Gou et co-fondateur de « Foxconn », le premier sous-traitant de produits électroniques dans le monde, qui fournit des composants informatiques à Apple, Microsoft, Samsung et Sony, a annoncé, ce lundi, sa participation à la présidentielle de 2024 en tant que candidat « indépendant ». En considérant qu'en mai dernier, il avait vainement tenté de remporter l'investiture du Kuomintang mais que celui-ci lui avait préféré le maire de New Taipei City, une municipalité non loin de la capitale et que quatre années auparavant, il avait quitté son poste de chef d'entreprise pour participer, pour la première fois, mais sans succès, à la primaire du parti, c'est donc la troisième fois que Terry Gou, l'homme d'affaires dont la fortune est estimée à 7 milliards de dollars par le Bloomberg Billionaire Index, se lance dans l'aventure présidentielle. Voulant se montrer plus ferme mais plus prudent que la présidente Tsai Ing-wen , Terry Gou a assuré qu'il « ne laisserait jamais Taïwan devenir la prochaine Ukraine » et a promis « d'apporter la paix dans le détroit de Taïwan pour les cinquante prochaines années et d'instaurer les plus profonds fondements de confiance mutuelle entre les deux parties ». S'il parvient, donc, à obtenir, d'ici Janvier 2024, les 290.000 signatures requises pour son éligibilité, Terry Gou sera un prétendant de plus au poste que la présidente sortante Tsai Ing-wen va devoir quitter car elle ne peut pas briguer un troisième mandat. Il aura face à lui, Lai Ching-ti, le candidat du Parti démocrate progressiste (PDP) qui, en se voulant être le champion de la souveraineté nationale, avait surfé, durant quatre mandats successifs, sur une ligne dure concernant la menace chinoise, Hou Yu-ih, le candidat du Kuomitang qui, par prudence, adopte une ligne plus conciliante avec Pékin contrairement au PDP, ouvertement anti-chinois et, enfin, Ko Wen-je, l'ancien maire de Taipeh, 64 ans, un charismatique outsider qui, en reprochant, aux autres partis, de s'être tellement focalisé sur la question chinoise qu'ils en sont venus à délaisser les questions de politique intérieure, prône une troisième voie empreinte de justice en matière d'accès au logement et de lutte contre la corruption. Au vu des tensions avec Pékin, en ce moment où Taïwan ne veut ni se plier aux injonctions chinoises ni la guerre, les candidats aux élections présidentielles taïwanaises de Janvier prochain sont appelés à exécuter un parfait numéro d'équilibriste entre d'un côté la fermeté et la prudence face aux intimidations de l'Empire du milieu et, de l'autre, les préoccupations locales et les enjeux internationaux. Lequel d'entre eux parviendra à gagner la confiance des taïwanais? Attendons pour voir...